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Barbara, il pleut ailleurs qu’à Brest.

Il serait temps que nos élites nous disent quand même dans quoi elles nous embarquent ! Il ne suffit pas de vanter un système, encore faut-il qu’elles aient des arguments.
Charles, Elio, Didier, Louis, Zakia, Jean-Marc, après que « mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font… », expliquez-nous pourquoi ?
Connaissez-vous John Dewey, chers illustres, mort en 1952 et pourtant philosophe très actuel. Déjà dans l’entre-deux guerres, il nous a fait une description au caca fumant de nos destinées confrontées au système « universel ». Et il n’avait pas tort, le bougre ! Le néo-libéralisme en allant s’accélérant relance la lutte des classes, pronostiquée au point mort par des esprits fumeux gambergeant sur la social-démocratie.
Nos élites devraient le lire, plutôt que faire semblant de l’avoir lu !
Certaines œuvres deviennent des « classiques » en sciences humaines. Dewey éclaire les questions d’actualité dans un raisonnement clair par une logique sans appel.
Il est en librairie. Je vous recommande la librairie Pax, place Cockerill à Liège. Les vendeuses sont charmantes et au moins elles savent ce qu’elles vendent. Moins sûr que vous le sachiez vous.
J’avais le choix entre reformuler en simplifiant ce que Dewey pense de cette nouvelle méthode de faire les poches en démocratie ou proposer la lecture de Barbara Stiegler publiée Chez Gallimard. J’ai choisi l’intéressante étude sur le néo-libéralisme de la philosophe. Elle s’appuie sur les remarques de Dewey principalement orientées en éducation et enseignement, en confrontant les idées de Dewey à celle de Lippmann. Ah ! Lippmann, ces messieurs de pouvoir l’adoreraient s’ils étaient moins incultes et obsédés par le pouvoir. En voilà un que Louis Michel dévorerait d’un trait, s’il savait lire !
Je vois d’ici Élio prendre un air supérieur pour faire croire que lui aussi connaît Dewey par cœur, et qu’il vient d’exposer la pensée de Barbara Stiegler au Bureau du parti.
Elio est de l’avis de Charles Michel, il n’y a pas péno. Le néo-libéralisme est le meilleur parcours possible, basta de ces philosophes qui donnent la migraine après deux pages.

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Ce qui me gêne, c’est que la discussion sur l’économie n’est possible qu’en « Pensée Unique », sortir d’elle, c’est faire du populisme. Donc, le pouvoir a toujours raison et l’électeur qui ne pense pas comme lui a toujours tort. C’est frustrant, cette démocratie !...
Pourquoi dans la déclaration gouvernementale des premiers ministres, il n’y a jamais aucune explication sur l’économie qui sera appliquée ? La démocratie est touchée par l’ère des grands penseurs, Reynders en est garant. Si Dewey critique le néo-libéralisme, c’est que c’est un con.
Évidemment, vu comme ça… Si au moins on savait ce que nos illustres pensent !
On peut très bien n’avoir jamais fait de la philosophie et concevoir que nous sommes dans un moment clé de notre économie et de notre démocratie et que le néo-libéralisme est un foutoir.
Barbara Stiegler au confluent de Dewey et Lipmann opposés par les principes, conclut que la démocratie fabrique l’acceptation des masses et que cette acceptation est en train de se fracasser contre l’évidence que le néolibéralisme vit ses derniers beaux jours.
L’humain qu’il est en train de façonner en compétiteur sportif, n’aura jamais les grands champs d’action que l’expansion de l’industrialisation continue exige. Ce qui viendra à bout du néolibéralisme est tout simplement la Nature et son agent annonciateur l’écologie !
Hélas ! les grands délégués de la démocratie ne le comprendront que le nez sur la catastrophe.
Nos gouvernements imperturbables ne peuvent qu’ouvrir la voie des désastres, incapables d’imaginer autre chose et ne voyant pas ce que le peuple voit.
Comment expliquer cette colonisation progressive du champ économique, social et politique par le néolibéralisme, comme si rien ne pouvait arrêter son expansion ?
Il faut remonter aux années 1930 aux sources d’une pensée politique pour être documenté sur le retard de l’espèce humaine par rapport à son environnement et sur son avenir. C’est le néolibéralisme ! Hé oui, déjà…
Pourquoi « néo » par opposition à l’ancien qui comptait sur la libre régulation du marché pour stabiliser l’ordre des choses. Le nouveau en appelle aux écoles et aux protections de l’État afin d’adapter l’espèce humaine et la faire « consommant » le marché artificiellement conçu.
Les tendances à diminuer les aides aux précaires n’est que la logique d’un monde réservé aux forts et aux compétitifs. L’austérité, la rigueur, tout ce qui désigne la politique de l’Europe n’est que ça, un prétexte à la formation des adaptés et le rejet des inadaptés.
Théoricien américain du nouveau libéralisme Walter Lippmann abonde dans le sens des cervelles d’oisillons du pouvoir, les masses rivées à la stabilité de l’état social, la stase (1) face aux flux. Toujours selon lui, il n’y a qu’un gouvernement d’expert capable de tracer la voie de l’évolution des sociétés enfermées dans le conservatisme des statuts. Lippmann se heurte à John Dewey, figure du pragmatisme américain, qui, sur le même constat, appelle à mobiliser l’intelligence collective des publics, à multiplier les initiatives démocratiques, à inventer par le bas l’avenir collectif.
C’est en quelque sorte Les Gilets Jaunes inventant une politique différente de celle de Macron qui les affronte au flash-ball.
Les économies néolibérales détruites par elles-mêmes et leurs contradictions, c’est pour bientôt.
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1. La théorie du saltationnisme, opposée au gradualisme, pose que les macromutations qui font évoluer une espèce sont séparées par des périodes de stase.

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