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Du front popu au populisme.

Même Vladimir Poutine n’est plus inquiet de revoir le communisme façon Brejnev, à l’aube d’un nouveau sacre, le petit père des peuples, c’est lui. A fortiori le libéralisme exubérant de l’Europe peut dormir sur son matelas du CAC 40, l’armée rouge n’est plus qu’une chorale.
Mais les systèmes autocratiques et démocratico-économiques ont besoin d’un ennemi pour justifier leurs propres turbulences et les imputer aux autres.
Le populisme est devenu la nouvelle bête immonde du discours public. Ça tombe bien, le populisme est un tiroir. Tout le monde y fourre son linge sale.
Le pilier de bistrot qui explique en vidant son verre, que les étrangers lui ont pris son gagne-pain et jusqu’à l’envie de chercher un autre job, qu’il prononce comme Charles Michel « djob » !... c’est lui, le modèle de série du populisme. Il finit son discours par « tous pourris », c’est dire l’archétype !
Nos journalistes de proximité épinglent la FGTB et le PTB, gisements riches en populistes exploitables, cela fait plaisir à leurs patrons. Daech est remplacé, Allah ne s‘exporte plus.
Amalgamé de la gauche à la droite, le populisme réunit le pauvre, le riche et le citoyen. Admirable synthèse. Têtus, les faits désapprouvent.
Le peuple, dont tout le monde se réclame en le conspuant, serait donc tous les publics à la fois. Charles Michel peut faire de la politique par et pour le peuple et déposer des lois favorables aux riches, au grand émerveillement du MR.
Le tapis de prière de Bart fait du contre-populisme !
En somme on touche aux questions très anciennes qui concernent la démocratie. Les élus seraient mandatés par le peuple pour exercer une autorité contraire à ses intérêts ! On nous fait croire que pour le bien de tous, il faut durcir les règles du chômage et assouplir celles qui traitent du grand capital et de son impôt !
Il en découle que le peuple n’est pas vu comme une masse, mais comme une addition de membres contradictoires aux noms desquels le pouvoir mènera une politique de centre droit ou de centre gauche, en oubliant que le peuple est un tout supérieur à l’individu.
Socialisme et populisme sont identiques. Il s’agit bien de mettre en pratique un plan d’actions en forme de règlement de compte, entre des volés et des voleurs. Voilà pourquoi le PS de Di Rupo n’a plus rien à voir avec le socialisme et le populisme. Nous assistons, en fait, à la mise en bière laborieuse de la social-démocratie.
Le populisme de droite est une expression maladroite qui signifie autre chose, plutôt un anarchisme de salon, qui s’est épandu dans d’autres couches sociales. Il n’y est question que d’une lutte entre voleurs, chacun réclamant son butin au détriment des autres censés le voler.
Historiquement, le populisme moderne est plus ancien que l’on ne croit. Il apparaît dès 1848 en Europe dans un mouvement européen de grande ampleur, et en 1860 en Russie, par une organisation d’autonomie économique des villages (Narodnik).
La fondation de l’Internationale et les luttes ouvrières verront les idées populistes remplacées peu à peu par le socialisme.
Dans les années soixante, à Liège, Maryse Ockers de la Fondation Renard relançait l’autogestion, une autre forme de populisme.

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Les vieux bolchéviks frémiront de plaisir : dès la fin du XIXme sècle, les thèses de Marx et Bakounine définiront la conscience prolétarienne, d’après une vision matérialiste de l’économie et des rapports sociaux. Abandonnée après la tentative malheureuse de l’URSS, cette vision matérialiste pour les neuf milliards d’humains qu’on nous promet pour le dernier quart du XXI siècle, qu’on le veuille ou qu’on le déplore, reste la seule issue possible de partage pour éviter les guerres mondiales de l’eau potable et des ressources d’une terre surexploitée en déclin irréversible.
L’égalitarisme abstrait, qui prétend rendre tous les citoyens égaux aux yeux de la loi sans toucher aux différences sociales, par un système grossièrement repris par la notion de social-démocratie est un échec lourd. Le dernier obstacle, avant la montée des populismes, est levé. Voilà qu’en se défaisant des partis traditionnels, le vote populaire, usant du droit à la démocratie, revendique son autonomie politique de classe.
Qu’on ne s’y trompe pas, le discours officiel de Charles Michel et des autres libéraux parlent du populisme comme d’un vrai parti d’opposition. Ils exploitent en les renouvelant, les anciens slogans consacrés au communisme, sauf que le populisme est informel et sans doctrine, ce qui les désoriente et prête à la confusion des cibles, dans leurs attaques.
La politique de 2018 résulte des mouvements de fond qui ont été interprétés diversement et ont été mal compris et négligés, c’est le Printemps arabe, les mouvements “citoyens” des années 2010 : les Podemos, Syriza en Grèce, Occupy Wall Street aux États-Unis et récemment Nuit debout en France et Notre-Dame-des Landes, toujours en cours, puisque l'État français a donné fin mars, comme dernier délai à l'évacuation de la zone. Qu’importe si ces coups d’éclat disparaissent parfois aussi vite qu’ils sont venus. D’autres prendront leur place.
Le populisme de gauche est donc le camp du peuple dans toutes les acceptations du terme.
Il complète la critique marxiste de la société. Il faudra en tenir compte. Les Le Pen, Trump, Poutine, Orban ne sont pas des populistes, mais des démagogues réactionnaires qui consolident le pouvoir des classes dirigeantes, en instillant la haines des étrangers et la peur de perdre l’économie libérale qu’ils vendent comme la panacée bonne pour toujours !
La classe dominante dépossède toujours le peuple de ses prérogatives. Là où le peuple n’est rien, il veut être tout. Ce langage, l’élite doit bien le comprendre, puisque c’est le sien.
La lutte des classes populiste a donc pour but d’abolir les classes sociales, en se défaisant d’un corps parasitaire.
En dépit d’une histoire complexe et de réalisations parfois hasardeuses, ces idées sont celles qui animèrent certaines des plus grandes révoltes populaires de ces deux derniers siècles. On peut disserter longuement sur les différences – réelles – entre socialisme et populisme mais, répétons-le, l’idéal est le même. Les Le Pen, Trump, Poutine, Orban ne sont pas populistes, mais des démagogues réactionnaires qui, sous couvert de combattre la “bien-pensance humaniste”, consolident le pouvoir des classes dirigeantes contre leurs propres populations.

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