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L’esprit Charlie !

En France, la gauche est aussi mal à l’aise que la garde des sceaux, la très controversée Nicole Belloubet (REM) à propos de « l’affaire Mila ».
Affaire entre guillemets, parce que ce n’est pas correct de désigner la victime à la place des va-t-en-guerre : la Ligue islamique mondiale qui milite partout en Europe pour l’interdiction du blasphème. Les faits sont simples, une lycéenne s’exprime sur les réseaux sociaux, usant de son droit de critiquer la religion islamique. Diffusée à grande échelle, la banale conversation entre des jeunes prend une dimension nationale et enflamme les milieux religieux musulmans. Aussitôt, ceux-ci brandissent des menaces de mort qui font fuir Mila de son école.
Interrogée sur « l’affaire Mila » ce mercredi 29 janvier, Nicole Belloubet a d’abord condamné les menaces de mort reçues par la jeune lycéenne scolarisée en Isère. Mais la ministre de la Justice a également pointé “l’insulte à la religion, qui est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c’est grave”.
Ce sont ces derniers mots qui ont été relevés par des laïcs. Ces mots sont ambivalents et créent la polémique. En effet, en France, les blasphémateurs sont protégés par la loi de 1905 sur le droit à la liberté d’expression.
On ne va pas recommencer le calvaire du chevalier de la Barre pour se montrer complaisant à l’égard de fanatiques. Les laïcs ont pour principe de n’empêcher personne de pratiquer une religion, mais qu’il leur soit permis de dire que toutes les religions sont des conneries y compris la religion musulmane.
Un avocat parisien a aussitôt publié dans le Figaro une tribune qui rappelle que les propos de la garde des sceaux sont juridiquement faux, “gravissimes” et “particulièrement ineptes”. “Non, Madame Belloubet, injurier l’islam n’est pas une atteinte à la liberté de conscience”, écrit-il, accusant la garde des Sceaux d’inculture juridique. Il faut qu’elle présente des excuses”. La liberté de conscience, c’est de croire ce que l’on veut. “Mila n’a empêché personne de croire en l’islam! C’est au contraire la liberté de conscience de Mila qui est ici en jeu, car elle a le droit de penser ce qu’elle veut de l’islam et de le dire, même sur les réseaux sociaux.”
Il a raison évidemment.

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Pourquoi la gauche est-elle gênée aux entournures dans cette affaire, comme dans celles qui touchent de près le monde musulman ? Pour des raisons électorales, et c’est plutôt gênant de tomber dans le racolage quand on est de gauche.
Ce malaise de la gauche française est aussi ressenti en Belgique de la même manière et pour les mêmes raisons.
L’électorat de gauche est assez bien soutenu par des Français et des Belges qui ont conservé la religion des pays dont leurs parents ou eux-mêmes sont originaires. Et c’est bien leur droit. Parfaitement intégré dans la société, ils conservent cependant un esprit religieux assez chatouilleux sur l’islam. A côté d’une conscience de classe, certains ont conservé des pratiques d’un autre âge, comme la fatwa et l’imprécation meurtrière à l’encontre des blasphémateurs.
Or ces partis de gauche sont tiraillés entre le droit à la liberté d’expression garantie par la Constitution et le souci de conserver l’appoint de bons militants musulmans.
Eh bien non ! un parti de gauche qui plus est veut changer la donne, ne se couche pas avec des salamalecs pour garder ses militants, car alors, il ne s’agit plus que d’une clientèle, comme les pépères du MR qui eux se tournent plutôt vers Wall Street pour faire leur prière.
Tout cela est assez ambigu quand on y pense.
On sent de la menace dans l’air depuis plusieurs années de manière discrète, via un lobbying intense auprès d’institutions démocratiques de la part de croyants hypersensibles et pas que musulmans du reste, pour tâcher d’influer sur les lois, ou de façon plus ouverte, en essayant de limiter les critiques à leur égard. À ce titre, le blasphème est un argument souvent brandi par les croyants qui s’érigent alors en victimes.
En Belgique, le législateur ne pénalise pas le blasphème. Les restrictions à la liberté d’expression sont strictement encadrées par la loi : la diffamation, l’incitation à la haine sont ainsi passibles d’être condamnables. Critiquer des idées, les brocarder, c’est encore possible, sauf dans le cas « gauche et droite même combat », ce qui est rare. Quand on y regarde près, le blasphème n’a de sens que pour un croyant qui critiquerait sa propre religion. Celui qui n’en a rien à foutre des fariboles qu’on prête au prophète n’est pas concerné.
L’histoire terrible de Charlie Hebdo devrait faire réfléchir les pleutres, les prudents et les soumis, même à gauche. Et il m’en coûte de le constater.

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