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Classe et déclasse.

Les regroupements de jeunes dans des parcs publics ont été qualifiés de « descentes de bandes urbaines » (journal La Meuse) par les médias.
La lecture des journaux, tous propriétés des amis du pouvoir, est pratique pour des recherches sociologiques. Les jeunes que l’on a vu ces temps derniers, dans des endroits disposant d’un grand espace pour les mouvements de foule, ne sont pas des blacks-bloc, cherchant la baston avec la police.
Voilà qui rend les autorités perplexes. Certes, on identifiera un jeune « violent à antécédents » occasionnellement, la plupart d’entre eux sont des étudiants issus de la classe moyenne. Ce type d’événements a lieu dans des endroits bourgeois, réputés de loisir collectif. On ne voit pas ça à Molenbeek ou au parc Josaphat à Schaerbeek, mais au parc du Cinquantenaire, au bois de la Cambre, à Louvain-la-Neuve, à la Boverie, à Liège.
Entendez par là que la misère ne se déplace plus. Elle ne réclame plus. Elle est « assommée » par les faits qui aggravent la précarité économique. L’esprit gilet jaune n’est pas mort, mais par la pression des événements, il est à terre comme George Floyd, plaqué au sol sur le ventre et immobilisé par un policier, un genou sur le cou.
Les mesures de confinement sont bel et bien contestées par la jeunesse des classes moyenne et supérieure, plus que par les classes populaires.
Une autre lecture du moment pourrait être que les classes inférieures soient plus intelligentes que les autres et se réservent pour des occasions meilleures que celle de courir un risque sanitaire à revendiquer son droit à la liberté de circuler, quand bien d’autres droits sont oubliés.

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C’est l’occasion de refaire de la sociologie pour constater que cette société est une société de classes et qu’elle n’a jamais été autre chose. La faute du grand virage du parti socialiste est là, elle se vit sous nos yeux. En abandonnant le principe de la lutte des classes, le PS y a perdu son âme en devenant un parti libéral comme les autres. En adhérant au néolibéralisme et à la société de service, le PS est entré dans la nasse des intérêts particuliers dont il ne pourra sortir. Le terme de « classe » ne dérangeait pas le PS, c’est le mot « lutte » qui l’embêtait.
La société belge de classe s’établit sur cinq niveaux dont les quatre premiers par entraînement du leadership sont en gros pour la politique américaine, l’euro et le libre échange, même si la pandémie révèle les limites du système et laisse apercevoir sa fin.
Le dernier, celui des classes populaires, est le niveau principal parce que le plus nombreux et le plus intelligent par holisme. Il pourrait faire la loi s’il n’était partagé entre ceux qui croient encore au phénomène libéral, et les autres qui ont compris que le libéralisme est dominateur sous le contrôle de la première classe en Belgique.
Je simplifie à l’extrême, tout en restant dans l’absolue vérité des faits, de sorte que tout le monde peut comprendre le travail classificatoire que les socialistes récusent.
La classe supérieure qui domine les autres, les commande et les exploite est faite de l’aristocratie d’État, des milliardaires et de leurs héritiers. L’aristocratie d’État vit des libéralités que les dignitaires des partis placés au plus hauts postes se sont octroyés. Ils sont en symbiose avec les milliardaires et leurs héritiers, tant qu’ils suivent implicitement les intérêts de ces derniers.
En deuxième position, très proche de la première classe, mais cependant, malgré les passerelles, sous sa complète direction, viennent les gestionnaires des biens des premiers, la bourgeoisie industrielle, successeurs des maître des forges des siècles passés, petit-fils des enrichis sous l’occupation allemande, intéressés dans les lobbies de tout sorte, y compris pharmaceutique.
Troisièmement, la petite bourgeoisie, la plus ambitieuse, mais qui réussit rarement, sauf par mariage de monter à la deuxième, faite de petits entrepreneurs et de professions libérales. C’est la dernière qui compte du personnel, parfois en grand nombre et qui reste un des piliers du libéralisme extrémiste de droite.
La suivante est la plus mal en point actuellement malgré les aides massives de l’État. C’est celle qui est en train d’échapper à l’emprise des précédentes par l’effet de désastre de ses petites entreprises et commerces de proximité, c’est la classe micro-bourgeoise, la hernie-étranglée des autres et qui risque de faire mal à l’État bourgeois en se délitant.
Enfin les classes populaires, celles dans lesquelles le plus clair de la population se retrouve, creuset d’où sortira peut-être un jour une autre projection de société, qui depuis les chasseurs-cueilleurs de la grotte de Vallon-Pont-D’arc, n’a cessé d’évoluer. Raison de plus d’affirmer que la société actuelle aura eu aussi son temps de passage et qu’il est en train de s’achever.

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