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Le monde d’avant ?

Avant la formation du gouvernement De Croo, des politiques et notamment Magnette avait planché sur une commémo, celle du bicentenaire de la Belgique. Ils en sont friands en général pour détourner l’attention de la situation intérieure,
Ils se sont calmés depuis, attendu que ce serait pour 2030 et que cette législature va jusqu’en 2024. Ce serait intéressant de savoir pourquoi un pays artificiellement construit pour servir de tête de pont en Europe aux intérêts anglais, avec des peuples aussi différents que possible par la langue et les mœurs a tenu aussi longtemps ? Un sociologue pourrait se demander d’où vient le patriotisme de la première à la dernière génération ? On nous a menti à propos des légendes du genre « Charlier-Jambe-de-Bois » et tous les wallons derrière. Pourquoi l’État construit sans l’avis des gens et sans affinité particulière de ses composants, tout chancelant qu’il soit, organisé en usine à gaz, ne se disloque-t-il pas de lui-même ?
Une des réponses est la lassitude et l’oubli des gens. Le divorce est consommé entre le pouvoir et le peuple. Le plus bel exemple d’oubli, c’est toute la fureur et la rancune contre le gouvernement Wilmès et de sa ministre Maggie De Block, pour la gestion de mars 2020 de la pandémie à la fin de son intérim, le premier octobre 2020. Depuis De Croo, plus rien ! Tout est retombé après avoir coupé le gaz sous le poêlon du lait.
Que sont devenus les gens qui assuraient qu’ils se souviendraient des morts du Covid et que demain ne serait plus jamais pareil à aujourd’hui ? Les justiciers ont passé les deux Réveillons chez eux en très petit comité en zappant à la télévision, en quête d’un « beau » programme !
Le premier de l’an était couru d’avance : apaisement par la musique au son de la valse viennoise ou du bel canto de l’Opéra de Venise, au choix.
Il ne faut pas confondre apathie et sagesse. Ce peuple n’est pas sage, il est apathique. Et comment pourrait-il en être autrement tant les faiseurs d’opinion le travaillent pour l’endormir aux chants des sirènes d’une économie bourgeoise, réelle et bénéfique pour les oligarques de cette société, mais pas du tout douce et prévenante pour le reste de la population.
À quoi ressemblera l’après-pandémie ? Mais à ce que la vie était avant. Difficile pour les chômeurs, pénibles pour les travailleurs et agréables pour ceux qui commandent et dirigent économiquement et politiquement ce brouillamini.

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La crise sanitaire a eu du bon pour l’économie libérale. Elle a camouflé dans la pandémie une vraie crise économique dont on ne parle plus frontalement. Elle a introduit dans la société l’inquiétude, l’incertitude et la précarité, tous ingrédients réunis pour désincarner les rapports humains.
L’État nous pousse vers le capitalisme numérique. En Europe, Ursula von der Leyen poursuit la mondialisation des fabrications et des services en signant un accord commercial avec la Chine, pays très éloigné des droits de l’Homme. Qu’importe, puisque c’est dans le sens de la mondialisation du commerce qui, il y a six mois était dénoncé comme étant le facteur qui avait contribué à ce que nous étions dépourvus de tout pour attaquer de front la pandémie. Celle-ci n’est même pas terminée que le néocapitalisme repart de plus belle.
2020 avait donné un écho inhabituel aux aspirations latentes d’un « monde d’après ». Les lanceurs d’alertes écolos avaient multiplié les discours sur la « catastrophe » écologique quasiment certaine, si nous ne changions pas du tout au tout nos pratiques commerciales.
De Croo a des écologistes dans son gouvernement. Que croyez-vous qui va arriver de changements, sans lesquels personne ne donne cher de la survie de la planète ?
Mais rien, voyons. La réponse est simple. Nous ne sommes pas les seuls, l’Europe et par-delà les grands États du monde devraient s’accorder sur une politique écologique. Comme on le voit pour l’Europe, le type d’économie avec la croissance seul et unique moteur a besoin de performances en général destructrices de la planète, les autres en font autant. C’est la philosophie du glyphosate. C’est mauvais de poursuivre les épandages, mais si je les arrête le premier, je vais être pris pour un couillon par tous les autres, Donc je ne peux pas arrêter.
Un monde qui ne charrierait pas toutes les nuisances de l’ancien, et qui aurait même quelques vertus, est donc impossible avec le système économique actuel.
L’espoir d’un retour à une vie « normale », c’est-à-dire à la vie « d’avant » a supplanté le reste. Pour les populations qui paient le lourd tribut de l’effondrement économique, ce « retour à la normale » ce serait déjà beaucoup. Le MR qui voyait avec effroi sa clientèle de base, les artisans et les petits commerçants sombrer dans les faillites se rassure en appelant de tous ses vœux la vie « d’avant ».
La tension que décrivait Antonio Gramsci entre un monde ancien qui refuse de mourir et un nouveau qui peine à naître, résume à peu de chose le revenir en arrière. On a déjà oublié qu’hier, avant la pandémie, ce n’était pas fameux non plus.

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