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Il faut réhabiliter Robespierre.

S’il y a bien un personnage injustement traité dans nos manuels d’histoire, c’est Maximilien de Robespierre, 1758-1794 (le petit « de » il l’enleva lui-même très jeune).
Injustement traité par des historiens chargés des manuels scolaires, les étudiants jusqu’à l’université sont victimes du choix d’une société libérale qui de Henri Guillemin à Max gallo, les moins subjectifs à Laurent Dinghy et Joël Schmidt, les plus violents, ont insulté à la mémoire du Conventionnel en le traitant de monstre. Michelet lui-même n’est pas tendre avec Maximilien. Il le dépeint souffreteux, enclin à des tics et des manies. C’est tout juste s’il ne le considère pas comme un malade mental.
Cette chronique dans la modeste proportion d’une page et demie d’écriture, ne peut évidemment reprendre un à un, ne serait-ce que les événements des quelques derniers mois qui précédèrent la chute de Robespierre, le 9 thermidor de l’an II de la République (27 juillet 1794).
Le 8, il s’exprimait encore à la barre de la Convention sous les applaudissements de ceux qui allaient provoquer sa perte et salir sa mémoire :
« Je suis fait pour combattre le crime, non pour le gouverner ».
On ne sait à peu près rien de sa vie d’avocat d’Arras, à part ce qu’en écrivit un certain Laponneraye sous la dictée de Charlotte, la sœur cadette dévouée à Maximilien. Là n’est pas mon propos. J’en viens directement au Comité de salut public créé le 6 avril 1793, suite à un décret sur proposition du député Henri Isnard.
La jeune République court à sa perte, le général Dumouriez l’a trahie et livre la France à l’invasion des Alliés. La Vendée et Lyon sont en état d’insurrection. Des mesures d’exception sont nécessaires. La Convention constitue un Comité de salut public de neuf personnes, choisies par appel nominal. Devant le danger imminent, le Comité de salut public est autorisé à prendre dans l’urgence des mesures de défense. Le 24 juillet 1793, plus de trois mois plus tard, Robespierre y fait son entrée en remplacement de Gasparin.
C’est donc tout à fait faux de dire que ce « sauvage créa la machine à tuer ». Ce n’est qu’en septembre 1793 que l’on parle du Grand Comité de salut public, avec tous ceux qui pour certains d’entre eux firent couper la tête à Robespierre l’année suivante lui imputant les « crimes » qui restent dans l’Histoire comme des décisions de « l’Incorruptible ».
Ce Comité se compose de douze personnes dont certaines sauvèrent leur tête en prenant celle de Robespierre. Les voici en vrac, la République y reconnaîtra ses héros et ses lâches : Barère, Billaud-Varenne, Carnot, Collot d’Herbois, Couthon, Hérault de Séchelles, Jeanbon Saint-André, Lindet, les frères Prieur, Robespierre et Saint-Just.

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Ce Comité reste stable. Seul Hérault de Séchelles sur le motif de collusion avec le comte d'Antraigues, agent secret contre-révolutionnaire, est mis en accusation et exécuté, sans que l’on connaisse encore aujourd’hui l’authenticité des documents saisis. Son accusateur fut Saint-Just. Robespierre n’intervient pas.
Répondant peu après aux soupçons de dictature, Robespierre s’en défend, dans les mêmes termes qu’un discours de 1791. Ce sera son principe conducteur jusqu’à la fin. « …apprenez que je ne suis point le défenseur du peuple ; jamais je n’ai prétendu à ce titre fastueux ; je suis du peuple, je n’ai jamais été que cela, je ne veux être que cela ; je méprise quiconque à la prétention d’être quelque chose de plus… »
Il est temps de passer à sa légende noire qui le poursuit encore sous le zèle continu de plusieurs générations de libéraux maîtres des écoles, suffisamment pour y laisser entendre ce que la bourgeoisie réclame d’eux depuis toujours : une falsification de l’histoire de la Révolution française, afin que celle-ci ne soit pas le ferment des révoltes futures.
Des contre-révolutionnaires se sont emparés de sa mort pour en faire la fin d’un monstre et l’ennemi du genre humain.
La plus honteuse manœuvre fut celle du dénommé Barère qui fit un rapport le 10 thermidor au lendemain de l’exécution. Il a le culot de présenter Robespierre comme l’initiateur de la Terreur, alors que c’est lui qui fut à l’origine de l’adoption par la Convention des mesures dites « terroristes ». Il lance ensuite par ses comparses dans Paris une rumeur selon laquelle il entrait dans les projets de Robespierre de se faire proclamer roi !
Merlin de Thionville un mois après l’exécution enfonce le clou par son Portrait de Robespierre, que tous les historiens libéraux recopient encore de nos jours, aussi servilement. Description hystérique d’un malade mental qui ne pouvait s’endormir qu’après des effusions de sang.
Les papiers saisis chez Robespierre furent manipulés par un certain Courtois qui s’entendait, deux siècles avant les fake-news, à la falsification et à la découpe des pièces saisies. Si bien qu’à la Bibliothèque Nationale où ils sont encore, on voit toujours la trace des ciseaux et les morceaux de pages réaménagés.
Depuis, les faux et les vrais papiers truqués alimentent sans discontinuer la doxa antirobespierriste.
En réalité, il faut placer Robespierre parmi les sauveurs de la République. La preuve en est, à la suite de son exécution, cinq ans plus tard, il ne restait rien de ce formidable élan de fraternité venu du peuple. Ce fut le coup d'État du 18 brumaire an VIII (le 9 novembre 1799) par Napoléon, exit le Directoire, puis le Consulat et enfin l’empire.
La bourgeoisie après s’être débarrassée de la noblesse, ce n’était pas pour installer le peuple !

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