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Le temps des experts.

On n’en a jamais autant parlé en termes aussi peu flatteurs. Les experts en masques ont particulièrement défrayé la chronique, ces temps derniers, surtout quand il en manquait. Il en manque encore, mais on a appris à s’en passer, enfin des efficaces. Nous nous appliquons des choses sur le nez qui relèvent plus de la couture d’amateur que de la technique sanitaire. Les experts eux, sont toujours là.
Il y a probablement autant de catégories d’experts… qu’il y a d’experts.
Il y a l’expert par notoriété quand Trump ou Macron profère une ânerie, il y aura toujours une forte majorité à la croire, plutôt que si Duchmol l’avait dite.
Vous me direz Trump ou Macron ne sont pas des experts, à cela on peut répondre que beaucoup d’experts non plus. Cependant les deux présidents ont le profil, ils tranchent de tout avec la ferme conviction qu’ils ont raison. Ils répondent à des questions qu'ils ne comprennent pas, avec l’aplomb du spécialiste. Si ce n’est pas une des manières de reconnaître l’expert…
Viennent ensuite les experts officiels, ils ont fait beaucoup d’études et paraissent au courant des choses à expertiser, sauf, puisqu’ils sont officiels, ils auront sur toute expertise un regard convenu, une connivence tacite avec le pouvoir. C’est le cas de Sinardet et Delwit.
Sont-ils pertinents, ont-ils des arguments ? Ils en ont à coup sûr, mais engagés sur des chaînes TV, compromis par leurs bavardages, comme Delwit qui déménagerait à l’étranger si le PTB venait au pouvoir, ils sont suspects dans leur conclusion.
Ils ne sont pas experts en masque, mais en politique. Experts en conjectures depuis mai 2019.
Il y a l’expert passionné par son sujet, qui a tout lu dessus et qui en découvre encore. Mais, ces informations sont tellement profuses, qu’il est lui-même envahi par le doute sur les conclusions de ses recherches.
Enfin il y a l’expert de génie, comme le physicien Étienne Klein dont on perçoit seulement la moitié de ses raisonnements tant ils sont pointus. On a l’impression que, parfois, lui-même ne comprend pas tout à fait ce qu’il dit.

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S’il y a une bataille d’expert qui n’est pas près de sa conclusion, c’est bien sur la vie qui se serait développée sur une autre planète. Là, les experts sont chauffés à blanc. Ce n’est plus une aimable plaisanterie, une affaire de masque burlesque. On rejoint la catégorie des obsédés, des experts capables de meurtre sur qui les contredit !
L’astronome Frank Drake, en 1961, a tenté via les mathématiques une formule en équation : sommes-nous seuls dans l’univers? Du coup, on entre dans un monde quasiment parallèle, asymptote, celui des soucoupes volantes, des petits hommes verts, le royaume de l’ésotérique.
Ce farfelu a mis au point un calcul avec de nombreuses inconnues sous le nom d’équation de Drake. Son objectif: estimer le nombre d’êtres intelligents qui peuplent d’autres planètes dans la galaxie. C’est une monstrueuse aventure dans laquelle s’engouffrent les experts.
Combien d’étoiles existent dans la galaxie ? Combien de planètes autour? Parmi celles-ci, combien d’habitables? Avec une forme de vie ? Qui a développé une technologie capable d’envoyer des signaux dans l’espace ? En fonction des chiffres que l’on choisit pour chaque inconnue, on peut trouver un résultat allant de zéro à des milliards de civilisations extraterrestres. C’est dire que cette expertise, c’est la tarte à la crème qui régale les experts. Certains ont tellement été marqués, qu’ils sont entrés en équation constante dans un asile.
The Astrophysical Journal a ouvert ses colonnes aux chercheurs qui essaient d’affiner cette équation pour une réponse plus précise. Selon eux, il pourrait y avoir plus de 30 civilisations intelligentes dans notre galaxie capables de communiquer avec les autres. Ils détaillent au Guardian: “dans la Voie lactée, il y aurait entre 4 et 211 civilisations capables de communiquer avec les autres, 36 étant le chiffre le plus probable”. Mais elles seraient tellement éloignées les unes des autres que les chances de pouvoir dialoguer, voire simplement les détecter, seraient extrêmement minces.
Aux dernières nouvelles, de cette perspective, un nouveau doute surgit : “comment penser une civilisation non humaine à partir de concepts humains?”
L’expert donne des chiffres, puis dit en fin de compte « tout ce que j’en sais, nous ne pourrons jamais le vérifier » !
De même sans doute de cette pandémie, les morts, les masques, ce qu’on aurait dû faire et ce qu’on n’a pas fait , tout cela sur des graphiques, des statistiques, des énoncés, et un doute supérieur, celui de Malebranche qui plane sur toute spéculation.
Et si l’expert n’avait pour mission que de nous rassurer ?

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