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L’UE a la Patate.

La chronique précédente portait sur le libéralisme à la crise des subprimes. Il reste à définir le caractère tortueux et contradictoire du libéralisme.
Pas de doctrine, une politique indéfinie, le libéralisme dégage un certain malaise devant son incapacité à traduire un humanisme quelconque, un respect de la nature, plaçant une partie de la population dans le doute sur son avenir.
Qu’est-ce qu’être libéral aujourd’hui ?
D’abord ce qui frappe c’est la polysémie du terme libéral. Dès la fin du XIIe siècle, il signifie " un homme libre ". Sous la plume d’Argenson, après la Révolution française, il caractérise les partisans des libertés politiques.
Si libéral signifie ouvert à tous, de mœurs douce, enclin à l’indulgence, acceptant que les autres pensent différemment sans pour autant les ostraciser, alors oui, tous les gens de bon sens sont des libéraux.
Ce n’est pas ce que nous en donne à voir les parvenus du MR.
Quand on voit évoluer ceux qui se réclament du libéralisme, leur attitude hostile envers les chômeurs et les gens de la rue, insensibles à l’injustice sociale, pire, cherchant des moyens de l’aggraver pour économiser sur la facture sociale, alors que la leur explose, jouissant plus que leur dû et prônant la réussite à coups de méfaits sociaux, alors, non : les gens de bon sens ne peuvent pas être libéraux.
En théorie, il y a des libéraux de droite et de gauche, des modérés et des radicaux. À l’usage, ces états du libéralisme se rejoignent sur la façon d’établir la primauté de l’actionnaire sur le travailleur, le sens unilatéral de la propriété et sur un non-partage entre ceux qui produisent et ceux qui profitent. Le libéral est un animal tribal qui croit au chef, à l’entrepreneur qui décide seul, qui sacralise la rémunération selon le grade et non selon le mérite. Bref, c’est sur le critère de l’argent que se mesure toute chose pour lui et détermine les différences entre les hautes situations et la multitude.
Le laisser-faire et le libéralisme " manchestérien " ont trouvé parmi les partisans de John Maynard Keynes un socialisme libéral dont le PS belge se revendique. La social-démocratie n’est rien d’autre que l’application en Europe du radicalisme philosophique de Bentham et des deux Mill, père et fils, prônant une intervention active de l'Etat pour corriger les maux engendrés par l’impitoyable juge de paix de l’offre et de la demande.
On voit tout de suite dans le désastre social et économique de 2008, l’échec et ce qu’il en est advenu : un libéralisme autoritaire sorti des rails posées par Adam Smith, un système oligarchique aux contours imprécis, incapable de se définir.

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La supériorité des mécanismes de marché et de concurrence sur l'intervention étatique boostée par le développement de l’aviation civile et commerciale a définitivement clôturé l’aire Keynes. L’Europe et donc la Belgique dès que le quatuor placé à la tête de l’UE par les chefs de gouvernement et sans l’aval des citoyens, sera en place en octobre, est sous l’influence de Hayek, l’économiste qui dans les années 30 mit au goût du libéral le terme : néolibéralisme. Ce n’est pas une nouveauté, mais son sens est clair, exclure toute forme de gratuité dans les rapports entre citoyens. Tout a un coût, à commencer par le chômage, les handicapés et les vieux.
Ce qui complique la chose reste la différence entre l’Europe et les États-Unis. C’est à un tel point, que je ne peux pas développer ce thème dans cette chronique sans déborder.
2019 se réclame du libéralisme qui s'identifie au libre-échange et au laisser-faire, rien que des contradictions entre libéralisme économique, libéralisme politique et libéralisme moral.
D’après Friedman la liberté économique est une condition nécessaire à la liberté politique. C'est selon lui une erreur des socialistes, interventionnistes keynésiens, de croire qu'on peut associer économie dirigée et liberté politique.
Cela tombe bien, depuis 2008 l’économie n’a jamais été aussi dirigée, mais comme c’est en faveur de la minorité détentrice des biens et des numéraires, Friedman pourrait remanier sa copie, s’il n’était décédé en 2006, deux années avant que tout bascule.
L'histoire montre que la liberté économique sans cadre éthique, sans contrainte politique, mène à un monde intolérable, dans lequel la liberté du plus petit nombre, des puissants et des riches, s'apparente à celle « du renard dans le poulailler ».
De Lacordaire (1802-1861) on retient son célèbre aphorisme : "Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit". Comme quoi, on peut être curé et n’être pas trop éloigné du communisme.
Ce serait bien que le citoyen ordinaire vînt au pouvoir, pour mettre de l’ordre dans tout ça !
Le libéralisme pourrait être poussé dans les cordes par la physiocratie, une écologie tournée vers l’agriculture, vous voyez d’ici Ducarme et Reynders attelés à la charrue ?... eux qui n’ont jamais rien fichu de leurs dix doigts !

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