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Plus on est, moins ça compte ?

L’actualité bruisse de heurts entre partenaires de travail dans les entreprises, entre écoliers dans les écoles et dans les rapports qui devraient être amicaux, au moins neutres, entre les gens. La moitié des journaux sont journellement remplis de faits-divers violents.
Le réflexe le mieux partagé est la méfiance aujourd’hui, quand un(e) inconnu(e) vous parle dans la rue, dans un bus ou dans tout autre lieu.
On impute cela à une prudence compréhensible (avec tout ce qui se passe) et la montée des violences, dont on a le compte-rendu dans les gazettes. On va chercher les origines de la méfiance hostile des uns par rapport aux autres, dans des antagonismes dus à la couleur de peau, au clan social délimité, dans des activités où la victime se trouve seule contre tous, etc.
Jamais, au grand jamais, le principal facteur de troubles des relations n’est nommé par tous, les médias les premiers.
À la rigueur, on n’admet que le psychisme de certains bannis soit l’effet d’une mélancolie propre à sa nature, dans le cours d’une vie sociale. Alors que c’est l’évolution de l’économie vouée au rendement et au profit qui clive les groupes sociaux, détachant peu à peu l’Homme de la solidarité avec les autres et le conduit à sa perte sur le chemin de l’individualisme et du chacun pour soi. Une information générale autre que largement interprétée en faveur du libéralisme occidental, manque pour l’équilibre des arguments pour ou contre le système économique.
Politique folle du système libéral, aberration pourtant rarement dénoncée par les hautes écoles qui continuent à produire des philosophes inoffensifs et des psychiatres qui croient dur comme fer que la nature intrinsèque de chacun est responsable de l’équilibre psychique. Quant aux économistes, rares sont ceux qui n’émargent pas aux entreprises conduites par de farouches entrepreneurs réactionnaires et capitalistes !
Seuls les partis d’extrême gauche dénoncent la nuisance de l’économie de marché et la mise en concurrence du monde entier par la circulation insensée des frets par avion cargo, ou par containers sur des navires gigantesques. Leurs critiques courent sur le défaut d’un partage équitable des encaisses des richesses produites. Ce qui est évidemment aussi une réalité. Mais, ils ne le font presque jamais au nom de l’absurdité du travail machinal, celui dans lequel on ne doit surtout pas penser, tout à l’affût du respect d’une ergonomie sans laquelle on ne produit pas suffisamment. Rarement le raisonnement qui dénonce le productivisme et le chacun pour soi est mis en avant comme argument important. C’est toujours inconsciemment qu’ils appuient une nouvelle forme de contestation en soutenant l’écologie qui dénonce elle, les effets du productivisme sur la nature, les espèces animales et le réchauffement climatique, sauf sur le comportement humain, pour des raisons électorales évidentes. Pourtant tous devraient penser que le système libéral est aussi une nuisance au niveau de la santé mentale des individus, qu’il attente à tout, c’est une évidence, et qu’il n’attenterait pas à l’homme, il faut être sorti de science-po pour en être obstinément convaincu, étant entendu qu’à ce niveau, il est impossible de faire erreur.

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C’est difficile à faire comprendre à ceux qui n’ont presque rien et qui se débattront toute leur vie pour avoir seulement le droit de manger à leur faim qu’on est arrivé à un sommet productiviste dans une forme de production de gaspillage inutile et attentatoire à notre survie.
Pourtant c’est le cas. L’abîme s’ouvre devant nos pas à défaut de retrouver à toute vitesse une nécessaire solidarité ! Et cette solidarité ne consiste pas à nous défaire de nos surplus, mais de tendre une main secourable à nos voisins sur les lieux de travail, à refuser de gagner plus en s’aliénant davantage, à faire comprendre par l’exemple à nos enfants que les différences dans les groupes scolaires, de tailles, de poids, de couleur, d’intelligences vives ou tardives à l’éveil sont des différences propres à chacun d’entre nous et qu’elles peuvent jouer en notre défaveur demain à l’occasion d’une infinité de situations nouvelles.
Pourquoi ne sommes-nous plus capables de construire des cathédrales (nous nous plaçons seulement dans l’art de construire des monuments grandioses sans connotation religieuse), ce n’est pas une question de foi, c’est une question de main-d’œuvre. Notre manière de faire exclu l’intelligence de l’ouvrier, sa capacité de créer. La robotisation du monde par les machines est une sorte de décervellement de l’espèce, une abdication de l’humain, une forme de vie qui recommande l’abrutissement au travail et dans les plaisirs, entre deux journées de labeurs.

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