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Pognon, grisbi, oseille, Macron.

Je ne suis pas contre le langage des Hommes (terme d’argot qui signifie « voyou ») en politique.
Que Macron ait mis-en-scène au cours d’une soirée de travail "On met un pognon dingue et les pauvres restent pauvres" pour une grande diffusion par son service de presse, ne me gêne pas du tout.
Voilà qui rappelle « Les Tontons flingueurs » de 1963, réalisé par Georges Lautner, scénario Albert Simonin, dialogues de Michel Audiard, rien que des pointures.
Le milieu de la politique est-il si différent du milieu tout court, des petits malfrats à l’admiration des grands et les grands, partagés entre cavale et mitard ?
Car dans cette profession, le parcours est souvent presque le même pour tout le monde. On commence par se croire nanti d’une mission, puis on se retrouve nanti tout court, sans l’avoir vraiment cherché.
Ensuite on y prend goût. On ne lâche plus rien. On garde tout. On est tombé du côté des riches. On ne carbure plus à moins de cent briques. On a l’instinct de s’en mettre plein les fouilles. On passe des milieux du clandé, aux marmites qui font de l’oseille au bois de Boulogne, au dernier congrès du parti LR ou encore d’un tour de table des députés de la République en marche. Qu’est-ce qui change ?
Vous avez remarqué, le mac en politique, son truc c’est rassembler le plus d’opinions diverses possible, alors comme à la comptée, Julot ou Michel Junior, l’opinion c’est ne pas en avoir, de dire des choses dont on est sûr qu’elles vont faire le plein de satisfaits, quitte après de la ramener sur tout.
C’est un métier violent. Il y des morts. Presque toujours maquillés en suicide, alors que tout le monde sait, police et justice compris, de quoi il retourne, que c’est à coups de flingue dans le dos, de noyade dans dix centimètres d’eau et d’accidents mortels « non accidentels ».
La politique, c’est un métier artisanal qui s’apprend sur le tas.
Comme pour le grand banditisme, on finit par se retrouver hors sol, déconnecté de la réalité. On tombe généralement comme Jacques Mesrine, cerné par les « amis » de la bande, qu’on croyait « des hommes » et qui n’étaient que des flics, travaillant souvent pour leur propre compte en vue de se faire une belle petite carrière. Des exemples belges, il en pleut. Les plus connus sont les personnages des deux bandes rivales cohabitant du MR, Charles Michel et Didier Reynders, les jeunes contre les vieux. Le public adore les voir se bouffer entre eux et par-dessus tout, quand ils jouent les grandes amitiés. Il y eut aussi, dans son temps Di Rupo contre le gang des carolos, avec la montée en force du lieutenant Magnette.
Que ces personnages adoptent enfin le langage du milieu pour s’exprimer, on dirait qu’il est presque temps. On sait comment ils s’expriment en coulisse. La délicatesse n’est pas leur fort. Pour une fois que l’un d’entre eux met volontairement « pognon de dingue » dans la prise de son, ne nous en plaignons pas.
C’est une provocation calculée.

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Le grand spécialiste du genre en Belgique, c’est Bart De Wever.
Quand le type nous dit « une horreur », elle n’est pas reconnue comme telle par tout le monde. Son porte-flingue Théophile Francken en lance une par semaine. Le constat est simple, plus la société penche à droite, moins il y a de monde à penser qu’il dit une horreur.
Charles Michel s’y est mis pas plus tard qu’avant-hier, à propos de l’ «Aquarius », quand il a dit que nous n’avions pas de port en Méditerranée et que ça se saurait. Alors qu’il s’agissait du sort de six cents vingt quatre personnes, dont la plupart ont vu la mort de près.
Pour en revenir au caïd français de l’Élysée, Patrick Apel-Muller de L’Humanité y voit « comme un résumé de programme : déchirer le filet social qui a permis à 9 millions de Français de faire face à la crise et au chômage ; en faire des coupables de leur situation qu’il s’agirait de + responsabiliser + ; introduire le virus d’une généralisation de la précarité en imposant aux chômeurs et aux allocataires du RMA des mini-jobs de quelques heures ». "On peut donc cumuler les fonctions de DRH pour le Medef et de sergent recruteur pour Marine Le Pen", conclut l’éditorialiste du journal communiste. »
D’accord, Macron provoque par la diffusion d’un langage inusité dans un endroit où l’on déjeune dans de la porcelaine de Sèvres.
J’aime que l’on jette les masques et qu’on laisse à Talleyrand et à ses successeurs, tous planqués à l’Académie française, l’art de dire des horreurs mais avec des mots et des tournures de phrase tellement sophistiquées que les ploucs qui en sont victimes ne s’en aperçoivent pas.
Que Macron ne soit pas le beau jeune homme diplômé de l’ENA et d’autres lieux, ayant l’art de dire les choses avec grâce, ne change rien, mais dit tout.

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