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Flandre : 100 ans d’indépendance !

Ceux qui ont de la mémoire pour nous feignent de ne pas s’en souvenir. Ainsi, libres des anciennes aigreurs et des dissonances avec les Flamands, nous ne leur tenons pas rigueur de ce que nous ne savons plus.
Entendons-nous bien, comme il y avait un quarteron de rexistes en Wallonie encadré par quelques gestapistes notoires, le mème (1) germanique qui sommeillait dans l’âme flamande creusa un plus profond sillon encore dans la Flandre éternelle.
C’était de la « drôle de guerre » à 1945, période révolue laissant le temps aux nostalgiques plus actifs en Flandre, à perpétuer la mémoire et ranimer la flamme de l’SS inconnu.
Cette mémoire défaillante aux neurones oublieux couvrait environ sept ans, de 38 à 45.
Et c’est là qu’en fouillant plus avant, on se prend à rêver que cette histoire de collabos du Sud, aux collabos du Nord n’était que le feuillage du camouflage de plus vieux panzers, jusqu’à remonter à la Grosse Bertha !
C’est alors que l’on comprend mieux les nouveaux casques à pointe dans les casernes N-VA et Vlaams Belang, deux formations rivales, mais pas tant que ça aux souvenirs magiques et aux borborygmes enregistrés de l’idole absolue. Jusqu’à trouver à Theo Francken les racines de la détestation primale des troupes coloniales des tranchées de 1916, aux gonflables d’aujourd’hui perdus en Méditerranée.
Le saviez-vous, la Flandre décrétait son indépendance le 21 janvier 1918, cent ans jour pour jour de l’État Fédéral aux cinq gouvernements, du compassé Charles Michel !
Oui, les Flamands visionnaires, cent ans avant l’élan catalan de Puigdemont, avaient rompu, croyaient-ils, avec la belgitude et l’assemblage baroque de 1831.
L’époque était critique. On oublie trop souvent qu’en janvier 1918, les Allemands semblaient avoir gagné la guerre ! La Belgique se trouvait alors en zone occupée. Les Kommandanturs arboraient le fanion de Guillaume II. Les Uhlans violaient femmes et enfants, la rue des Pitteurs était incendiée à Liège en Outremeuse, tandis que du côté germanique on portait le schnaps aux lèvres, à la santé de l’empereur.
Vous ne me croyez pas ? Passez donc par le site vrtnws, dans lequel l’historien Bruno Yammine nous explique tout ça.
Déjà, le 2 septembre 1914, Berlin annonce son soutien au Mouvement flamand.
Le 16 décembre, les instructions sont élargies : l’Allemagne est désormais "le fidèle ami et protecteur" des Flamands.
Bémol des « Jungend werde hard », le résultat escompté n’est pas au rendez-vous. Les enthousiasmes se font attendre. La jeunesse, culotte de cuir et drapeaux volant au vent, processionne devant un maigre public. Le Mouvement flamand ne semblant pas être aussi anti-belge que prévu, les Allemands décident alors de changer de stratégie, en convaincant les Flamingants qu’en cas de défaite de l’Allemagne, les Belges francophones feraient disparaître le néerlandais du pays.

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La suite se lit comme un roman dans « Daardaar » qui relaie Bruno Yammine.
« La propagande allemande parvient ainsi à créer de petites cellules "activistes" dans quelques villes. Face à ces "activistes" ayant opté pour une collaboration avec l’Allemagne, se forment des groupes de flamingants "passifs", refusant de s’allier à Berlin.
» En 1915, l’Allemagne annonce la réouverture de l’Université de Gand. Contrairement à avant, les cours seraient désormais donnés en néerlandais, une exigence émise de longue date par les plus fervents flamingants.
» Le 21 mars 1917, les Allemands vont encore plus loin en annonçant une scission des pouvoirs en Belgique. Le pays est en conséquence séparé en une partie flamande et une partie wallonne. Pour diriger la partie flamande… "le Conseil de Flandre". Ce dernier s’exprimera désormais "au nom du peuple flamand". L’Allemagne parvient ainsi à appliquer son principe d’"autodétermination des petits peuples".
»Alors que la population est de plus en plus divisée sur la collaboration avec les Allemands, le Conseil de Flandre décrète l’indépendance flamande, lors d’une séance secrète tenue le 22 décembre 1917. La décision est prise sous la gestion du gouvernement-général allemand à Bruxelles. »
Même si la suite tourne à la confusion des séparatistes, il n’en demeure pas moins que le Conseil de Flandre a bel et bien existé et fait ce que Puigdemont a bien difficile à faire admettre à Madrid.
MM. des partis flamands activistes n’ont donc même pas à manœuvrer, filouter, biaiser, tergiverser avec Charles Michel, puisque c’est fait !
Si un vent électoral favorable gonflait les drapeaux au Lion triomphant, il n’y aurait qu’à sortir les vieux parchemins, datés, paraphés, cachetés à la cire d’abeille de Campine et le tour serait joué.
Charles Michel passerait pour le plus grand cocu de l’histoire politique belge, à part cela, la Fédération aurait vécu, ce qui n’empêcherait pas Carrefour de fermer des grandes surfaces.
On ferait la fête à Gand. À l’Élysette de Namur, Borsus, opportuniste en bon MR, lancerait un festival de la bière allemande et se déguiserait en tyrolien pour servir Bart à table.
Une fois de plus, les gazettes remettraient leur pendule à l’heure des polders, qu’elles n’avaient jamais perdus de vue.
Le roi… Quoi le roi ? La Flandre ayant pris le contrôle économique du pays englobant le politique, c’est en flamand que Reynders interviendrait à l’Europe. Richard III serait censuré, même en espéranto. Christine Defraigne soumettrait la proposition au conseil communal de Liège, de rebaptiser la Place Saint-Lambert, place Theo Francken. La Wallonie deviendrait ce que ses dirigeants actuels rêvent qu’elle devienne : une succursale flamande de croissance et d’industrialisation accélérée.
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1. Mème : de l’anglais « meme », élément culturel, imitation du comportement d’un individu par d’autres individus.

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