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Cirer ses chaussures avant de les jeter.

Assez curieusement, il n’est lu sur Facebook (encore que très partiellement) que ce que le lecteur déteste. On le voit bien, le portrait équilibré suscite la méfiance envers celui qui portraiture. C’est qu’en politique on déteste ou on aime. Il n’y a pas de sentiment intermédiaire. On vient sur Facebook pour détester et on aime a fortiori ceux qui détestent bien !
Georges-Louis Bouchez fait le pari contraire. Il propose que nous l’aimions. Il se pense aimable et aimant. Il attend que nous lui vouions notre amour ! Si bien que sa clientèle ne se compose que de deux sortes d’usagers, les imbéciles qui le consacrent et le reste, qui est composé de ceux qui déclarent qu’on ne les y reprendra plus, les opposants qui argumentent comme si Bouchez allait leur donner raison au vu de la luminosité de leurs arguments et ceux qui se calment les nerfs en l’invectivant.
La galerie de portraits de mes phénomènes n’encourage pas les gens à les aimer. Aussi les ai-je accroché avec jubilation, je n’y tenais pas non plus. Ils ne sont pas de mes amis, puisqu’ils ne l’ont jamais été, dirais-je en contrariant William Shakespeare (Celui qui n'est plus ton ami, ne l'a jamais été.)
C’est fâcheux pour la démocratie, mais comment vivre dans un système qu’on appelle Belgique quand on n’en aime ni ses composants, ni les gâte-sauces des partis de pouvoir ?
C’est un peu je crois le fond de l’affaire et aussi l’utilisateur FB, qui vient parfois signifier par un signe qu’il m’a lu.

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Voilà qu’advient ensuite une sorte de cynisme qui n'est rien d'autre que l'art de voir les choses comme elles sont. Tout est subjectif, la manière est en effet de la façon dont on les considère. Tout discernement est aléatoire. Bouchez voit différemment ce que je vois.
Prêcher dans une sorte de désert (quelques dizaines de lecteurs) rend tellement perceptible l’inutilité des efforts fournis, qu’au lieu d’en appeler au désespoir, par tempérament, on en appelle à la gaîté et au je-m’en-foutisme.
La vie est courte, la science interminable, l'opportunité fugace, l'expérimentation faillible, le jugement difficile, mais la connerie est illimitée, on en tire ses dernières ressources.
Assez bizarrement, on touche d’autres catégories de lecteurs : les traqueurs du bel esprit, les rigolards à deux balles, les séducteurs à deux belles et les amateurs d’aphorismes.
Tout cela bien entendu ne fera pas avancer « la cause » d’un millimètre.
Justement la question est : quelle cause ?
Je ne peux pas prouver qu’un gouvernement à tort de diriger le pays, sans savoir moi-même de quelle manière j’aimerais qu’il soit dirigé ! Exemplaire ? Honnête ? cela va sans dire, sauf qu’eux aussi disent la même chose. C’est donc bien dans la valeur de l’objectif à atteindre que nous divergeons.
On en revient aux grands mots qui font fuir un lecteur élevé depuis l’âge le plus tendre à aimer le système libéral, confondant la liberté d’entreprendre et la liberté d’être. Si bien que lorsqu’on parle de socialisme, il confond ce terme avec le PS, un parti purement libéral. S’il pense plutôt « communisme anticapitaliste », il se referme comme une huître.
Le lecteur est avant tout un sentimental. Il donne à tout une valeur absurde et n'a aucune idée du prix de quoi que ce soit. Il cherche la vérité, mais il veut seulement la trouver là où elle lui plaît. Il est comme moi en somme. Je viens de m’en apercevoir en alignant ces mots… Puise-t-il s’en apercevoir en poussant l’héroïsme jusqu’à aller au bout de cette chronique.
Ce pays est malheureux. Les gens qui le commandent sont loin de nous valoir dans le sens holistique. Ce pouvoir est mauvais parce qu’il ne réussit pas à rendre heureux le plus grand nombre.
Il nous méprise, nous le lui rendons bien. Nous l’outrageons parce qu’il nous outrage. Il ne changera pas. Le jour où je devrai mettre de l’eau dans mon vin, je prendrai un verre de bière.

Commentaires

Excellente analyse

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