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Trump, en tout bien... etc.

Les mœurs politiques ont considérablement évolué en Belgique. Les ministres n’assument plus la responsabilité des actes commis par leurs subordonnés, comme ils ne démissionnent plus immédiatement, quand le gouvernement perd sa majorité. La défection de la N-VA n’a provoqué chez Charles Michel qu’une demande au PS de faire l’appoint jusqu’aux élections de mai, après plus de trois ans d’une formation sans majorité en Wallonie. Ce n’est qu’après le refus du PS, en traînant les pieds que le libéral a démissionné. Il ne pouvait faire autrement.
Il faut remonter au 27 septembre 1998, pour voir Louis Tobback, ministre de l'Intérieur, quitter le gouvernement suite au scandale de la mort de Semira Adamu, étouffée par les gendarmes, dans l’avion qui la ramenait à Kinshasa.
La Belgique n’est pas la seule à l’UE d’avoir au gouvernail des ministres qui ne se sentent pas responsables des gaffes de l’appareil. Le plus bel exemple, c’est Castaner en France, totalisant en un an sur la couverture de ses polices déchaînées : des morts, des éborgnés et des amputés, suite aux manifestations des gilets jaunes.
À ces ministres peu glorieux, il fallait un chef, une sorte de résumé de ce que Laurent Fabius à l’issue du scandale du sang contaminé avait énoncé comme une profession de foi : « responsable, mais pas coupable », transformé dans la version 2020 « responsable de rien et par conséquent, jamais coupable ».
Le plus cynique d’entre tous ces personnages, illustrant une démocratie du genre autoritaire, s’est désigné d’office et sans concurrent possible : Donald Trump.
Que ses émules européens se rassurent. On peut manquer d’honneur, mentir, inventer ce qui plaît aux électeurs et nier la réalité, sans pour autant perdre des voix. Voilà qui rassurera les futurs candidats belges à la non-démission, quoi qu’il arrive.
Trump est très proches de nos partis de pouvoir, il a des admirateurs partout et surtout en Flandre. Il s’est émancipé de toute obéissance à la loi, laissant aux péquenauds l’obéissance stricte. Ne pas se faire prendre et, pris quand même, nier l’évidence, la main sur la bible et l’œil mouillé, et pour le reste, choisir le meilleur avocat.

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D’après James Zirin « Plaintiff in Chief » Trump a été impliqué au cours de sa carrière de businessman, dans plus de 3.500 procès. Cela a permis à l’auteur d’expliquer en gros la tactique de ce finaud, que les tribunaux de commerce et pénaux voient comme leur punition : « …une politique de la terre brûlée, ponctuées de retards délibérés, de contre-attaques, d'obstructions, d'évitements, de confusions, de menaces de ruine et d'invocation du secret professionnel à tour de bras, afin d'éviter d'avoir à rendre des comptes».
Le modèle qui aurait inspiré Donald Trump dans ses démêlés commerciaux est un type qui s’appelle Roy Cohn. C’est le Bernard Tapie américain. Roy passe pour n’avoir jamais assumé ses responsabilités dans toute sa carrière d’homme d’affaires.
Trump est on le sait inculte, peu sensible à l’art, probablement le seul président à n’avoir jamais ouvert un livre qui fût de lecture, les siens n’étant que des livres de compte. On retrouve le même profil chez Cohn.
On décèle tous les trucs de Cohn dans la campagne de Trump pour la présidence.
La suite est édifiante. Les textes fondateurs des USA ont été écrits par de grands juristes. Ce pays s’appuie sur des procédures à n’en plus finir, quand vous avez de l’argent à dépenser par valises complètes chez les meilleurs avocats. Trump, qui passe sa vie à filouter et couper les cheveux en quatre, a institutionnalisé un système à deux vitesses très simples et très efficaces. L’adversaire est coupable de tout, y compris du mauvais temps, quand il pleut les jours d’audience. L’autre partie, la sienne, est innocente de tout. Le coupable a l’obligation de respecter la loi et doit subir sa peine, sur le temps que l’innocent poursuit fraudes et embrouilles. Donald Trump, du haut de son innocence éternelle, ne serait soumis ni à la loi, ni aux règles d’où dépend l'équilibre des pouvoirs.
L’affaire de l’Impeachment est un cas d’école. Il y a des témoins, des preuves, jusqu’à des communications téléphoniques. Il a conditionné un prêt pour du matériel militaire à un État souverain, à des renseignements sur un citoyen américain susceptible de le gêner aux prochaines élections. Sauvé par les Républicains majoritaires au Sénat que fait-il : il accuse les démocrates d’avoir monté une cabale contre lui ! Il n’est pas coupable !
Il a déployé ses stratégies de la parfaite mauvaise foi, pour montrer que la loi n'est au pire qu'un désagrément pour les élites.
Trump salit la démocratie. Il n’est pas le seul. C’est le chef de file d’une maffia. La loi n’est plus seulement ce bazar qui ne s'applique qu'aux losers, mais un instrument servant à éliminer un adversaire économique.
Pour mémoire, les manœuvres de la N-VA des dernières élections, la manière dont elle a tiré sa révérence au gouvernement Michel, indique qu’il y a du Trump dans la personnalité de Bart De Wever. Vous le lui diriez en face, je crois qu’il en tirerait de la fierté.

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