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Philosophie de crise.

La maladie nouvelle aura apporté plus de changements dans nos mentalités en quelques semaines, que la société de consommation, qui mit trente ans à nous habiter.
L’homme est malléable parfois si rapidement que ceux qui le vouaient à tout jamais au système économique de consommation, pourraient s’être trompés lourdement.
D’abord dans les faits. Les ressources de notre environnement ne sont pas inépuisables et deuxièmement, leurs exploitations intensives conduit à des catastrophes climatiques et autres. Cela étant dit cent fois sans résultat, voilà qu’il n’y a presque plus de trafic aérien, qu’on ne voyage plus et qu’on dit aux écoliers, restez chez vous, on paiera vos parents pour qu’ils puissent vous garder à la maison !
L’espèce se plie aux circonstances et s’adaptent, ce qui la place assez haut dans le vivant quant à sa résistance, surmontant ce qui contrarient sa survie.
L’inconvénient de cette rapidité d’adaptation, l’alerte passée, la difficulté franchie, l’homme reprend rapidement ses anciennes habitudes, retrouvent son endormissement critique bienheureux et oublie très vite le cours instant où il a cherché et trouvé, une parade à la menace immédiate.
Ce ne sont pas les choses qui nous troublent, mais l’opinion que nous en avons.
Après avoir frôlé le néant, l’homme sait que chaque seconde qui le sépare de l’échéance, n’est pas probable, mais certaine. Aussi la récuse-t-il, puisqu’ayant survécut à l’une, il s’illusionne pouvoir sauter l’autre.
En soi, c’est une bonne chose. Les peuples mélancoliques trouvent naturellement leurs remplaçants chez les peuples euphoriques.
Il ne faut donc pas négligé dans l’immédiateté de la pandémie, de changer le système avant que tout ne reprenne un cours stupidement normal.
Le pouvoir le sait aussi. Il évacue toutes les perversions qui le faisait l’agent d’une société marchande et riche de la spoliation des masses, pour s’improviser bon samaritain, tandis que les derniers heurts voyaient sa police matraque levée pour un oui ou un non.
Ce n’est pas le cas d’une Belgique en léthargie pour cause de palabres avortées entre le Rouge et le Noir ; mais ce l’est de la France, avec un préfet de Paris qui va certainement rengainer sa morgue, en cause la mutation d’un pré-despote, en saint François d’Assise au discours de ce soir sur Antenne 2.
L’appareil idéologique d’État fonctionne à plein, comme partout ailleurs. Il est recommandé, les gazettes ne s’en privent pas, de mettre la pandémie sur le même pied que la crise des bourses annonçant le krach qui devait arriver, avec ou sans COVID-19.
Certains en sont à souhaiter plus de morts encore, étant entendu que l’hécatombe serait accusée d’avoir conduit au marasme économique par les fermetures de tout ce qui produit. Ce qui n’aurait pas été faux en cas de haute conjoncture, mais contrevient aux analyses des marchés financiers qui prédisaient la crise, avant la venue du virus.

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Nous vivons donc en sursis, dans une double crise dont, à l’évidence, le pouvoir cherche à tirer son épingle du jeu. Les mesures contre les chômeurs, seraient postposées. Elles devraient être effectives en mai.
De même la privatisation de l’aéroport de Paris, si controversée puisque l’opposition a réuni un millions de voix réclamant un référendum, serait abandonnée par Bruno Le Maire.
Le coronavirus aura au moins le mérite de faciliter les rapports des grands avec les petits.
Ah ! l’élection, cette machine soi-disant infaillible qui met le bon citoyen en selle pour lutter contre le mauvais, en réalité réduisant à pas grand chose le pouvoir du citoyen dans la démocratie représentative. Plus le corps électoral est vaste, moins le vote individuel a de la valeur. Noyé parmi les millions d’électeurs, le citoyen se perçoit comme impuissant et quantité négligeable. Et voilà que l’élection suscite un nouvel intérêt !
Les candidats qu’il adoube sont loin de lui, au sommet du pouvoir. En théorie, ils sont au service du peuple. En pratique, c’est l’inverse. Alors se perçoivent durement les tendances aristocratiques et financières des parvenus, quand c’est trop tard.
Heureux ceux qui n’attendent rien, car ils ne seront pas déçus, semblent dire avec Shaw, les philosophes du renoncement.
Pour ma part, le coronavirus n’a rien changé à mes convictions. Cette société n’a aucun plan, n’a aucun but sinon d’enrichir ceux qui le peuvent, c’est-à-dire une minorité, par un système qui est un monstrueux leurre. Elle n’a qu’une idée fixe : durer le plus longtemps possible.

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