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Trump ou le parjure au naturel.

On a beau traiter Trump de menteur et dédouaner son successeur Joe Biden sur la question du mensonge, force est de constater qu’aujourd’hui tous les habitués du pouvoir, de la démocratie à la dictature, mentent !
De l’Amérique à la Chine, en passant par la Belgique, comme les faits ne s’enchaînent jamais parfaitement, les chefs sont constamment dans le déni et le mensonge, pour conserver leurs électeurs.
Évidemment, entre un Trump qui ment tout le temps et un Paul Magnette qui ment quand c’est nécessaire, il y a toute une gamme de menteurs.
Tous ceux qui se lancent dans ce genre d’affirmation mensonger, afin de ne pas passer pour des destructeurs, des iconoclastes voire des Black-Block et montrer qu’ils sont toujours des démocrates, font une ou l’autre citation de Hannah Arendt, leur Sésame de la vérité pas toujours bonne à dire, mais que l’on dit quand même, par honnêteté.
Trump, à lui seul, est un fameux laboratoire de recherche en psychologie politique. C’est un grand fournisseur de mensonges. Il suffit de le suivre dans ses meetings et dans ses tweets et le pouvoir que ses mensonges ont sur les masses. C’est effrayant !...
Le raisonnement du menteur est imparable. La réalité est rarement parfaite et imprévisible. Il faut faire avec la matière brute, c’est-à-dire les faits, souvent contraires aux promesses et à l’action des dirigeants. Ceux qui ne sont pas des menteurs et des tricheurs compulsifs s’avèrent incapables de définir une logique parfaite d’évolution de la société et désigner des individus ou des groupes qui seraient responsables des déviations. Ils sont immanquablement toujours battus sur le terrain par les menteurs. Donc pour diriger et avoir des chances d’être réélu, il faut mentir !

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Le monde dans lequel les dirigeants font leur boulot en s’assurant que les faits sont conformes à leur volonté, est rêvé d’abord par les écrivains. Puis repris par les menteurs politiques qui en propagent le mythe. Les Journaux, les Universités, surtout les facultés de droit propices aux carrières politiques, partagent ce conte de fée avec la hiérarchie démocratique. Cette science fiction est vendue aux électeurs, sous la forme d’une vertu politique imaginaire. L’important en politique, c’est la foi, comme en religion. La vérité n’est le plus souvent partagée que par un nombre restreint de personnes que les journaux ne veulent surtout pas entendre, dès lors la vérité officielle, c’est-à-dire le mensonge, quand elle est crue par une grande majorité de gens, devient positivement la seule vérité !
D’où la méfiance de la majorité et même de l’opposition, envers l’électeur-raisonneur.
Seul le monde fictif peut assurer le dirigeant que les faits seront toujours conformes à sa volonté, puisqu’il les aménage pour celle-ci. Pour ce qui touche à l’événementiel de fait, il suffit de l’ignorer et d’inventer en parallèle une version satisfaisante. Une logique alternative peut être cohérente pour autant que le réel n’y entre pas. Même si Trump est un menteur pathologique, son système mensonger n’est donc pas un défaut de stratégie, mais le principe même qui la rend crédible.
À l’image d’Alice au pays des merveilles, Trump vit dans un monde parallèle. Ce monde obéit à une autre logique que celle du monde réel dont ses supporters ne veulent plus. Trump a inversé les critères du bien et du mal en politique. Ses discours et ses tweets paraissent simplistes et incohérents à ceux qui les examinent de manière rationnelle. Qu’importe ! Ses électeurs n’attendent pas qu’il se conforme à la raison cartésienne, mais au contraire qu’il rejette l’intellectualisme, les observations des experts et les discours bien argumentés.
Ses mensonges, ses provocations, sa volonté de ne jamais céder devant les arguments qui lui sont opposés, fussent-ils indiscutables, ont été les signes les plus manifestes de cette inversion. Sa vulgarité, son refus de ne jamais condamner les exactions des suprémacistes blancs ont témoigné de son rejet de la bien-pensance, à l’opposé du politiquement correct de tant de discours politiques. Il a donné à ces électeurs le sentiment qu’il disait tout haut ce que beaucoup d’entre eux ressentaient, mais n’osaient exprimer. Il a redonné leur fierté aux membres de la classe moyenne qui ont l’impression d’être considérés avec condescendance par les élites intellectuelles.
Trump est un cas d’école. L’usage systématique du mensonge ne lui a pas nui, puisqu’il a été près d’un deuxième mandat.

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