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Valletta for ever !

49 journalistes de 16 pays différents ont publié une enquête qui a duré 4 mois sur un paradis fiscal bien connu de l’Union Européenne, sans que cette dernière le sanctionne. Il s’agit de Malte !
Plus de 150.000 documents confidentiels révèlent les "coulisses de ce paradis fiscal méconnu" (Mediapart).
C’est, une fois de plus, l’hypocrisie au cœur des institutions européennes qui est en cause et, par-delà, toute la crédibilité de l’UE dans sa lutte contre l’évasion fiscale, volet indispensable à une politique plus sociale à l’ensemble des pays, puisque cette fuite des capitaux empêche une action déterminée dans la lutte contre la pauvreté.
Quand on pense que c’est la maffia de ce pays qui préside jusqu’au 30 juin le bidule bruxellois ! JC Juncker n’en est pas plus ému pour autant, puisqu’il est en pays de connaissance lui qui fut avant son poste à l’Europe, le grand maître de l’organisation de l’invasion fiscale atterrissant au Luxembourg.
Mediapart nous explique comment les 430.000 Maltais privent les autres pays de 2 milliards d'euros de recettes fiscales par an, par la gestion de 53.247 sociétés immatriculées sur l’île ! Huit Maltais par société, vieillards et nouveaux nés compris, Trump est dépassé question business. Il devrait rêver d’avoir une famille pareille.
Pas gêné du tout, de grands groupes français, allemands et même belges jurent sans rire que la maison mère à Malte est au cœur de son entreprise. Bouygues y pantoufle. Depuis son QG de La Valette, haut lieu de sa stratégie, il a soumissionné pour la construction du mur entre le Mexique et les USA. Total y gère ses pipelines. BASF y expérimente sa poudre de perlimpinpin fabriquée en Allemagne. Ikea y surveille de près la pousse de ses sapins en Norvège, tandis que "Reyl et JP Morgan" y entreposent leurs lingots.
Tout ça sous l’œil attendri du parlement de Strasbourg qui, si l’on en croit les parlementaires du Front National, n’y siègent que pour assurer leur matérielle, le vrai travail se fait ailleurs dans les partis, dont certains antieuropéens.
Vu sous l’angle du gaspi et du « je m’enfoutisme », l’Europe, c’est un must pas perdu pour tout le monde.

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Malte aurait ainsi une des plus grandes flottes marchandes et de loisir au monde. Tous les capitaines d’industrie jouent à l’amiral d’opérette. C’est à qui aura son plus beau bateau, le plus gros, le plus cher. Toute la flotte de plaisance d’Europe est immatriculée à Malte, bien entendu. Ce beau pays ne considère pas un Bénéteau « Monte Carlo » de 10 millions de $ comme du luxe. Il sera taxé pour le principe comme un sardinier à la veille de rendre l’âme. Quant aux propriétaires de ces merveilles des mers, tous étrangers, Russie, Emirats, Europe, USA, battre pavillon maltais coûte à peine une caisse de cigares importée de la Havane.
Dans le cadre des festivités économiques mondiales, cela s’appelle avoir une fiscalité attractive. Quant aux charges sociales, c’est risible, les mousses et cuisiniers indous ou indonésiens vivent de peu, travaillent beaucoup et ne coûtent en charges sociales que la taxe d’une « berlingo » Citroën au Luxembourg.
Il est tellement peu répertorié qu’il arrive qu’on perde un matelot en mer sans qu’on s’en aperçoive !
L’aventure en mer et la rude vie de marin ont séduit JC Decaux, Maurice Ricci (Akka Technologies), Xavier Niel (Iliad-Free), Hubert Martigny (cofondateur d'Altran), Olivier Bertrand (groupe Bertrand) ou Stéphane Courbit (Lov Group).
Selon le Spiegel, plusieurs groupes allemands détiendraient des sociétés immatriculées à Malte, comme BMW, BASF, Deutsche Bank, Puma, Merck, Bosch ou Rheinmetall. Le géant aérien Lufthansa possède "18 filiales à Malte", selon l'hebdomadaire allemand, qui écrit que l'entreprise y a installé sa "caisse de retraite".
Quand on revient un peu en arrière, l’Europe s’était faite la défenderesse de toutes les vertus et allait détruire par de nouvelles dispositions tous les paradis fiscaux. Michel-le-vieux avant de céder son fonds de commerce à Charles Michel junior en rougeoyait du pif rien que d’y penser, aider quand même par le Gevrey-Chambertin. Les écolos affûtaient leurs lames de combat, tandis que Joëlle Milquet ne céderait son cosy-corner de direction à Benoît Lutgen que s’il promettait de finir le travail de l’Amazone.
En 2017, on voit où l’on en est : nulle part !
Et on s’étonne que le bon peuple découpe des cartons pour écrire dessus au feutre « dégage » !

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