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Trump pète le feu.

Avec Donald Trump, c’est toute une image stéréotypée de l’Amérique qui disparaît, celle du bon Américain qui vole au secours du frère européen, mais qui n’oublie pas le rapport service-prix. Le champion des Républicains ressemble fort à Berlusconi. Et des Républicains sont actuellement majoritairement prêts à le présenter à la présidence des États-Unis.
En France, pays si proche de nous que l’on croit parfois que ce qui leur arrive nous arrive, le phénomène Marine Le Pen a fait du Front National quasiment le premier parti, puisqu’il ne faut pas moins de la ligue de tous les autres pour éviter qu’il ne brise le plafond de verre et entre dans les responsabilités en chef d’orchestre.
L’individualisme sorti tout droit de la compétition pour le pouvoir a donné naissance à des tribuns qui cherchent à faire plaisir aux citoyens quoi qu’il arrive, en flattant les bas instincts. Les gens aiment entendre des propos qui les réjouissent. Aussi sont-ils friands des discours qui les rassurent et quelque part les mettent en joie.
– Taïaut !... Boutons le feu !... Mettons les étrangers dehors !...
Pour une fois, Alain Gerlache a raison, sauf que la lie n’est pas que dans le fond de la bouteille
On pourra gloser à l’infini sur le poison de ce populisme là, mais il est avant tout le produit d’une réalité qui modifie les rapports entre les gens en tuant la solidarité et le consensus qui jadis accordaient le bénéfice du doute aux dirigeants « à l’ancienne ».
Quand Trump propose dans ses discours d’établir un mur entre l’Amérique et le Mexique, quand il affirme qu’une fois élu plus aucun musulman ne pourra passer la frontière, qui le croit réellement ? Personne, mais ce discours est entendu avec plaisir par beaucoup de monde. De la même manière, les diatribes de Marine Le Pen contre l’Europe et la monnaie européenne, responsables en grande partie, selon elle, de la crise profonde de son pays, ne rejoint-elle pas les partisans anglais du Brexit pour les mêmes raisons : plaisir de dénoncer un ennemi lavant de toute faute et de tout reproche les citoyens impliqués, sans réfléchir aux conséquences ?
Ces personnages médiatiques entraînant les foules et menaçant l’ancien château de cartes des partis ne sont que les effets et non les causes. C’est à la fois la propagande élevant la société de consommation à un art de vivre mieux et le résultat inverse qui perturbent aujourd’hui les populations.
La responsabilité de ce processus incombe au pouvoir politique qui a abusé et abuse encore les électeurs sur la nature de ses projets, par lâcheté et profit personnel.
Étonnons-nous après cela du succès de ces chants des sirènes de Trump à Marine Le Pen !
Le mensonge ne date pas d’hier.

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Nous subissons encore un enseignement qui sacralise la pensée grecque dans la fondation de la démocratie, faisant de cette civilisation la pionnière de la modernité.
Ne nous a-t-on pas assez rebattus les oreilles sur l’universalité de ce noyau civilisateur ?
La Grèce nous a juste donné à voir une civilisation parmi d’autres, captivante certes, mais non exempte de défauts et de singularités proprement insoutenables, comme l’esclavage ou les sacrifices humains dans les rituels religieux. L’esclavage revient avec le capitalisme triomphant. Quant aux sacrifices humains, sous prétexte de religion, Daech s’en charge.
Nos politiques depuis le siècle dernier nous beurrent la tartine sur le devenir de la démocratie, de ses difficultés à ressembler à ce qu’elle était 400 ans avant JC. Ils en ont conclu que nous ne pourrions jamais égaler ce monde disparu, mais que nous en approcherions par la douceur de nos mœurs et notre manière de vivre ensemble !
Et les voilà revenus à l’avant Pythagore, quand la cité était malade de ses inégalités, de ses parricides et de ses guerres civiles !
Quel bel exemple ils nous donnent ! N’empêche, ils poursuivent leurs leçons et nous disent les erreurs à ne pas commettre, alors qu’ils sont les coresponsables de celles que nous avons commises !
Quelque chose se passe. Le peuple retourne à l’inculture et oublie la leçon supposée édifiante de la démocratie de l’ancienne Grèce, donc n’est plus sous le poids d’un remord de n’avoir pas atteint à la perfection. Il redresse des idoles, en trouve de nouvelles et on crie au fanatisme religieux, au populisme et à tout ce qui fait grandir la plaie.
Il ne faut pas oublier que le « démos » (le peuple) a toujours été « tenu » en laisse par l’oligarchie, les aristocrates qui méprisaient les « petits ». Qu’il soit sensible aux déclarations d’amour d’une nouvelle fournée de politiques qui font mine de le tenir en haute estime, cela est vrai aussi.
Le but de Trump et de Marine Le Pen est identique à celui des majorités en cours : prendre le pouvoir. La forme en est différente, c’est tout.
Quels sont les arguments et les faits à leur opposer ?
Là est la question.

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