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Derniers échos de Davos.

Les grandes puissances économiques semblent renouer avec la croissance. Les riches sont aux anges. Les cartomanciennes tirent de bonnes cartes. Hedebouw le valet de pique est retenu par Chastel, roi de cœur. Le krach financier, que l’on a cru possible au début de la semaine passée, semble une fausse alerte. Donald Trump impose à l’Amérique, sa recette de gros lourd à la mâchoire carrée qui dit à la télé « vous êtes viré », puis s’en va faire une partie de golf en emportant la mise. Le cours des actions des sociétés s’envole en bourse (voilà qu’il redescend en février, mais ce n’est pas grave). Tout le monde s’enrichit, soit 5 % de la population en réalité. Que voulez-vous savoir de plus ?
Le Forum économique mondial de Davos a été une réussite totale. Les décors étaient merveilleux. Les compagnes des milliardaires resplendissaient sous les onguents et les parfums. L’euphorie fut gâchée, quelques brefs instants, par un aigri qui stresse tout le monde. Hawkins ne suggère-t-il pas de peupler une autre planète tant qu’il est encore temps, mais il faut faire vite !
Le décès de quelques milliardaires, aussitôt remplacés par leurs ayant-droits, laissait planer sur Davos l’idée accablante que l’argent qui coule dans les veines de ces chançards est incapable de transformer leurs artères façon tuyau de pipe, en caoutchouc Goodyear.
Beaucoup de choses ne vont pas. C’est au point que Charles Michel, à peine revenu et encore en escarpins, a tenu à nous faire part de son immense satisfaction. Du MR, c’est lui qui masque le mieux son inquiétude. Ainsi persuadés que les jours futurs seront meilleurs, les fans MR ont commandé daredare les poster disponibles. La famille Michel jouant au ping-pong connaît toujours un franc succès.
Pourtant, la liste des ennuis s’allonge comme le menton d’un Anglais, déjà en galoche, qui lui tombe sur les genoux : changement climatique, guerres, pauvreté et inégalités, troubles sociaux, terrorisme, cyber attaques, dirigeants politiques pas à la hauteur, etc.
À contempler ce petit monde de fêtards, j’étais à deux doigts de m’assoupir lorsque je fus – l’oserai-je à peine écrire – tiré de mon début de somnolence par une violente érection à la vue de Theresa May ! Un cinéaste avait eu l’idée de montrer le beau monde en flash-back.
C’est inexplicable, cette femme de 64 ans est mille fois plus bancable que Sharon Stone, 60 ans ! Elle fait sur moi l’attrait d’un effet de commerce réescomptable par un établissement financier auprès d'une banque centrale, ce qui a pour effet de réduire le risque de lui faire l’amour sans préservatif, en pleine chambre des Lords !

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Cette femme sait que le Brexit viendra mettre un terme à la croissance en Grande Bretagne, alors que nous ne savons ni quand, ni comment, notre tour viendra.
À côté d’elle, le patron de Google et Jack Ma, patron-fondateur d’Ali-Baba, semblaient avoir besoin de l’intelligence artificielle du robot le plus en pointe, pour sortir de leur hébétude, fortement imprégnée de Don Pérignon.
La bataille d’ego entre milliardaires est un choc fascinant pour les milliards de cinéphiles, dont je fais partie, qui voient le réel dans la science fiction. L’un d’entre eux, le géant Soros n’a-t-il pas qualifié les autres milliardaires de menaces contre l’humanité ?
Ses vociférations se perdirent dans l’atmosphère délétère sur l’ordre express des Agences de presse, toutes d’accord à mettre ses propos sous l’emprise de l’alcool.
Mon violent désir de Theresa May m’avait laissé le seul lucide de la Belgique devant la télé. Elle semblait ne s’adresser qu’à moi dans son anglais d’Oxford. Ce qui aurait fini par me faire exploser de bonheur, quand l’accent hongrois de Soros de Philadelphie, me tira de mon rut animal.
Il disait littéralement ceci : «Les entreprises tirent leur bénéfice de l’exploitation de leur environnement. Les compagnies pétrolières et minières exploitent l’environnement physique; les réseaux sociaux exploitent l’environnement social. C’est particulièrement scandaleux parce que les réseaux sociaux ont une influence sur l’opinion publique et sur les comportements des personnes, sans même que celles-ci ne s’en rendent compte. Et les conséquences sur le fonctionnement de la démocratie sont très importantes, en particulier sur l’intégrité des élections. «
« Il n’a fallu que huit ans et demi pour que Facebook engrange un milliard d’utilisateurs et moitié moins de temps pour s’adjuger encore un nouveau milliard. À ce rythme, dans trois ans, Facebook n’aura plus personne à convertir en utilisateur. […]. Facebook et Google brassent plus de la moitié des revenus publicitaires générés sur Internet. […]. La rentabilité exceptionnelle de ces sociétés tient en grande partie au fait qu’elles n’assument pas la responsabilité du contenu publié sur leurs plateformes et qu’elles ne paient rien pour ce contenu. Elles prétendent qu’elles ne font que diffuser de l’information, mais le quasi-monopole dont elles jouissent en fait des services d’intérêt public. Or, à ce titre, elles devraient être assujetties à une réglementation plus stricte visant à préserver la concurrence, l’innovation ainsi qu’un accès universel ouvert et juste. «
«Les réseaux sociaux trompent leurs utilisateurs en manipulant leur attention et en l’orientant vers leurs propres fins commerciales. Elles conçoivent délibérément l’addiction aux services qu’elles proposent. Ce qui peut causer beaucoup de dégâts, en particulier chez les adolescents. Il se produit un phénomène tout à fait préjudiciable, peut-être même irréversible, au niveau de l’attention humaine à l’heure du numérique. Les entreprises ne se limitent pas à distraire les utilisateurs et à les rendre dépendants. Elles poussent également les personnes à renoncer à leur liberté de pensée, ce qui les rend plus enclines à être manipulées politiquement.»
Theresa May, dès le début du discours, s’était éclipsée, saisie par le besoin de changer d’air. Charles Michel serrait convulsivement la main de Didier Reynders. J’avais le sentiment que ces deux là venaient, pour la première fois, de sentir monter, en même temps, une haine commune pour un milliardaire.

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