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Boris et moi…

Boris Johnson a gagné les élections législatives du 12 décembre. Voilà qui clôt le bec des antibrexiters et coupe la parole à la lourde propagande des activistes européens de droite qui, depuis Miss May, ne cessent de vouloir que les Anglais se dédisent du vote séparatiste, initial fatum de toute cette aventure.
Pour une fois qu’un pays d’Europe respecte le vote de ses électeurs, au moins respectons le à notre tour. Passer outre, ne pas en tenir compte et se rabibocher avec les affairistes de Bruxelles auraient été un comble et pousser à l’aventure toute l’Angleterre.
Ceci posé, l’Europe n’a pas à se vanter de l’attachement que devraient avoir les peuples européens à son égard. Ils en sont tous revenus ou à peu près.
C’est clair que l’Europe sociale n’existe pas. Elle n’est qu’une association d’affairistes qui voit en elle deux choses, faire du busines sous sa protection et régler le compte aux mouvements sociaux des peuples.
Au départ, franchement, c’est ce que ne voulaient pas les fondateurs, tous plus ou moins dans le souvenir des mouvements de résistance contre l’oppresseur nazi, bien décidé à faire vivre conjointement une Europe sociale et une Europe marchande.
Hélas ! cette dernière a étouffé complètement l’autre.
Des Commissions européennes se sont succédées qui n’ont eu de cesse de promouvoir un mixage des chartes des états membres à l’égard des revenus de leurs travailleurs, sachant qu’en ce domaine la concurrence allait amener à des égalisation des régimes vers le bas. Des avantages acquis par certains pays dont la France et l’Italie, par la lutte opiniâtre des syndicats, sont menacés par les directives européennes. La cible de Bruxelles est aujourd’hui les retraités. C’est fort des directives européennes que Macron s’attaque aux pensions en France et que Bacquelaine en Belgique s’impatiente d’en pouvoir faire autant.
Si l’on fait un procès historique à l’Angleterre, on peut affirmer qu’on avait fait entrer le loup dans la bergerie et qu’elle a contribué par son sabotage de l’idée européenne à l’intérieur même de l’Europe, à être le ver dans le fruit qui en a hâté sa décomposition.
En effet, poussant ses pions commerciaux en faveur du deal qu’elle avait tacitement avec les États-Unis, elle a fait l’essentiel pour que toute l’économie de l’Europe s’ouvre au marché américain, mais sur la base des lois commerciales américaines. Ce qui a fait voler en éclat toute idée d’une Europe sociale et commercialement résolue à une entente tacite avec la gauche européenne et les syndicats.

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Pour sauver l’Europe de son américanisation, il aurait fallu que l’Angleterre n’entrât jamais dans l’Europe ou qu’elle s’en détachât après la période d’essai.
À présent, qu’elle en sorte ou qu’elle n’en sorte pas, cela n’a plus aucune influence. L’Europe ne pourra finir que dans la tragédie d’une mondialisation du libéralisme économique dont les conséquences se voient déjà.
Les conditions avec lesquelles Boris Johnson sortiraient de l’Europe avec plus ou moins de bonheur ne tournent qu’autour de l’économie. Comment poursuivre la culture du bénéfice de l’exploitant, quand des frontières peuvent distraire une partie des profits ? C’est la grande question que se sont toujours posés tous les usuriers du monde.
Les travailleurs européens besognant à la City et ailleurs ne sont intéressants que dans la mesure où ils peuvent dérégler par leur départ, la machine à cash.
L’Angleterre et l’Europe en sont là. Le problème social est géré en fonction du problème économique. C’est encore une belle façon d’éclairer l’aspect déshumanisé de la géopolitique du biseness.
Les Écossais et les Irlandais, c’est pour plus tard, si jamais on laisse encore la parole aux électeurs, quand les problèmes commerciaux seront réglés, et si, toutefois, conclusion importante, les Anglais poursuivent ce côté de la démocratie qui n’est pas encore abandonné chez eux, comme il l’est partout en Europe : le respect du vote citoyen.
Voilà ce que l’on peut dire du vote de ce jeudi en Grande-Bretagne.
Et le reste n‘est que littérature, car pour lors vous en aurez. Du Charles Michel larmoyant, de la von Leyen attendrie ; au président Aristote Macron, ils ont toutes les vacances de fin d’année pour nous sortir leurs grandes phrases au 31 janvier 2020.
C’est à se demander si l’Europe dans l’état merdique où elle se trouve, n’est pas la victime de ses grands intellectuels, plus qu’elle ne le sera jamais de Boris Johnson.

Commentaires

"Au départ, franchement, c’est ce que ne voulaient pas les fondateurs, tous plus ou moins dans le souvenir des mouvements de résistance contre l’oppresseur nazi, bien décidé à faire vivre conjointement une Europe sociale et une Europe marchande. "
Au départ, franchement , c'est bien ce que voulaient les pères fondateurs. Il suffit de se remémorer la "trajectoire" de P-H Spaak pour le voir. Socialiste, socialiste conciliant abec le franquisme, atlantiste et anticommuniste après la guerre, il finit dans les conseils d'administrations des pires affairistes et impérialistes américains. Monnet lui avait de l'avance, il est "en mission" pour la CIA nouvellement créée lorsqu'il s'intéresse à la création de la CECA puis des Communautés. Rien de socialiste, ni de véritable démocrate parmi ces pères fondateurs qui signèrent les traités des Communautés à Rome en se congratulant de pouvoir observer le Monde du haut du Capitole, à l'égal d'Auguste ! (lire les mémoires de Monnet et ceux de Spaak).

"Au départ, franchement, c’est ce que ne voulaient pas les fondateurs, tous plus ou moins dans le souvenir des mouvements de résistance contre l’oppresseur nazi, bien décidé à faire vivre conjointement une Europe sociale et une Europe marchande. "
Au départ, franchement , c'est bien ce que voulaient les pères fondateurs. Il suffit de se remémorer la "trajectoire" de P-H Spaak pour le voir. Socialiste, socialiste conciliant abec le franquisme, atlantiste et anticommuniste après la guerre, il finit dans les conseils d'administrations des pires affairistes et impérialistes américains. Monnet lui avait de l'avance, il est "en mission" pour la CIA nouvellement créée lorsqu'il s'intéresse à la création de la CECA puis des Communautés. Rien de socialiste, ni de véritable démocrate parmi ces pères fondateurs qui signèrent les traités des Communautés à Rome en se congratulant de pouvoir observer le Monde du haut du Capitole, à l'égal d'Auguste ! (lire les mémoires de Monnet et ceux de Spaak).

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