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Richelieu chouchou de Juncker.

On comprend la lassitude d’une Europe tellement différente de ce qu’on aurait voulu qu’elle soit : la mère sociale de ses enfants, alors que la droite en a fait la marâtre !
Cependant, puisqu’il faut bien y envoyer nos « surveillants » en la personne de parlementaires, on n’a rien trouvé de mieux que de la pourvoir d’une solide majorité de droite, responsable du dernier scandale qui alourdit son passif.
Répondant à la pléthore administrative, par une dose supplémentaire de népotisme, Jean-Claude Juncker a propulsé Martin Selmayr, son chef de cabinet, à la tête de l’administration européenne, sans référer à personne !
On en parle à peine dans les chaumières francophones et même nationales. Et pour cause, ce coup de menton de Juncker serait propice à un déballage qui ne serait pas à l’avantage des libéraux.
Malgré le poids du gros pognon en jeu, les langues se délient sur les conditions de l’ascension "miraculeuse" de Martin Selmayr. L’individu est un démocrate-chrétien allemand, de 47 ans, adoubé le même jour, secrétaire général adjoint de la Commission et secrétaire général, par 27 commissaires surpris de cette demande du président Juncker, mais acquiesçant, complètement vassalisés depuis longtemps pour opposer la moindre opposition à Juncker.
Je passe sur les préliminaires, sauts divers d’obstacles administratifs dont Selmayr, nanti du blanc-seing de Juncker, s’est aussitôt débarrassé.
Dans les couloirs de cette administration bruissant sur les hauteurs de Bruxelles, on se demande qui de Juncker ou Selmayr dirige la Commission ?
Tous se seraient rendormis au rond-point Schumann, comme d’habitude – le citoyen lassé de ce grand corps malade s’en fout – si le journaliste de Libération Jean Quatremer, n’avait fait du tapage dans les salles de presses et sur les antennes publiques en France.
"Il n’y a rien d’illégal, nous avons respecté les règles et leur esprit", répète le porte-parole de la Commission, tandis que la gauche, enfin ce qu’il en reste, proteste et que la droite ricane.
Les Verts sortent de leur torpeur et réclament une enquête sur la nomination. "Il n’y a que Xi Jinping qui peut se permettre une telle nomination", dit Philippe Lamberts, coprésident des Verts.

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En Belgique on connaît : tous les rouages intéressants du Royaume sont désormais flamandisés. À l’Europe, les contrôleurs de la paperasserie sont tous Allemands : le secrétaire général du Parlement, Klaus Welle, du Service européen d’action Extérieur, Helga Schmid, et maintenant de la Commission, de même que le président de la BEI Werner Hoyer. Martin Selmayr, Allemand, lui aussi, ne dépare pas la belle collection d’une droite allemande bien en place à l’Europe, pour au moins cinquante ans, dit Jean Quatremer, très remonté.
Hé oui ! à force de s’en désintéresser, les citoyens européens – même allemands – se sont tous faits avoir, par un groupe représentant des intérêts bien particuliers, celui de la haute finance dont le point central est, comme par hasard, au Luxembourg, patrie de Juncker. Le citoyen oublie dans sa désinvolture que c’est quand même lui par le biais des pays membres, qui paie grassement tout ce beau monde qui se goberge largement à ses dépens.
À remarquer que plus les administratifs sont nombreux, moins ils sont efficaces. Martin Selmayr, grand manitou de l'administration de l'exécutif européen, voilà qui complète le panel, la cerise de trop sur le gâteau, peut-être ?
Martin Selmayr, l'homme lige de Juncker, est considéré comme l'inspirateur de l'architecture de la Commission européenne mise en place sous le mandat de Juncker : les commissaires sont encadrés par des vice-présidents, ce qui permet au président et à son directeur de cabinet de se poser en arbitres et de tenir les rênes.
La succession de Juncker approche. Est-ce que Selmayr n’est pas celui qui jettera une échelle de soie depuis la tour de Bruxelles, pour que ce Gentleman cambrioleur de Juncker rempile facilement ? Cette nomination arbitraire ne serait qu’une manœuvre de précaution pour la nouvelle combine !
La procédure s'est déroulée de manière si opaque et rapide, que de nombreux européens ont été surpris. Juncker a peut-être eu tort de déranger les parlementaires européens dans leur sommeil. Comme chacun sait, l’Europe est le merveilleux jouet des partis politiques qui y envoient souvent « les méritants » dont on ne sait que faire en fin de carrière ou, selon la méthode de Benoît Lutgen, un moyen de remercier ses bons amis et serviteurs.
Il y reste encore un quarteron d’irréductibles européens convaincus et qui y croient.
Enfin, le 14 mars, les élus européens – faisant preuve d’une belle unanimité – se sont insurgés contre cette nomination.
En résumé, il y aura enquête.
Si cette enquête en Commission est du même tonneau que celle du kazakhgate en Belgique, on est à peu près certain que ces messieurs Juncker et Cie sortiront indemnes, comme Reynders et De Decker.
L’ennui, la droite européenne prend pied partout. Elle n’est démocrate qu’en apparence et une fois au pouvoir, elle a tendance à y rester par tous les moyens. L’électeur aurait tort de ne pas s’en soucier. Il est en train de se forger un avenir incertain, avec l’enthousiasme des foules de 36 qui acclamèrent Adolphe Hitler pour leur malheur et celui de toute l’Europe.

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