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Political correctness

Cinq ans après l'attentat qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo, le journal publie un numéro anniversaire de l'attentat. C’est l’occasion de revenir sur une lettre datant du 6 février 1770 que Voltaire adressa à l’abbé Le Riche en ces termes : « Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire ».
Ce blog a tiré quelques chroniques de la tolérance. Pourtant une dérive persiste et s’augmente des frais émoulus politiquement corrects du macronisme, les nouveaux censeurs.
Depuis que les autorités redoutent un clash entre autochtones et émigrés, les laïques et les religieux, les valides et les infirmes, les ethnies de cultures différentes, les Gilets Jaunes et les autorités constituées, les classes sociales entre elles, etc. la lecture en public de certains articles du Robert serait passible d’une forte amende.
Le métier d’humoriste est devenu un métier à risques judiciaires.
Les citoyens sortis des grandes écoles squattant les ministères s’ingénient depuis bientôt vingt ans à remplacer les locutions et mots considérés « offensants » ou « péjoratifs » par d'autres qui leur paraissent neutres et non offensants. On croirait que le langage politiquement correct est le seul domaine où ils gardent de l’imagination.
L’élément déclencheur de la version actuelle de la censure est de la deuxième génération. La première, dès les années cinquante s’était attachée à sacraliser le martyr juif en y proscrivant les anathèmes de l’extrême droite, déjà antisémite d’avant-guerre, que le drame de 40-45 n’avait pas assagis.
De cette époque, une pression forte des ligues, regroupements ou associations ne s’est jamais démentie. La première version qui portait essentiellement sur l’antisémitisme n’est qu’en partie responsable de la censure d’aujourd’hui.
L’esprit montmartrois s’est éteint avec Desproges et Coluche. Tex et Bigard, quoique assez éloignés de l’esprit des premiers cités ont été remerciés sur les chaînes où ils travaillaient, Dieudonné (qu’on aime ou qu’on n’aime pas, là n’est pas la question) survit en étant autonome. Tout le reste de la profession est dans le rang, le petit doigt sur la couture du pantalon.
Mon propos n’est pas de suggérer qu’un tel a plus d’esprit qu’un autre, ni surtout d’entrer dans le choix des publics. Il est engagé contre la censure et les interdictions de tous ordres qui empêchent la liberté d’expression.

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On peut penser ce que l’on veut des États-Unis, la liberté d'expression y est protégée par le Premier amendement de la Constitution et par les constitutions et lois de nombreux États. Pour une fois que les USA montrent l’exemple, on ne va pas faire la fine bouche.
En Belgique, vu l’état de conflits permanent de l’usage des langues (en Flandre surtout), des pudeurs de gazelle des partis politiques, gauche comprise, quand il est question de la sacro-sainte personne de l’électeur, la langue de bois est un bon auxiliaire.
C’est tellement ancré dans les mœurs des universités, que je ne serais pas surpris qu’on y apprenne un langage constitué de poncifs journalistiques et de termes conçus pour ne déplaire à personne. Georges-Louis Bouchez a dû son succès au MR à des déclarations où l’art de ne parler pour ne rien dire, fait croire que l’homme a des principes.
On doit à Louis Michel la langue de bois de combat. Sa « rage taxatoire » il la décerna aux socialistes. Les termes dans lesquels il associa le MR au Premier Mai étaient de la provocation. Il a remis à la mode le vieux truc qui amplifie les différences : la calamité des grèves qui pénalisent ceux qui travaillent, les usagers des autoroutes pris en otages, le bon sens qui parle aux gens, etc.
Les médias qui roulent tous pour la bourgeoisie, emploient la même technique, mais de manière plus intelligente, moins ostentatoire, sauf des journaux comme La Meuse qui sauvent leur fonds de commerce dans des clabauderies de concierge, mais toujours politiquement correct. Ils font dire les mots « interdits » par ceux qu’ils clouent au pilori, en général des ennemis de la bourgeoisie.
La gauche n’est pas en reste. Le choix des mots encourage les rapports sociaux, et sans justifier la censure, elle utilise son propre code d’exclusion. Mais, « c’est pour la bonne cause » se défaussent les chefs. Cependant, cela s’appelle aussi de la censure.
La dilution du discours dans le politiquement correct rend difficile, voire impossible de relier les problèmes sociaux, entre eux, inhibe l’expression libre et renforce le pouvoir qui l’exerce. C’est prendre les gens pour des imbéciles. Pour autant, les gens le leur rendent bien.
Il est possible que nous soyons arrivés au bout du bien dire pour la raison qu’explique Landhouille (Un client sérieux) de Georges Courteline.
« ….L’homme est un être délicieux ; c’est le roi des animaux. On le dit bouché et féroce ; c’est de l’exagération. Il ne montre de férocité qu’aux gens hors d’état de se défendre, et il n’est point de question si obscure qu’elle lui demeure impénétrable : la simple menace d’un coup de pied au derrière ou d’un coup de poing en pleine figure, il comprend à l’instant même ! ».

Commentaires

Celles et ceux qui ont décerné cette citation à Voltaire, et l’ont copieusement répandue sous son nom, se basent sur une lettre datant du 6 février 1770. Voltaire se serait adressé à l’abbé Le Riche en ces termes : « Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. » Si l’existence de cette missive a été avérée, la phrase n’y figure pas, ni même l’idée ! C’est ce qu’on appelle une citation « apocryphe », dont l’authenticité n’est pas établie.

Mais alors, à qui la faute ? Pas à Rousseau, ni à Voltaire lui-même, comme dans la chanson de Gavroche, mais à l’Anglaise Evelyn Beatrice Hall qui, dans un livre, The Friends of Voltaire, publié en 1906 sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre, utilisa la célèbre formule pour résumer la pensée voltairienne. « « I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it », was his attitude now », écrit-elle. Elle confirmera par la suite que c’était sa propre expression et qu’elle n’aurait pas dû être mise entre guillemets. Qu’elle soit due à la maladresse de l’auteur ou de l’éditeur, la citation a été rapidement traduite en français avant de connaître le succès que l’on sait.

Je ne dis pas le contraire. C'est Evelyn Hall l'inventeur de la phrase. Merci de le préciser. À tout prendre, je préfère ce que Voltaire écrivit à Le Riche. Cela veut dire la même chose, mais c'est plus fort. Petite précision qui ne vous aura pas échappée, la citation du montage photo est d'Anatole France, si l'on oublie un ajout personnel.

Votre réponse est limite mauvaise foi! Presque un tweet de Trump.

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