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Des nuls, des malins et des mariolles !

Pour comprendre la société actuelle, il est inutile d’ouvrir un vademecum de la démocratie. Il faut seulement prêter attention aux maîtres de nos destins : ceux qui détiennent le pouvoir de l’argent ! Ils sont actifs dans et en-dehors de l’organisation de l’État et pèsent d’un grand poids sur nos vies ; de sorte que la plupart des cours d’éducation civique, d’économie politique et d’organisation sociale ne servent à rien, sinon à combler du vide, faire croire que nous sommes sur du solide, que leur démocratie est basée sur la raison !
Ces maîtres, non concertés et discrets par l’influence qu’ils exercent et l’insignifiance qu’ils nous attribuent, ont une stratégie efficace. Ils utilisent la dialectique éristique ou l’art d’avoir toujours raison dans la manipulation de nos consciences, usant à leurs fins la dialectique de Marx sur les conditions matérielles d’existence. Le trait de génie c’est d’avoir manipulé le sens de la lutte des classes, en clivant la société d’une autre manière, les diplômés et les non-diplômés.
Ils ont très bien compris qu’il faut céder un peu pour conserver beaucoup. Il sera fait un distinguo entre ceux qui ont un papier officialisant leurs capacités sans avoir besoin d’être démontrées et les autres qui n’ont rien d’autre qu’une intelligence qu’ils ne peuvent pas démontrer.
Si les valeurs officialisées avaient fait le maçon rare et le chef d’école pléthorique, ils eussent investi le maçon dans le pandémonium des valeurs et jeté à rien le chef d’école. Alternative loin d’être impossible dans les temps futurs, quand il y aura plus d’ingénieurs que d’artisans.
Voilà du coup un certain nombre de citoyens investis d’une mainmise sur tous les autres, avec des privilèges qu’ils n’ont pas besoin de défendre : salaire de début supérieur jusqu’aux mirobolantes dotations à 50 fois voire davantage le salaire de base ! La similitude des rémunérations des systèmes économique et politique étant à peu près équivalente, les hauts employés de l’État se voient également bien pourvus.
Ainsi nanti d’une « armée » fondée sur d’apparentes bonnes raisons, une classe supérieure s’est constituée. Les grandes réussites politiques, au même titre que leurs homologues des banques, y voisinent, s’accouplent parfois, dans une démocratie taillée à leur mesure.
Sans entrer dans une critique des inégalités de départ pour une réussite scolaire en Belgique, c’est aux États-Unis, qu’on voit, avec le plus de netteté, la compétition universitaire dictée par la société de marché et les jeux de concurrence. Les professions intellectuelles (pas toutes) au sommet en témoignent. En deux ou trois générations, elles ont su capter en leur faveur les ressources de l’éducation, de la culture, des revenus, jusqu’aux bons emplacements d’habitats de la santé et de la stabilité familiale.

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Le mythe américain de la méritocratie scolaire qui permet aux couches supérieures de justifier leur position, par leur brillance intellectuelle et leurs efforts assidus, a gagné l’Europe.
Comme il n’y aura pas assez de places dans le futur pour tous les diplômés, les quotas appliqués en médecine et conseillés dans d’autres disciplines sont de nature à éveiller les soupçons sur la manière dont on règlera les statuts des citoyens à l’avenir.
Les résultats d’une étude sur la question sont imparables : c’est en facilitant l’accès de leur progéniture aux diplômes les plus élevés que les riches ont assuré leur maintien dans le haut de l’échelle sociale. Les frais des études dès le collège, sont déjà une redoutable et souvent une imparable machine de sélection sociale.
Le rêve américain où chacun ou chacune a ses chances n’existe pas, ni aux States, ni en Europe !
Lorsque Charles Michel se lance dans des discours sur la bonne orientation de l’éducation, c’est comme si on entendait un membre de la Silicone Valley : radicalement pro business, peu favorable aux syndicats, et un système scolaire meilleur, s’il était géré comme une entreprise.
La vision MR de la société est celle d’une méritocratie génératrice d’inégalités.
Aux USA, 20% de la population se sentent pleinement de bon droit sur leur Olympe, 10 à 15 % en Belgique. Ils sont de plus en plus souvent les seuls à le penser ! Ce concept est une bombe à retardement.
La dialectique éristique n’est pas comprise dans la population. Lorsqu’elle le sera, le futur réel sautera aux yeux du plus grand nombre. Il y aura des morts… À moins que la dialectique selon Marx bien rewritée par les prophètes de la Silicone Valley trouve des subterfuges pour nous faire prendre de nouvelles vessies pour des lanternes.

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