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Gerbe à GERFA !

Le GERFA (Groupe d’étude et de réforme de la fonction administrative) vient de soulever un lièvre, comme s’il avait découvert l’eau chaude, alors que voilà trente ans qu’on entend la chanson : les cabinets ministériels s’accroissent d’année en année, quels que soient les ministres et les partis.
Si, les fonctionnaires disent ce qu’on sait partout, il serait mal venu de nous gêner en leur compagnie !
À l’heure actuelle, ils seraient plus de deux mille attachés de cabinet au Fédéral et à la Région pour faire passer les ministres plus intelligents, rédigeant leurs discours, réfléchissant pour eux, cherchant des arguments à l’opposition. On pourrait même imaginer que certains font les courses de madame et bêchent le fond du jardin qui n’a plus été retourné depuis que, jour funeste, le parti de Monsieur le Ministre était dans l’opposition.
Ceux qui pensent qu’il vaut mieux accroître le fonctionnariat dans les hautes sphères, pour en diminuer le flux ailleurs, se trompent. On engage aussi dans les commissariats pour chômeurs que sont les bureaux de l’ONEM et les claquedents des CPAS. On se demande même s’il n’y aurait pas concordance entre le fric économisé sur les pauvres bougres au renforcement des cabinets ministériels et les Inspecteurs La Bavure du chômage ?
Le texte du GERFA est assez clair sur ce pathétique besoin qu’ont les ministres de s’entourer de têtes d’œuf ; même si par prudence, le Groupe d’études commence par l’apologie de la démocratie et du système belge « La démocratie… est sûrement la méthode la plus efficace, la plus juste, la plus respectueuse des sensibilités ». Et de poursuivre avant de déballer les horreurs, de prévenir les cœurs sensibles « Le suffrage universel… a amené de profondes mutations qui ne paraissent pas toujours avoir été maîtrisées ».
Le complexe politico-partisan s’est surdéveloppé, le nombre de ministres s’est multiplié de manière exponentielle, de machins (dans le texte du GERFA), de cabinets, des intercommunales, de parlementaires, d’échevins, bref de tout, si bien que le pays est quasiment ingouvernable et qu’on voit des têtes de ministres apparaître de partout des tuyaux de l’usine à gaz, comme des méduses de sous des pierres.

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La clairvoyance de ce groupe d’études, ne saurait être contredite, puisque cette dérive grossissante des appareils d’État avait été dénoncée dès les années 80 ! Voilà donc quarante ans qu’on voit venir le désastre, qu’on est dessus à présent, mais ce n’est pas grave, puisqu’on l’avait prévu !
Enfin, où tous les citoyens sont d’accord avec le GERFA, c’est lorsque celui-ci termine son apologie de la démocratie belge par « Le GERFA avait perçu que cette dérive portait en elle un poison violent pour la démocratie et que l’administration ne pouvait passer sous la tutelle… que sont les partis au détriment des règles d’impartialité et d’égalité des usagers …les dérives étaient encore plus importantes dans l’enseignement, les administrations communales, pour atteindre un sommet dans les Provinces dans lesquelles le clientélisme et le népotisme règnent en maîtres. »
En clair, ce que le GERFA n’ose nous dire, on peut en conclure qu’en plus de tous nos maux, déjà accablés par la pandémie, l’économie aux abois, la misère qui augmente, nous sommes obligés de traîner derrière nous une cohorte d’inutiles ministres entourés d’aussi inutiles créatures du clientélisme. Clientélisme « clé de voûte du système belge » écrit Michel Legrand, l’éditorialiste du GERFA.
On se demande où Michel Legrand va chercher tout ça ?
N’importe qui le voit depuis plus longtemps que le GERFA. Pourtant les ministres, dûment entourés, conseillés, chouchoutés par une cour où il y a pléthore, semblent ne rien voir, ne rien comprendre, allant d’un pas tranquille, pérorant vers l’abîme, engageant de-ci, de-là le fils d’une maîtresse, l’apprentie coiffeuse d’une épouse, l’ami d’un pilier de parti, le neveu d’une divine qui a sucé deux générations de ministres dans le haut de l’avenue Louise, et surtout les fils de... passant de secrétaires d’État d’une législature, à ministres à l’autre !
Faut-il que les citoyens soient cons pour nourrir pareille engeance !

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