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L’indicible était invisible !

Comme il sera encore question de la main invisible, rappelons ce que l’orthodoxie économique entend par là. C’est une théorie selon laquelle, tout entrepreneur aussi prédateur, menteur, tricheur, voleur, soit-il, contribue à la richesse et au bien commun. Autrement dit, un petit dealer qui écoule ses pacsons et ramasse trois ou quatre fois la paie d’un ouvrier de toute une semaine, sur une après-midi de planque et de vente, contribue au bien commun. Maintenant que vous êtes au courant, on peut y aller.
C’est quasiment du surnaturel et en même temps du prêt-à-porter pour le président du MR.
La théorie de la main invisible est attribuée à Adam Smith l’idole vénérée par l’excrément du capitalisme actuel. Pourtant, il avait carrément des doutes quant à la capacité des mécanismes du marché de faire progresser la patache collective ne serait-ce que d’un quart de roue. En effet, le bonhomme voyait l’invisible dans les affaires, comme un voile masquant l’ignorance et les limites de la science.
Je passe sur l’irrationnel de l’invisible et la main de dieu derrière celle des affaires, pour en venir à ce cher Malebranche, philosophe plus fréquentable que la haute finance « toutes nos passions se justifient elles-mêmes, c’est-à-dire qu’elles nous suggèrent les opinions qui peuvent les justifier ».
Juste ce qu’il se passe aujourd’hui avec la pensée unique qui fait croire que la main invisible apparait comme un atout dans cette pandémie. Alors qu’à cause d’elle les hommes de science ne parviennent pas à s’entendre sur ce phénomène singulier et que le prix des vaccins oscillent entre 1 € 75 et 17 €. De par le bruit de la fessée invisible sur nos derrières dodus, il est impossible de s’assurer du nombre de doses livrées et de doses achetées. On se doute que de nouvelles fortunes s’érigent dans les coulisses de la foire d’empoigne au jeu de « Pique, pique à qui meurt gagne ».
Par le passé, le système mercantile ne parvint pas à imposer la domination totale d’une classe sociale sur le reste de l’humanité. En devenant naturellement les propriétaires des sciences, laboratoires et personnels d’invention et d’expériences, les grands financiers actuels sont en passe de réaliser l’ultime jackpot qui aura raison de l’humanité.
Le petit dealer de quartier pourchassé par la police, en changeant plusieurs fois de métier, sera devenu par mutation et métamorphose, le grand bourgeois célèbre par une marque dont il est propriétaire ou par un ensemble des réseaux de part le monde qu’il contrôle.

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L’usage de la main invisible l’aura propulsé au rang d’idéologue du marché, voilant les inégaux rapports d’échange.
Ainsi s’élabore une réalité qui montre les États-Unis et la Chine en mesure de vacciner plus vite et à moindre coup l’ensemble de leur population que toutes les autres Nations, l’Europe comprise, puisque ce sont dans ces deux grands pays (auxquels on pourrait ajouter la Russie, si celle-ci rayonnait aussi mondialement, ce qui n’est pas le cas) que se concentrent les détenteurs du pouvoir invisible.
L’orthodoxie libérale se présente aujourd’hui comme l’avatar du système mercantile et nous apprend beaucoup sur la structuration de la « science » économique.
La théorie selon Hayeck (1) propose de revoir une main invisible plus du tout la même dans la définition de celle d’Adam Smith, celle qui prestement subtilise les productions mondiales de toute chose en passant inaperçue dans son processus délictueux. Tour de passe-passe sous l’œil complaisant des partis libéraux qui ne protègent pas le peuple des prédateurs.
Lors d’une de ses dernières et nombreuses interviews avant de pantoufler à la Commission européenne, Didier Reynders avait une fois de plus montré son parti pris et sa méconnaissance du problème mercantile dans l’organisation économique portant sur la main invisible, faisant du MR un continuateur exemplaire d’Adam Smith. On peut douter qu’il l’ait vraiment lu, ce qui serait bien dans son profil, sinon, s’il l’a lu, de sa confondante ou hypocrite mauvaise foi.
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1. Hayek a travaillé dans le domaine de l'économie de l'information. Il a analysé les causes des crises économiques en particulier de celle de 1929. Il a développé aussi une théorie de l'entrepreneuriat, du rôle des institutions politiques et des réformes nécessaires selon lui du système monétaire moderne.

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