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C’est ça, Caracas-toi !

On assiste à une offensive en règle des médias contre le Régime de Nicolas Maduro au Venezuela, malgré les dernières élections en sa faveur. Il est vrai que ça chauffe dans les rues de Caracas, déjà 120 morts.
Évidemment, cela se passe en Amérique du Sud, pays à sang chaud, l’arrière-cour des États-Unis. Bush, en 2002, y avait orchestré un coup d’État contre Chávez, qui avait tourné court. Trump semblerait reprendre le flambeau et défendre les intérêts américains.
L’astuce de nos « grandes voix » est de lier le régime socialiste de Maduro à la politique en France de Jean-Luc Mélenchon, puisque ce dernier n’a jamais caché ses sympathies pour les régimes sud-américains de gauche.
Le raisonnement est simple et efficace « Voyez ce que soutien Mélenchon. Voudriez-vous une guerre civile comme celle qui se déroule au Venezuela ? ». Évidemment, personne n’en veut. L’objectif est atteint. L’assimilation lie donc La France Insoumise au chavisme.
Par leur passivité, les gens consolident les acquis de la classe possédante à leur détriment.
Voulez-vous un aperçu de ce qui se fait de mieux en matière de propagande ? Voici ce que Eric Le Boucher écrit sur Slate magazine « Maduro est à Mélenchon ce que l’euro est à Le Pen. Un plafond de verre. L’impossibilité de gagner. La preuve in vivo d’un programme idiot. »
L’assimilation est merveilleuse. Faire payer les riches pour adoucir le sort des pauvres, de Mélenchon, et la fermeture des frontières avec l’abandon de l’euro, de Marine Le Pen, ce serait du pareil au même ! Ne vous y laissez pas prendre, c’est un truc du pouvoir pour faire d’une pierre, deux coups !
Mélanger les extrêmes, quel merveilleux moyen pour gouverner par le centre ! Or, on le constate tous les jours, le centre c’est un autre extrémisme, celui de l’aveuglement d’un système économique à bout de souffle, avec aussi ses extrêmement riches, une autre forme de dépravation. Charles Michel en est le défenseur et sa caution en démocratie.
Peut-être bien que le chavisme va s’effondrer. Le tout est de savoir comment la droite et la CIA vont s’y prendre.

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Maduro, successeur de Chávez, n’est pas sans défaut. Son principal adversaire reste l’économie mondialisée, acharnée à sa perte. La chute du prix du baril de pétrole (le Venezuela en regorge) coïncide avec la guerre des grandes compagnies pétrolières qui n’ont pas modernisé le matériel des puits et de raffinage, suite à certaines nationalisations.
Est-ce que vous imaginez le jeu de domino qui s’en suivrait et l’écroulement de l’économie capitaliste, si une société socialiste venait à victorieusement résister aux règles du commerce ? L’histoire de Cuba est édifiante à ce propos.
Une technique éprouvée pour calmer les ardeurs d’un régime socialiste à nationaliser une partie de l’industrie consiste à affamer les populations. Vous avez constaté dans vos journaux télévisés, combien les rayons des supermarchés de Caracas sont vides. Il suffit aux multinationales de ralentir l’approvisionnement des villes pour amorcer un début de mécontentement parmi les propres soutiens du régime socialiste.
Cette agressivité de la finance ne se peut combattre à l’échelon d’un pays.
Dans notre pays miniature, même à 51 % d’électeurs favorables au PTB en Wallonie, ce parti n’aurait aucune chance de durer plus de six mois à l’Élysette de Namur. Le changement du système économique ne peut se jouer qu’à l’échelle de l’Europe.
On ne casse pas les dominations financières et on ne réduit pas le pouvoir des actionnaires dans un ou deux parlements, sur une communauté qui en compte 27, sans courir à la catastrophe comme au Venezuela.
On voit bien que de Mélenchon à Hedebouw, la gauche à encore du travail à faire pour convaincre en-dehors de la francophonie. Faire comprendre aux gens que le système économique actuel est à bout d’innovation, par une pédagogie accessible et en montrant l’exemple, c’est ce qui est entrepris actuellement avec un succès certains par ces partis. Le système ne pourra qu’adoucir son obsession des sacrifices nécessaires au prorata des progrès politique de cette nouvelle opposition. Et c’est tant mieux.
Contre l’opinion bien pensante, je tire mon chapeau à Maduro, le successeur de Chávez. Ses jours sont comptés. Il aura fait ce qu’il a pu. Seul, il ne pouvait pas vaincre l’hydre capitaliste.

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