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Les miss porte-manteaux has been ?

Un déclic dans la cervelle d’un « civilisé » ça passe inaperçu. Un million de déclics apportent une masse d’interrogations que les médias ne peuvent pas escamoter.
Dans le collimateur du zéro déchets, la « fashion week » ou la semaine de la mode. L’événement se met en vitrine ces temps-ci, pour ébaubir les badauds que nous sommes. Voilà les grandes maisons de couture en transe, les stylistes à se creuser les méninges pour faire plus « provoquant » que le concurrent.
La haute-couture achalande les foules. Des mannequins défilent avec des robes qu’une femme sur cinq cent mille peut se payer.
Les lieux parés des extravagances du dernier show de Carl Lagerfeld, l’année de sa mort, font encore jaser. Les accessoires, restes de plumes, de soie, lambeaux des peaux de bêtes soi-disant protégées, matériaux nobles, les boutons de nacre dépareillés, les fin de coupons des soies de Nankin, les calicots peints des décors, le lendemain de la « fashion », ne seront plus qu’un tas de déchets remplissant à ras bord les bennes à ordure.
Comment à revenir de tout cela sans y être allé ? Au fait, à quoi ça sert ? À couvrir du prestige des griffes, une star, une poule de luxe, une épouse désœuvrée de milliardaire, une chanteuse qui fait son coming out de l’anonymat.
Merde !... autrement dit ça ne sert à rien, qu’à nous étourdir en se fichant de la planète.
La fashion week n'est qu'un clinquant momentané, une parade de la suffisance, une affiche d’anémiées volontaires montrant des cuisses plus minces encore que celle de Brigitte Macron.
Cette machine à produire des choses dont personne n'a besoin, s’appelle le capitalisme. Dans son impérieuse nécessité de croissance, cette machine poursuit dans l’inutile, le superfétatoire, sous peine de périr. C’est tragique !
Des écologistes parisiens parlent de la haute couture, non pas comme d’un art, mais comme deuxième industrie la plus polluante au monde. Ils veulent alerter l'opinion publique des effets néfastes sur l’environnement. Richard3.com applaudit.
Quand les promoteurs du luxe ostentatoire mettent en avant la générosité des grands philanthropes qui promeuvent l’habit qui fait la femme riche, on devine là-dessous des calculs sordides que La Meuse ou Le Soir ne voient pas. La machine verte « greenwashing» doit faire oublier comme dans le conte de Grimm, les yeux grands comme des assiettes, de la vision de toute la misère du monde, par l’émerveillement produit du « hors-monde ».
Récupérer la cause environnementale pour quelques billets, c’est tout bénéfice. La publicité faite à chaque pas des sveltes marcheuses d’estrade, rembourse la générosité avec usure.

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Sur Instagram, le compte @diet_prada, justicier 2.0 de la mode affiche 1,5 millions d'abonnés. Pour une telle pub, la moitié du personnel de la radio-télé se ferait sodomiser en direct et en public par leurs agents de presse, pour bien moins.
Les suivantes à monter sur le podium après Naomi Campbell, Cindy Crawford et Claudia Schiffer vont-elles en descendre plus tôt que leurs aînées ? Quand il sera à la mode d’être écolo hors gaspi, on n’aura plus de plaisir à voir leurs couteux atours. Elles ne se déhancheront plus, dans une manière d’avancer aussi peu naturelle que malcommode. Le spectacle deviendra ringard.
Recycler la scénographie, la céder à de jeunes créateurs au budget serré et arrêter d’élever des bataillons d’insectes pour détruire des tissus dont le destin n’était que de servir une fois, sera-ce suffisant pour stopper un autre effet de mode : celui de ne plus aimer la mode ?
C’est possible.
Ce que les bourgeois craignent n’est pas d’arrêter le gaspillage autour de la mode, mais de n’avoir pas en réserve une autre fascination des foules, pour la conservation de la société telle qu’elle est. L’extase des pauvres pour le faste des riches, et les riches qui répondent par de la feinte modestie, si le conventionnel fiche le camp, par quoi le remplacer ?
Il y a bien le foot, mais c’est un sport et la population n’est pas encore assez rustaude pour s’y engouffrer en masse, les jeux télés à la contemplation desquels on s’attroupe, le porno pour les générations « libérées ». Le mécano tient par toutes ses composantes. Regardez le MR, vous enlevez deux malfrats et il n’y a plus personne !
Ils ont beau réfléchir, la fashion week a ceci d’utile qu’elle flatte nos vanités, nous projette dans un rêve qui ne sera jamais réalité, tandis que nos libéraux s’évertuent à nous faire admettre qu’en travaillant ferme, tout le monde peut y arriver.

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