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Ferme-la !

Voici quelques jours, une polémique amicale, comme devrait le rester les interventions entre « amis », s’engageait à propos d’un usager dont le site raciste était fermé par Facebook. Faisait-il l’objet d’une plainte ? A-t-il été fermé d’autorité ? On ne sait pas. C’est un autre débat.
Les intervenants étaient pour le blocage d’un mur raciste.
Ma position n’a pas changé depuis toujours. Je suis contre toutes les censures, même celles qui rassemblent l’opinion générale contre le censuré. En l’occurrence un internaute qui usait de termes orduriers et qui à défaut d’en raisonner les éléments, montrait un racisme crapuleusement bête tant sur le fond, que sur la forme. Je limite la liberté d’expression aux menaces de morts et aux appels au meurtre qui mettraient en danger la vie d’autrui, évidemment. Toute suppression, hormis celles-ci, porte atteinte à la liberté de s’exprimer sans laquelle une démocratie ne peut exister.
Tous les intervenants me donnèrent tort. Et on en resta là.
Mon raisonnement est simple. Comment répliquer à des racistes, des antisociaux, des intégristes ou des nationalistes, si pour des raisons de convenances ont leur interdit l’accès aux moyens de communication ?
Et je citai « Mein Kampft » le livre prémonitoire d’Adolphe Hitler, tout un temps interdit de vente dans les librairies, alors qu’il était commenté par des professeurs d’école et que les étudiants devaient en débattre !
La discussion reste ouverte. Elle n’est pas près d’être close. Tout débat doit être alimenté au moins à deux sources. Si l’on ostracise la contradiction, le débat est faussé et les constats qui en découlent perdent leur légitimité.

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On voit bien d’où la censure provient. Elle est le fruit d’une puissance officielle qui a le pouvoir de faire taire la contradiction. Elle s’exerce de manière plus subtile, sur le choix du système économique libéral, qui est celui de toute la société bourgeoise, propriétaire de facto de la pensée officielle, véhiculée par les médias, journaux etc. aux mains des propriétaires des capitaux et donc farouchement capitalistes. C’est dans ce cas, une censure par filtrage et initiative induite par la place qu’on occupe dans la société. La contradiction n’y est pas officiellement interdite, mais il va de soi que les journalistes ne se font pas faute de citer pour critiquer la contradiction socialiste, les plus maladroits contradicteurs.
On voit bien, à partir du moment où par naïveté on met un doigt dans l’engrenage, jusqu’où la nuisance peut aller : aux idées même que l’on défend !
Ce qui est interdit, ne meurt pas pour autant. L’esprit de résistance permet d’exister souterrainement et plus dangereusement qu’avant, puisque les auteurs entrent dans la clandestinité.
Le demeuré qui aboyait ses conneries sur Facebook et qui disparaît officiellement, ne l’est pas de facto et s’il publie encore, ce sera par d’autres moyens, pouvant toucher d’autres consciences plus fragiles ou confortées dans leur bêtise par des groupes secrets.
Une des conséquences de ces mises à l’écart pour « salubrité publique » est dans un tweet publié le 22 juillet, par Marion Maréchal, ex-députée Front national du Vaucluse et nièce de Marine Le Pen, dans lequel elle fait la promotion d’une application venue des États-Unis : Parler.com.
Voici la chose : “Pour contourner la censure de Twitter, beaucoup d’utilisateurs s’inscrivent sur le réseau social Parler”, écrit la directrice de l’Issep. Elle demande à ses followers de la rejoindre sur cette plateforme fondée en août 2018 par l’homme d’affaires libertarien John Matze.
Marion Maréchal n’est pas la seule personnalité publique française à avoir sauté le pas, écrit le Huffington Post.
Parler est devenu depuis quelques mois le repaire d’internautes pro-Trump où s’accumulent les messages racistes et antisémites, comme l’a mis en évidence il y a quelques semaines le site Numerama. Ils ne font rien d’autre qu’anticiper une censure complète de Twitter !
L’émulation provoquée par cette application va de paire avec les nombreuses suspensions de comptes décidées par Twitter, dans le cadre de sa croisade contre la haine en ligne.
Est-ce cela que veulent ceux qui applaudissent à la censure ?

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