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Le riche tient la loi dans sa bourse (1)

Un particulier ne peut comprendre seul, Nethys et sa maison mère Enodia. Il y a trop de documents qui ouvrent sur des pistes tentaculaires. Les journalistes seraient un peu mieux armés, s’ils étaient salariés dans un grand journal comme le New-York Times et pouvaient se consacrer à une seule enquête. Ce n’est pas le cas en Belgique. Reste les protagonistes de cette tragédie économico-politique : les élus politiques des communes concernées. À la connaissance du grand public, ces élus, à de rares exceptions près, n’ont pas été inquiétés outre-mesure sur leur participation à la nébuleuse Nethys. Et pour cause, la plupart perçoivent une dîme « légale », au vu de tout le monde, des différentes composantes du monstre Publifin-Enodia. Pour des participations beaucoup moins longues que celle d’un chômeur à l’ONEM, ils se sont sucrés et beurrés la couenne en vrais bébés tyrannosaures du fric ! Cette pratique était très ancienne, ce qui l’est moins, c’est leur boulimie !
Une seule question : « comment se fait-il, au vu d’un scandale de cette envergure et qui touche au moins trois partis qui jouent un rôle dans la province de Liège et en Région wallonne, le PS, le MR et le CDH, que les Liégeois semblent ne pas s’indigner et s’apprêtent à voter dans les mêmes proportions, pour ces larrons ? »
Si quelqu’un a une explication, il a publication libre sur Richard3.com.
En cinq ans, Nethys a versé 20 millions au consultant McKinsey, un montant qui suscite de vives interrogations au sein de Nethys et de sa maison mère Enodia. A tel point que Julie Fernandez Fernandez (PS), la présidente d'Enodia (ex Publifin), met en doute l'objectivité du consultant.
Plus personne n’y comprend rien. C’est entendu, Stéphane Moreau aura de quoi payer ses fournisseurs privés à se vautrer dans le grand luxe, ainsi que les autres coquins de l’embrouille. Tecteo-Voo passera dans le portefeuille d’une association de gestion des fonds de pension américains, malgré les cris d’horreur de tout le monde et sachant ce qu’il en résultera à la fin : le siphonage de l’entreprise, puis le départ des fonds, quand ce ne sera plus qu’un cadavre.
Fernandez-Fernandez (PS) assure que toutes les factures sont analysées « Si des choses illégales ont été commises, il faudra être intransigeant. » Elle ne va pas quand même envoyer devant les tribunaux l’ensemble des dirigeants du PS Liégeois ?

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D’un côté, l’idéologie sécuritaire augmente la répression que subissent les classes populaires et d’un autre, police et justice se désintéressent de la criminalité des puissants, représentants de l’État et d’intérêts privés confondus. Loin de rendre la rue paisible, ce déséquilibre augmente le niveau d’injustice et de violence, laissant monter auprès des populations, une tolérance générale à l’égard des pratiques illégales qui serait comme un coup de fatigue, une sorte de lassitude extrême de l’indifférence.
Serait-ce cette éthique distendue à la base du désintérêt pour la friponnerie politique ?
La délinquance en col blanc jouit d’une impunité croissante, par un jeu de balance déséquilibré qui frappe durement les petits délits provenant d’une classe sociale défavorisée. La délinquance économique et financière est forte d’une longue tradition de tolérance, il est vrai ; mais c’est à la lumière de la révolte des Gilets jaunes vivement réprimée en France, qu’on s’est aperçu que l’oligarchie politique au pouvoir dans les démocraties de l’UE avait de plus en plus de liens d’intérêt avec le monde industriel, ce qui pouvait expliquer cette différence de traitement entre justiciables.
À travers la notion de délinquance en col blanc, c’est toute la conception du juste et de l’injuste, du louable et du blâmable qui s’est trouvée bousculée dans ses fondements. Durkheim, dans l’analyse de la société, rejoint Cornélius Castoriadis dans les mêmes conclusions.
L’aspect éthique discutable à comparer le « crime » d’un voleur de pommes à l’étalage, avec des forbans qui détournent des millions du travail, en usant de leur notoriété, du pouvoir politique ou tout simplement d’un solide compte en banque des crimes antérieurs non sanctionnés, en dit long sur l’état de la justice !
C’est pour moi l’occasion de marteler ici, ce que j’ai affirmé il y a plus de treize ans au début de ces chroniques : ce pays est dirigé majoritairement par des salauds à qui nous rendons hommage, par notre soumission et notre croyance à leur fausse éthique.
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1. Jean-Jacques Rousseau, « Du contrat social ».

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