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Experts !

Le 5 janvier, le gouvernement De Croo a mis en place un nouveau groupe d’experts chargés
de suivre la Covid-19 dans ses différentes mutations et d’informer le gouvernement sur la manière de lutter contre ce virus.
L’infectiologue anversoise Erika Vlieghe reprend la présidence, après avoir démissionné de l’ancien suite à une altercation avec Jan Jambon, président du gouvernement régional flamand. Ce groupe est composé majoritairement d’experts médicaux. Un premier avis sur la possibilité de rouvrir les coiffeurs est attendu. Depuis, il s’est avéré que cet avis est négatif. Voilà ce que vous pouvez lire dans vos gazettes.
Cette pandémie aura permis aux experts et aux savants d’intervenir dans le domaine politique. C’est la première fois que l’implication de gens de savoir est aussi active dans le domaine politique et ça pose problème.
Par exemple, quand des experts controversent entre eux sur une question pointue, si je comprends bien la philosophie du gouvernement, c’est bien lui qui tranche et départage les experts ! C’est donc celui qui n’y connaît rien qui départage ! Et il le fait, en plus, non pas dans l’intérêt de la science, mais dans celui, politique, de son gouvernement !
Dans l’idéal, afin de « penser la politique sans penser politiquement » selon l’expression du sociologue Pierre Bourdieu, les scientifiques et les politiques constituent les deux faces d’un même travail, la différence est assez singulière ; car si une dispute scientifique se règle en laboratoire par l’expérimentation ou dans l’étude des statistiques, une décision politique se règle d’après une autre évaluation qui regarde l’opinion et aux effets de celle-ci sur l’avenir des partis politiques.
On sait comme le libéralisme est inconditionnel de la mondialisation des marchés et comment il recrute ses experts.

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Il est devenu nécessaire dans cette politisation libérale des milieux scientifiques, qu’un certain nombre de chercheurs s’associent au mouvement social, pour tout au moins dénoncer les dérives, afin que cette association scientifiques/politiques ne deviennent un club de copains.
Le marché avec ses deals, ses contrats, ses ententes a des effets pervers y compris dans l’association experts/politiques, encore invisibles pour la plupart des gens ; même si les grands groupes pharmaceutiques produisant les vaccins sont en train de nouer des alliances pour se faire mieux la guerre sur notre dos.
Le chaos qui se développe sous nos yeux n’est pas seulement le résultat des effets d’une politique hésitante, mais aussi produit par les chercheurs et les groupes pharmaceutiques.
C’est une sorte de non-assistance à personnes en danger. Certains scientifiques n’ont-ils pas d’abord le devoir d’intervenir envers des confrères qui s’engagent et portent en-dehors de leur savoir, une influence déterminée par les laboratoires sur les partis ?
Que devrait faire un expert, s’il a la conviction qu’il y a une corrélation entre la politique néolibérale et les taux de mortalité au Covid-19 ? Si cette politique donne tous les signes de ce que Durkheim appelle l’anomie, c’est-à-dire la disparition des valeurs communes ?
Comment, en conscience, rester muet, pour qu’on le lui reproche à l’heure du bilan, alors qu’on aurait dû le féliciter s’il ne s’était pas tût ?
L’expert n’est ni un prophète, ni un maître à penser. Il doit écouter, chercher et inventer, surtout se forger une conviction et résister à la politique néolibérale. En particulier, il doit ne pas être l’instrument involontaire et lutter contre l’effet symbolique qu’exercent d’autres experts engagés auprès des entreprises multinationales.
Il suffit de prendre connaissance du rapport de l’OMC (Organisation mondiale pour le commerce) pour connaître ce qui nous attend, avec ou sans effet pervers de la pandémie. À l’évidence, le monde sera encore plus ouvert qu’il ne l’est à l’invasion de virus jusque là inconnus, et ce dans les toutes prochaines années.
C’est le moment d’inventer des choses, sur base des experts, pour tout autant que ceux-ci soient dégagés de tout rapport d’intérêts particuliers dans les entreprises privées.
Et ça, ce n’est pas certain du tout.

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