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Les PS en troubles identitaires.

Le Socialistische Partij Anders (sp.a), le jumeau flamand du PS walon, change de nom. Ce n’est pas anodin. On ne change pas quand on gagne. On ne change que lorsqu’on perd ou que l’on craint la culbute. Il s’appellera dorénavant Vooruit (en avant). Tous les partis socialistes d’Europe sont en perte de vitesse, sinon en chute libre comme le PS français.
Richard3 y voit la conséquence d’une perte de sens. Le socialisme à la française ou à la belge, c’est kifkif. En ralliant leurs partisans au libéralisme classique, les PS font doublon avec les autres libéraux rivés à la copie conforme du capitalisme américain. Du coup les voilà en concurrence avec la droite pour garder le drapeau stars and stripes, une idéologie en train d’être contredite sur le terrain, comme la meilleure possible.
Les PS ayant sottement abandonné la critique de la société, celle-ci sous l’emprise du libéralisme, se façonne à l’image de l’individualisme égoïste. Les partis socialistes se sont défaussés eux-mêmes de leurs atouts naturels qui sont les défenses des préjudiciés de cette politique. Ils en paient les conséquences.
Le Vooruit en est la démonstration.
Aux élections fédérales de 2010, le parti séparé de son partenaire de cartel Spirit (absorbé par Groen) ne perd qu'un député au niveau national. Lors des élections fédérales de 2014. Les socialistes freinent la perte des voix, même si ses résultats sont en baisse à tous les niveaux : fédéral, régions flamande et bruxelloise et parlement européen. Le déclin continue aux élections fédérales de 2019, où il perd des députés à quasiment tous les parlements. Il constitue, toutefois, le gouvernement fédéral de cotation Vivaldi avec le PS, les libéraux, les écologistes et le CD&V.
Les partis socialistes de l’Europe de l’Ouest ont cru qu’en changeant de pied, leurs électeurs en changeraient aussi, puisque dans leur esprit, la lutte des classes était abandonnée dans un consensus général.

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Or, cela ne s’est pas passé de la sorte. Les clivages sont restés forts, pire, ils se sont aggravés. Se voyant trahi par leurs dirigeants, les électeurs socialistes sont allés voir ailleurs. Dans leur désarroi, en France, ils ont adhéré principalement au parti de Marine Le Pen et accessoirement aux Insoumis de Jean-Luc Mélanchon. En Belgique, ils se sont tournés vers le PTB des deux Régions, nourri le Belang et moins généreusement, la N-VA.
Cela signifie, qu’échaudés par une falsification de l’idéologie socialiste, les électeurs n’ont pas changé de parti pour retomber dans un similaire, en l’occurrence l’Open VLD en Flandre et le MR en francophonie.
Ainsi donc, le Sp.a, avec trois mois de retard sur la date initialement prévue, prend officiellement le nom de Vooruit. Conner Rousseau explique que cette nouvelle dénomination doit permettre de rompre avec « la vieille politique ». Il précise que les valeurs centrales du parti ne changent pas, au premier rang desquelles il place la solidarité (sic). C’est quoi la vieille politique pour Vooruit ? Sinon, la mise à la retraite des brontosaures du parti !
Conformément à un accord conclu avec le Parti socialiste (PS), Vooruit emménagera le 1er mai prochain au siège central du PS à Bruxelles, l’inévitable boulevard de l'Empereur.
Mine de rien, cette fusion des sièges met les deux partis en rétropédalage à contrario de la politique fédérale, ce qui ressemble fort à un refus de confédéralisme.
Mais, c’est surtout, une volonté des socialistes francophones d’accentuer leur penchant au libéralisme à la flamande, durcissant les conditions d’entrée des pauvres de ce pays à la solidarité nationale.
La Sp.a en volant au centre culturel gantois le nom de « Vooruit » joue sur la confusion des genres et s’efforce à s’approprier la vogue pour ce centre bouillonnant, logé dans un impressionnant monument centenaire de Gand. Le Vooruit socialiste voudrait-il signifier qu’il va proposer bientôt boulevard de l’Empereur, du théâtre, de la danse et des jeux de l’esprit ?
Notez, ce n’est pas bête dans le fond. Mettre en scène une partie de scrabble entre Paul Magnette et Conner Rousseau, le jeune président du Vooruit, pendant les heures creuses au cours desquelles le personnel écoute religieusement Jo Biden donner le « la » du libéralisme, c’est détourner l’attention des derniers militants du drame social qui se joue en Belgique.

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