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L’anse du panier.

Le récent avatar de BNP-Paribas condamné à verser quelques milliards d’amende à la « vertueuse » Amérique, me plonge dans des interrogations sans réponse.
La banque BNP-Paribas est condamnée à payer 9 milliards de dollars pour avoir violé l’embargo décrété par les USA à l’encontre de plusieurs pays !
Des sociétés de droit étrangères aux States peuvent donc être prises en infraction des lois américaines et condamnées à l’amende !
Bizarre, non ?
Le comble, ces banques paient toutes sans rechigner !
Il doit exister de formidables moyens de pression pour qu’on admette en Europe l'extraterritorialité de la législation américaine !
Résignée, l’Union Européenne a admis que les USA utilisent leurs lois internes pour sanctionner toute entreprise étrangère qui pourraient nuire à leurs intérêts !
Deux parlementaires français ont rédigé un rapport rendu public. C’est édifiant ! "Si une entreprise a un demi-doigt de pied aux Etats-Unis, ceux-ci considèrent qu'elle est soumise à la justice américaine". ( Karine Berger)
Les sanctions peuvent viser des faits de corruption, de blanchiment, de fraude fiscale ou financière, de non respect des règles de concurrence ou environnementales, etc...
Des dizaines d’entreprises européennes alimentent ainsi le Trésor public américain, c’est tout profit pour le contribuable US, mais hautement préjudiciable à tout qui ne relève pas de ce pays.
Cette pêche miraculeuse est organisée par le FBI qui utilise 800 agents sur le territoire américain, en plus des fonctionnaires du ministère de la justice. Ces agents traitent des données sur les réseaux sociaux et sont épaulés par d'autres agents de renseignement. Dans l’affaire Alstom, ce serait la NSA qui aurait fourni un tuyau au FBI, à partir d'une conversation interne au groupe.
La sévérité du système judiciaire américain n’explique pas tout. Les entreprises européennes sont lourdement sanctionnées, dans le temps que des entreprises chinoises sont laissées tranquilles, pour les mêmes faits !

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Au fil des années, les banques européennes ont versé plusieurs dizaines de milliards de dollars au Trésor américain. Le prélèvement sur les économies européennes est significatif et disproportionné.
On ne comprend pas pourquoi des entreprises non-américaines sont sanctionnées pour des faits de corruption "au bénéfice d’officiels non-américains pour obtenir des contrats sur un sol non-américain". Les autorités américaines interdisent à des banques non-américaines d’opérer certaines transactions financières avec des entités ou des pays également étrangers !
Voilà qui m’a tout l’air d’une bagarre de crabes dans un panier tenu par Monsieur Dollar.
On a trop tendance à se lamenter sur nos difficultés à rembourser notre dette. Au lieu de se transformer en huissiers pour faire rendre gorge aux citoyens ordinaires, nos ministres seraient bien avisés d’expliquer pourquoi un impôt mondial des USA est à l’origine de toute opération bancaire libellée en dollars et que ces amendes ne sont que les effets d’une compensation effectuée sur le sol américain !
Avec la complicité passive de nos gouvernements, le système capitaliste est conçu en sorte que tous les états paient une dîme à la plus puissante économie mondiale.
Après ça, Borsu peut repasser avec son couplet de la libre entreprise !
« Cette instrumentalisation du droit est parfaitement pensée, aux fins de valoriser la puissance économique américaine : les groupes étrangers sont coincés, car aucune grande entreprise ne peut se permettre de renoncer au marché des Etats-Unis. Ce système est nourri par le Congrès et par la technostructure (administrations compétentes, organismes de régulation, procureurs…), sans que l’exécutif puisse en freiner les abus. » (Le Nouvel Obs.)
Se faire avoir par plus fort que soi est, au fond, le secret de la réussite du fric roi et comme l’État qui rackette, n’est pas la Corée du Nord, tout le monde ferme sa gueule. Le pire, c’est que "Les normes juridiques qui se diffusent mondialement ne sont pas seulement le fait des États mais aussi des grandes entreprises." (Le Nouvel Obs.)
L’UE, devant cette attaque frontale du grand prédateur contre les petits, est quasiment muette. Son joker, JC. Juncker, président de la Commission Européenne, dans son numéro habituel, plaisante, mais ne fait rien. Il faut croire qu’il y a tout un rayon de dossiers sur lui au FBI. Marqué à la culotte, il fait profil bas.
La gauche est trop passive avec le pouvoir. Si c’est légitime de parler des casseroles que traînent pas mal de mandatés du peuple en Belgique et ailleurs, c’est dommage de rater l’occasion de montrer les grands défauts du système des libéraux. On touche au plus grave d’une escroquerie si énorme, qu’elle en devient invisible !
Les milliards que prélève l’Amérique sont le fruit de notre travail ! Il n’est pas normal que l’on vive mieux à New-York ou en Floride, grâce à nous. Au départ, leur niveau de vie était déjà incomparable au nôtre.
Cette bataille entre requins, c’est un peu équilibrée depuis que la Commission européenne a sanctionné Apple de plus de 13 milliards. Après dix ans de renoncement, c’est un bon début. Sauf qu’Apple n’est pas disposé à payer. Au mieux, la procédure pourrait durer longtemps. Encore un handicap, la procédure américaine est bien plus expéditive.
Nous sommes parmi les américanolâtres les plus fervents en Europe, le camp belge est sans juriste et sans moyen de rendre la pareille aux USA. Michel est à genoux devant Trump !
Notre gouvernement fait des coupes sombres parmi les fonctionnaires spécialisés dans la traque des arnaques internationales. Il ne voit que les petits fraudeurs et laisse filer les gros. Les Américains nous paraissent agressifs, parce que nous ne faisons pas grand-chose pour la traque des voyous de la grande finance. Des faits de corruption seraient plutôt des signes de bonne santé des affaires. Il suffit de voir la liste des nos médaillés méritants, pour s’apercevoir que de Reynders aux Michel, ils ont décoré pas mal de voyous de haut vol.
Alors, vous pensez, les cousins d’Amérique…

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