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Les erdogangsters en Syrie (suite et fin).

(Troisième et dernier article : Turquie en expédition militaire en Syrie.)
Des faits troublants apparaissent parfois dans la presse américaine (1), because l’incertitude des rédactions européennes, devant la confusion de la politique libérale de l’UE.
La présence du groupe terroriste Etat islamique (dont le chef Al-Baghdadi aurait été tué par un drone américain) dans les territoires syriens occupés par les Turcs, à quelques kilomètres de la frontière, demande réflexion. Comment la Turquie peut-elle les ignorer ? Les militaires turcs tués lors d’un bombardement sur les positions des djihadistes étaient carrément installés dans les retranchements des djihadistes d’Al-Baghdadi. Qu’y faisaient-ils ? Une hypothèse vraisemblable : ils y seraient en qualité d’instructeurs chargés d’expliquer le maniement d’armes turques, afin d’équiper ces terroristes dans la lutte contre les Kurdes.
De là à penser que les spéculations sur les liens possibles entre les services de renseignement turcs, le Millî İstihbarat Teşkilatı, et l’État islamique, vont bon train. Je n’ai pas trouvé cela tout seul, mais c’est le New-York Times qui l’écrit.
L’ancien marchand de cravate qui se veut le nouveau sultan aurait gardé dans sa manche l’ultime carte de Daech dans la région avec tous ceux de l’armée décimée qui ont deux doigts de cervelle et qui se sont dit mourir pour Allah, c’est bien, mais pas tout de suite, tandis qu’ils poussaient en première ligne les demi-cerveaux venus d’Europe croire au père Noël en djellaba. Ces émirs de la mascarade musulmane se sont requinqués à l’abri des chars turcs, sous l’œil bienveillant du nouveau Soliman le Magnifique, Erdogan.
Cet artifice laisse pantois les Américains. Faire des djihadistes assassins des chiens de meute contre les Kurdes, c’est vraiment prendre de court, l’OTAN et les Européens. Pour l’heure personne ne réagit. Erdogan serre des mains occidentales et est considéré partout comme le rempart de l’Europe des envahisseurs du Moyen-Orient.
La base américaine de l’OTAN à Incirlik (Turquie) détient toujours des missiles nucléaires pointés vers la Russie, reliquat de la guerre froide gardé par des soldats américains. C’est quand même un comble que ces outils périmés d’une guerre qui n’a pas eu lieu se trouvent encore dans un pays qui s’équipe en matériel soviétique, fait des mamours au terrorisme, tout en faisant partie de l’OTAN !

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Il suffit de lire la presse américaine pour comprendre l’embarras du Pentagone. L’OTAN, c’est de l’esbroufe à l’état pur. Il n’y a que les libéraux, la Belgique s’y illustre à un haut niveau (2), pour croire que l’OTAN protège l’UE des méchants voisins.
Retirer les missiles d’Incirlik, le Pentagone risque l’affrontement avec la Turquie ; ne pas les retirer, c’est accepter que les ogives deviennent otages d’un gouvernement hostile. Pour le deal, le secrétaire général de l’OTAN, un européen, n’a même pas été consulté.
The Spectator (3), un magazine anglais, organe de presse selon le concept anglo-saxon et mille fois plus libre que la presse belge et française, a rapporté un étrange coup de fil de Kushner, le gendre de Trump, à MBS (Mohammed Ben Salmane), intercepté par Ankara. Kushner aurait donné à MBS l’accord tacite de Washington sur l’enlèvement de Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné dans le consulat saoudien d’Istanbul. Erdogan aurait-il utilisé cet enregistrement afin de “convaincre” Donald Trump de le laisser enclencher son opération “Source de paix” en Syrie ?
Une rupture turco-américaine conduirait à une nouvelle redistribution des cartes au Proche-Orient. Elle se ferait dans le dos des Européens, de plus en plus pleurnicheurs, ce qui a le don de lasser Trump, au point de se moquer ouvertement de Macron, de Merkel et de la nouvelle marionnette « made in Belgium » Charles Michel à la tête du biseness de Bruxelles.
Le Proche-Orient restera instable encore longtemps, tiraillé entre les intérêts de Tel-Aviv, de Damas et d’Ankara, avec le cousin de Téhéran, instable lui-même à l’intérieur. Dans l’éventualité d’une rupture entre la Turquie et les Américains, la donne du Proche-Orient bouleverserait tout le système de défense de l’Europe. L’OTAN sans la Turquie, c’est de nouveau Soliman aux portes de Vienne et nous sans Sobieski et même sans moyen de contenir les tanks du sultan. C’est au tour de Poutine de jouer les belles-mères d’Erdogan, en Syrie. Sera-t-il moins « mou » que nous avec Erdogan, suite dans les jours à venir.
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1. La presse belge est pitoyable de veulerie. C’est inouï que ce soit Richard3.com, qui relaie gratuitement ce que les locuteurs anglophones lisent régulièrement.
2. Avec Georges-Louis Bouchez, le libéralisme rehausse sa connerie de plusieurs degrés.
3. The spectator : Politics, culture, current affairs and opinion. Weekly magazine featuring the best British journalists, authors, critics and cartoonists, since 1828. Les partis de gauche en Belgique auraient intérêt à lire la presse de droite anglo-américaine.

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