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Oraisons de Macron à Chirac.

À la mort de Jacques Chirac, les personnages politiques se confrontent avec un des leurs, hors de portée. L’unanimité du discours sur l’homme, qu’on enterrera avec les honneurs de la République, donne la mesure de ce qu’il faut dire des disparus afin d’engranger pour soi des opinions favorables.
C’est d’une grande hypocrisie. Tous en conviendraient, s’ils pouvaient être sincères.
Mais le peut-on en politique ?
Fondateur du RPR, Chirac fut maire de Paris, emberlificoté dans des magouilles sur des emplois fictifs à la mairie, c’est Alain Jupé qui écopa pour lui d’une amende et de deux ans d’inéligibilité vite commuées en un an.
Ces gens là ne vont pas en prison. Au contraire, puisque Jupé vient d’être nommé au Conseil d’État, la planque suprême que tous convoitent.
Puis, il y eut l’affaire de la cassette Merrill perdue ( !) par Dominique Strauss-Kahn, détaillant les turpitudes de Chirac à la mairie de Paris, les mallettes bourrées de billets sous les tables, tout cela filmé, commenté… et égaré par celui qui allait tomber pour avoir troussé, mal à propos, une servante Noire d’un Sofitel. Strauss- Kahn en tant que ministre des Finances, avait commis l'irréparable : accepté et gardé une cassette vidéo qu'il aurait dû transmettre à la justice parce qu'elle concernait des affaires en cours et mettait en cause le chef de l'Etat.
Les douze années de pouvoir, Chirac n’en fit pratiquement rien. Il avait pourtant lors de sa réélection l’occasion de réconcilier la droite et la gauche, puisque contre son adversaire Jean-Marie Le Pen, il avait rassemblé un large consensus des électeurs, alors qu’il était passé par la petite porte et sans grandeur au premier tour.
Brocardé « super-menteur » par les guignols de l’info, il était temps qu’il disparaisse de la scène politique.
Dès lors que ce fut fait, de très impopulaire son image se bonifia avec le temps, comme toutes les images de ceux qui sortent de l’actualité, qui ne se sont pas distingués, mais pas trop marqués non plus, à l’issue de leur mandat. Jacques Chirac restera dans l’histoire comme le premier président français condamné par la justice en 2011 pour détournement de fonds publics, abus de confiance et prise illégale d'intérêt. Il n'a pas fait appel

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À la mort d’un homme politique, les mémoires se standardisent dans des discours tellement attendus et répétés, qu’ils n’ont pas changé depuis l’enterrement du Général Foy en 1825. Un archétype du genre qui cessa à la dernière pelletée de terre, d’autant que, comme Jacques Chirac, le général n’était pas un homme recommandable.
Voici quelques faits saillants de la vie politique d’un homme aujourd’hui célébré..
- Les marchés publics des lycées d'Ile-de-France
Selon l'enquête de 1997 à 2007, des entreprises du BTP, se voyant attribuer des marchés dans les lycées d'Ile-de-France, reversaient 2% du montant des contrats au PS, au RPR et au Parti Républicain. Chirac avait été soupçonné d'avoir bénéficié des fonds pour des voyages avec son entourage, payés en liquide entre 1992 et 1995.
Les HLM de la Ville de Paris
L'enquête, ouverte en 1994, portait sur des irrégularités commises entre 1991 et 1994 dans la passation de marchés d'entretien et d'équipement grâce à un système de contournement de la procédure d'appel d'offres. En 2001, Chirac avait été convoqué par le juge comme "simple témoin", mais n'avait pas obtempéré et le juge avait renoncé, du fait de son immunité.
La Sempap
Imprimerie des documents municipaux jusqu'en 1996, cette société était soupçonnée d'avoir favorisé des entreprises et financé le RPR et d'avoir imprimé des documents personnels pour Mme Chirac. L'instruction avait été ouverte en 1997. M. Chirac a témoigné devant le juge en mai 2008 et a déclaré tout ignorer du dossier. En avril 2009, le juge a terminé son instruction sans mettre en cause l'ancien président.
Les faux électeurs des IIIe et Ve arrondissements
L'enquête ouverte en 1997 visait l'inscription d'électeurs fictifs à l'époque où Chirac était maire, en vue des élections de 1989 et 1995. Un plaignant avait demandé l'audition de Chirac. En mars 2013, Jean Tiberi, ex-maire de Paris, et son épouse Xavière ont été condamnés en appel à la prison avec sursis, mais Chirac n'a jamais été mis en cause.
Les "frais de bouche"
L'Inspection générale de la Ville soulignait que 2,13 millions d'euros avaient été affectés de 1987 à 1995 à l'alimentation et aux réceptions du couple Chirac, mais l'affaire s'est terminée en 2005 par un non-lieu.
Les voyages du couple Chirac
La compagnie Euralair est accusée, au printemps 1995, d'avoir mis à la disposition du candidat Chirac à l'élection présidentielle l'un de ses appareils pour au moins un déplacement en province, sans jamais le lui facturer. Bernadette Chirac est soupçonnée de son côté d'avoir bénéficié d'au moins cinq vols gracieux en 1998/99, sur instruction du PDG Alexandre Couvelaire. Du fait de son immunité, Chirac n'est pas interrogé et ces faits font l'objet d'un non-lieu en 2009.
La mort d’un grand personnage n’est magnifiée que par le retentissement dans l’opinion publique. Les symboles de la notoriété le distinguent d’un banal enterrement. Tout rituel politique entre en contact, parfois à double sens, avec l’emblématique et la signalétique, qui contribuent à lui construire un sens. Le rite serait l’espace-temps d’une surenchère de signes identitaires.
Dans ce bal des faux-culs, il est nécessaire que les vivants voient la sacralisation se perpétuer le temps des funérailles et des discours de leur confrère décédé. C’est quasiment l’assurance qu’il en sera ainsi pour eux. Chacun s’estimant aussi, sinon plus important, que le corps mis en bière. Le pouvoir convie le peuple à des hommages dont celui-ci n’a que faire !

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