« Gardez la main au portefeuille | Accueil | C’est ça, Caracas-toi ! »

La double imprudence.

Ils sont forts en psychologie des foules à Sudpresse.
Mais, peut-être pas si doués. C’est toujours la même chanson, à force de prendre les gens pour des imbéciles, on baisse la garde et on est de la revue bien profond…
On en a encore la preuve dans le dernier numéro de La Meuse à propos de la baraque à 800 tickets que Borsu vient de se farcir.
Dans le titre du célébrissime quotidien liégeois, il y a d’abord le mot « jalousie ». Tout le monde en est conscient, s’étonner qu’en milieu de carrière un parlementaire wallon puisse acheter et entretenir une pareille demeure, c’est de la jalousie.
Ainsi, à la lecture de cette chronique, le lecteur déduirait que je sois jaloux. Eh bien ! qu’on se détrompe. Pas de passion narcissique dans laquelle je me serais investi.
Il y a une lacune dans la description et l'achat du « château » au centre de la discussion et au centre de Marche-en-Famenne, le journal est muet sur l’origine des fonds de cette grosse dépense.
C’est ce qui s’appelle une information volontairement tronquée.
Qui nous dit que le ministre-président n’avait pas un petit matelas de côté, poire pour la soif, héritage, une partenaire sur le banc de nage, comme on dit dans la marine, et qui souquait en couple à l’aviron ? Il se pourrait même que sur sa bonne mine et les espérances qu’une position (maintenant on dit profession) à l’Élysette, étaient des garanties suffisantes pour un prêt à intérêt modéré. Les notaires flanquent un métallo à la porte qui voudrait acheter une piaule à 80 mille, parce qu’il n’a pas un rond de côté, mais déroulent le tapis rouge pour une éminence dont ils ne savent rien de son compte en banque. En quoi cela nous regarde ?
Et voilà que Sudpresse nous y fait penser !
Y a-t-on réfléchi à la rédaction ?
Et pourquoi devrait-on jalouser le caprice du nouveau châtelain, dans une sorte de bave des trottoirs, qui saisit tous les gueux incapables et inutiles de ce royaume ?
Est-ce que La Meuse ne serait pas en train de cacher sous l’étiquette de la jalousie quelques lourds passe-droits, d’infinies et subtiles combines ? Que la rue du château de Borsu s’appelât rue de Luxembourg, ouvre bien des suppositions hasardeuses. Je ne m’y aventurerais pas !
Je me demande si le fait d’appeler une maison de coin de rue, un manoir, n’est pas une psychologie de comptoir ? Le journal prendrait les devants et couperait court à toute exagération… les ficelles du métier !

1kfmardcg2.jpg

L’expression « faire jaser dans les chaumières » est riche de sous-entendus. Elle était employée dans les salons du Second Empire. Les moins bien logés critiquaient les mieux logés, dans des crises de jalousie. Elle désignait de bucoliques manoirs au fond des bois. Georges Sand, depuis la fenêtre de l’un d’entre eux, admirait « La mare au diable ».
Hélas ! la culture a fichu le camp, l’expression moderne désigne bien le taudis que la houillère mettait à la disposition des mineurs. Il en reste quelques spécimens améliorés dans le bas de Montegnée.
Une chose à retenir, à quoi voit-on que le travail des « élites » est hors-salaire, c’est-à-dire a quelque chose d’immérité ?
Par trois choses, la bagnole, le costard, la maison et/ou la résidence secondaire.
C’est difficile de passer pour quelqu’un d’honnête quand on roule dans une caisse de 50 mille €, et encore à ce prix c’est du bas de gamme, qu’on s’habille en Dior ou Arnys et qu’on se loge en manoir avec parc et dépendance !
On l’admet en rechignant, c’est le triomphe de l’arnaque, du blé facile et de l’art de se tirer d’affaire tout seul en foutant beaucoup de monde dans la merde (belle définition du capitalisme). On trouve ça normal au MR. Gros-Loulou jure qu’il n’est pas assez payé.
Il est difficile de passer pour un honnête homme, quand le péché mignon de nos illustres tient à l’ostentation et au m’as-tu-vu.
C’est plus fort qu’eux. Ils se démasquent tous seuls.
Que Cruck ait une piaule à 500 mille € et l’autre une à 800 mille €, est-ce là leur rivalité ? Je ne le pense pas. On s’habitue vite à trouver tout normal et mérité. On trouve pratique que la misère des petites gens permette d’avoir des domestiques à bon compte.
La rivalité ne tient pas à l’argent, mais à la prétention d’avoir le grade supérieur à l’autre.
Les rois et les barons, dans le temps, coupaient court à tout. Ils envoyaient un grand coup de pied au derrière des récalcitrants. Nos drôles n’en sont plus là. Ils se contentent de saler l’ardoise. Ce n’est pas Borsu qui paie son manoir, c’est vous et moi.
Vous bossez dur à 12 € de l’heure, eux foutent pas grand-chose à 12 € la minute. Et encore, au rayon du dessus, certains palpent ça à la seconde !
La démocratie, vue de leur ciel de lit, vit dans de beaux draps de soie. C’est pour beaucoup une consolation.
Ceci dit, que puis-je faire ? Détraquer l’horloges-pointeuse de nos conditionnements ?

Poster un commentaire