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Marx, de Karl à Groucho…

Le 5 mai dernier, Karl Marx (1818-1883) aurait eu deux cents ans. Le 5 mai, c’était un samedi. Je faisais des courses. Se farcir un caddie de bouffes dans des emballages à la gloire de la société de consommation, comme hommage, c’est plutôt malvenu. Ce que j’en dis, c’est pour sacrifier à l’autocritique dans la dialectique marxiste. Et puis aussi, parce qu’il avait bougrement raison.
– Merde – dirait Richard Miller chargé de l’humour au sein du MR – Marx est mort !
C’est ainsi que vont les choses, quand un philosophe d’envergure claque le beignet à ses contemporains, l’opinion bourgeoise n’a plus que haine. Pour un peu, les truands du MR en rangs serrés iraient soulager leurs prostates sur sa tombe, s’ils n’avaient des calculs dans l’uretère, des hésitations d’eunuques, des velléités d’accouplement nécrophage avec le mort.
Ces enfoirés, commerçants mondialistes dans l’âme, en sont encore à tenir Marx pour le responsable de la création des Etats qui se sont réclamés de lui, mais qui ont foiré dans leur essai d’abolir le capitalisme.
Et que n’ont-ils réussi, quand on voit où le capitalisme nous mène jusqu’à vouloir détruire la planète au nom du profit !
À vrai dire, tout dans ces pays totalitaires n’était pas bon à jeter. Aujourd’hui, à Saint-Pétersbourg et je sais de quoi je parle, la plupart des pensionnés ne doivent leur survie que parce qu’ils sont encore bénéficiaires du régime des pensions du temps de Brejnev ! Les nouveaux retraités le sentent passer, le Régime libéral. Ils n’en disent pas que du bien.
Alors, hein, le triomphalisme des élites pour leur système qui n’en est pas moins une belle merde, ce n’est pas le moment. D’autant que si le monde ne se met pas à gamberger au plus vite sur autre chose, nous sommes fichus !
L’apport de Marx aux idées innovantes est indéniable. Son rôle tout le XXe siècle est capital (sans jeu de mots). Le monde actuel serait pire, s’il n’avait pas vécu et écrit et, s’en inquiétant, les capitalistes ne sont vraiment devenus obèses qu’à la chute de l’empire stalinien. Avant, ils avaient les chocottes que nous ne tournions cocos.
On constate aujourd’hui l’importance de Marx, alors que les partis de gauche s’en détournent sans état d’âme, because ratisser large dans la foule abrutie du discours libéral.
Pourtant, parmi les pépères que nous prennent de haut, les rares intellectuels intelligents (oui, c’est un paradoxe) lisent ou relisent Marx depuis la crise économique de 2008.
Warren Buffett (troisième fortune mondiale) déclarait en 2006 au New York Times : « Il est vrai qu’il y a une lutte des classes, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui fait la guerre, et nous gagnons. »

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En France les mouvements trotskistes comme le Nouveau Parti anticapitaliste ou Lutte ouvrière n’ont pas peur de s’en référer. Jean-Luc Mélenchon prononce rarement le nom de Marx, alors qu’il s’en inspire. En Belgique, Raoul Hedebouw le cite de temps à autre, mais il se retient afin d’éviter de froisser ceux qui ont un apriori. Les socialistes de Di Rupo, quand ils en parlent ont l’air de bijoutiers qui viennent de se faire braquer et qu’on interview sur le trottoir en piétinant les débris de verre de leur vitrine par terre.
Mais bon sang, Marx n’est pas un ancien dictateur qui aurait échoué et fait tuer des millions de gens, ce n’est pas Staline, c’est le philosophe d’une société égalitaire et qui n’y parviendra que si les hommes améliorent leurs qualités et luttent contre leurs défauts.
Dans le fond, ce que l’on reproche à Marx, c’est de vouloir une vertu humaniste que les actuels escrocs de l’économie ne peuvent pas concevoir. On peut se demander ce qui se passerait devant le défi écologique si l’économie marxiste était au pouvoir ? Je crois qu’elle aurait maîtrisé le problème. Le marxisme est conçu pour satisfaire tout le monde à condition d’observer une certaine discipline, alors que le système capitaliste, c’est le contraire et qu’actuellement devant le réchauffement climatique, l’économie capitaliste n’arrive pas à réfréner son instinct prédateur, tandis que l’économie inspirée du marxisme l’aurait pu !
Ces beaux messieurs du pouvoir nous la baillent belle avec leur acharnement de la croissance, comme si la croissance n’était pas le meurtre en public de la planète !
Le PS de Di Rupo tient Marx pour responsable des crimes commis en son nom.
Je laisse la conclusion à Slavoj Zizek qui affirme que ce paradoxe est lié à la nature même du communisme « […] le communisme lui-même a rendu très facile de jouer au jeu du coupable à trouver, et, par là, d’accuser le Parti, Staline, Lénine, finalement Marx lui-même des millions de morts, de la terreur et du goulag. Tandis que dans le capitalisme il n’y a personne à qui attribuer la faute : les choses se sont simplement passées à travers des mécanismes anonymes, même si le capitalisme n’a pas été moins destructeur. »

Commentaires

Bonne et belle chronique que je partage volontiers..
Bonne soirée et bonne nuit mon cher Duc..

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