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Solidarité des élites !

Il y a un grave problème de démocratie en Belgique. L’électeur ne contrôle plus les élus. Les a-t-il jamais contrôlés ? Peut-être bien, il y a longtemps, et encore, il ne s’agissait pas d’un contrôle à proprement parler, mais des partis politiques qui savaient jusqu’où pouvoir aller.
Le dilemme est ancien, comment rendre conformes aux promesses électorales, les décisions du gouvernement ?
On s’est longtemps caché et l’on se cache encore derrière la sanction de l’électeur qui, tous les cinq ans, désigne en pourcentage le nombre d’élus que les partis auront à se partager.
C’est évidemment laisser, pour le reste de la législature, carte blanche à l’exécutif. En outre, il est très difficile de revenir sur les avantages, les indemnités et les salaires des élus, attendus qu’ils se les octroient à la majorité simple.
Revenir sur ce qui constitue aujourd’hui un casus belli permanent entre l’électeur et l’élu semble impossible dans ce type de démocratie.
La chronique d’hier soulevait le cas du sénateur coopté. L’esprit de la loi en la matière en a été détourné aux yeux de tous. Il n’y a pas de recours possible en l’état de la démocratie belge aujourd’hui. Et ce n’est qu’une toute petite chose à côté des inégalités qui soulèvent le cœur des citoyens en ces heures graves de la triple crise de l’économie, des finances publiques et de la gestion de la pandémie.
L’organisation de l’État est aberrante et par certains côtés monstrueuse.
Ce sont tout de même les élus au pouvoir qui se sont succédés rue de la Loi depuis les années cinquante qui ont fabriqué un système aux innombrables et redondants outils de direction qui nous vaut de traverser la crise plus mal que les pays voisins, avec neuf ministres de la santé et le reste à l’avenant !
Quand l’électeur aurait-il pu intervenir pour arrêter les folies législatives d’élus qui se vantaient de comprendre ce que nous voulions ?
Les Régions, les inter-Régions, les Provinces, les inter-communes, le Fédéral coûtent évidemment très cher, en sacrifiant aux nuances et aux particularismes. L’ensemble est d’une inefficacité terrifiante et donne lieu à des sources infinies de conflit.

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A la faveur des interprétations diverses des lois fédérales et régionales certains élus se transforment en hommes d’affaire. C’est une question qui n’a jamais été abordée qu’au travers des sanctions possibles, des mises-à-pied et des délits. C’est tout un personnel politique embarqué dans des sociétés mixtes, croyant qu’il pouvait gérer des entreprises publiques en bénéficiant des privilèges du privé, suivant l’exemple de CEO du privé qui vont jusqu’à se servir dans la caisse de leur société, sans encourir le moindre délit, tant que le conseil d’administration avalise.
Encore une fois, l’électeur ne peut en nulle manière intervenir pour empêcher cette assimilation du personnel politique aux mœurs et manières du secteur privé. Il est tiré parfois de son sommeil par de retentissantes affaires, comme NETHYS. Il apprend part les journaux les escroqueries, les faux, les illégalités nombreuses. Qu’y peut-il puisque la seule surveillance et guidance est laissée aux seules majorités politiques associées. Ce n’est le plus souvent qu’à l’occasion de déballages publics, que l’on observe les folles spéculations, la corruption des personnels, y compris celui chargé du contrôle de ces entreprises. C’est vrai pour le parti socialiste et le parti libéral.
C’est facile de crier à la corruption générale, quand c’est par le système que cette démocratie pourrit sur pied. L’occasion fait le larron et elles ne manquent pas dans cette foire d’empoigne. Les exemples d’enrichissement par la politique sont nombreux. Les deux MR qui cantinent à l’Europe sont de beaux exemples d’enrichis.
Le drame, c’est le système qui les a produits. Les lois les enrichissent, comment ceux-ci pourraient-ils être autrement que corrompus ?
Ce qui rend la corruption ou même la médiocrité des élus si pernicieuse, c’est la solidarité de corps qui unit les corrompus et les non-corrompus, par une sorte d’omerta qui touche au prestige de la fonction. Et de fait un Stéphane Moreau indirectement fait du tort à Jean-Claude Marcourt avant même qu’on sache si ce dernier est corrompu, comme un Didier Reynders est éclaboussé par Armand De Decker mort et sans qu’il y ait eu procès, que Reynders ait ou non trempé dans l’affaire du Kazakhgate.

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