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Une combine planétaire.

Assez curieusement, ces chroniques, plus souvent régionales qu’autre chose, sont lues à l’étranger, dans des pays où l’on sait à peine situer la Belgique, ce modeste oignon dans le pied de l’Europe.
Ce qui attire l’attention tient à la bizarrerie de notre système politique, dans sa complexité et son côté ubuesque, à l’extrême fragilité d’un embrouillamini dit démocratique qui est perçu de manière contrastée dans les pays de culture occidentale.
La démocratie n’est pas menacée par un quelconque ennemi, fût-il aussi déterminé que Daech, la démocratie n’est menacée que par elle-même !
Tous les pays qui utilisent ce mode de gouvernement en sont au même point. Ils ont en main un outil qu’ils ont cru amener à la perfection après des générations de mise au point, puis l’inventivité fait défaut et on ne sait plus qu’en faire !
C’est comme si Cro-Magnon se trouvait devant un tire-bouchon.
Nous avons cru que hiérarchiser à outrance allait nous donner des structures solides et respectées, c’est le contraire qui se produit. Nous n’avons fait que libérer des égos dont le seul plaisir est l’affrontement.
Quand conviendra-t-on que l’économie et son mode de fonctionnement ne sont compatibles avec la démocratie que par la confusion entre la liberté de l’homme et la liberté d’entreprendre. Toute approche insight par la philosophie de cette confusion entre la politique et l’argent est impossible.
Pour satisfaire les élites et leur procurer des lieux où elles pourraient se distinguer, nous avons multiplié des organisations pyramidales de pouvoirs, sans commune mesure avec des normes salariales de base. Le résultat tient dans la création factice et non productive d’une classe sociale supérieure qui parasite les classes inférieures. Pour se justifier, elle multiplie les difficultés de tous ordres et nous lui devons cet invraisemblable pays à cinq gouvernements et neuf provinces, si petit que sur un escabeau au Mont-des-Arts à Bruxelles, on pourrait voir Ostende et Arlon et que nous appelons Belgique.

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Cette monstruosité a gardé le pittoresque ou si l’on veut, un surréalisme qui fascine l’étranger et l’inquiète à la fois, parce que nos démons, grandeur nature, existent aussi ailleurs. Ils n’attendent que l’occasion de d’imiter nos géants de carton que nous exhibons à nos kermesses.
Ils ne veulent pas nous ressembler et pourtant…
Car nous avons en commun avec les démocraties voisines ou lointaines, un poison qui tient en nos systèmes d’éducation.
Les valeurs sont les mêmes partout et les programmes d’une grande similitude.
Nous ne formons plus des êtres pensants à l’esprit critique, mais à l’esprit compétitif et productif. En plus, nous avons doté nos petits monstres en devenir d’un sésame sous forme de diplôme qui les dispense de prouver qu’ils sont intelligents. Ce papier signé et estampillé des meilleures universités, les place automatiquement dans la hiérarchie sociale d’où ne sortiront que quelques individus remarquables, le reste se contentera de dévorer les budgets qui ruinent l’esprit de justice et le sens de l’égalité entre les hommes.
Ils agissent à l’aveugle, comme de petits carnassiers protégés par le statut de leur mère tigresse. Ils prélèvent les bons morceaux, puis vont digérer ailleurs. Le personnel d’entretien n’a plus qu’à nettoyer les lieux pour les prochaines agapes.
Les motifs ne manquent pas à cette crucifixion du commun au seul bénéfice de l’élite. Au palmarès de celle-ci citons le progrès des sciences, la formation des jeunes intelligences pour un futur raisonné, la connaissance comme vecteur d’une nouvelle société, etc.
Et que voit-on ? Quel est le résultat de l’agitation frénétique ? Un monde productiviste aux mérites et aux efforts inégalement récompensés, une démocratie qui va se crasher sur le mur qu’ont bâti ses élites, une planète malade peuplée d’humains déjantés, etc.
Si c’est cela le résultat acquis de nos universités, c’est un échec ! Permettez-moi d’être inquiet pour la démocratie.
Les sursalaires sont conçus en prévision d’un affrontement un jour prochain entre les plus riches et les plus pauvres, par la constitution d’une armée de convaincus prête à en découdre pour l’immuabilité du système !
Et là nous touchons au drame mondial. En éloignant trop les gens du pouvoir, qu’il soit politique ou économique, les démocraties ont commis l’erreur de croire que l’intelligence de l’élite est supérieure à l’intelligence de la masse.
Or, tout être doué d’une quelconque réflexion, de tout bord et de toute origine, sait que c’est faux. Les rois passent avec les révolutions, mais c’est le peuple qui finit par avoir raison.
C’est une leçon universelle que les lecteurs de ces chroniques savent depuis longtemps.

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