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Le temps des dragueurs lourds.

En ce siècle où la vitesse est partout maîtresse, la lenteur de la magistrature a enseveli la présomption d’innocence sous l’avalanche d’articles mélangeant dans le même opprobre, Patrick Bruel, Olivier Duhamel, Richard Berry et Patrick Poivre d’Arvor.
« Si tu penses comme un grand nombre, ta pensée devient superflue » écrit Valéry dans son livre « des mauvaises pensées ». Essayons de ne pas penser comme le grand nombre… ces quelques noms y traînent, du chanteur à voix cassée, au comédien hors-pair, à l’ancienne gloire des médias, sans oublier le grand intellectuel rive-gauche. Pour le public, ils ont cédé aux guignons de la chair, dans la confusion des sens, sans que la partie adverse le leur demande. La présomption d’innocence dont tout accusé se prévaut n’est plus de saison. Celui qu’on accuse a pour premier réflexe de clamer son innocence, même si ses victimes survivent à l’antidépresseur.
Il est difficile à l’opinion de ne pas trancher avant l’abandon de la procédure en raison de la prescription, faute de preuve.
Les investigations ne sont publiées que si les événements sont assez salaces pour « allumer » le lecteur. Comment voulez-vous que celui-ci reste de glace ?
Le cas Bruel est exemplaire. On y lit presque en toutes lettres, que le fantasme de Patrick, c’est la masseuse du grand hôtel où il descend. Les journaux insistent. S’il ne s’était agi que d’une lubie après-soirée de poker, d’un geste non équivoque fichant par terre vingt années de bonne réputation auprès de ses fans ! « De nouveaux signalements semblent accabler Patrick Bruel », titre le Parisien. « Deux nouvelles femmes ont récemment adressé une lettre au parquet d'Ajaccio, pour dénoncer des comportements et des gestes déplacés du chanteur à leur encontre. L'une d'elle a porté plainte, résume le feuilletoniste sexuel de la gazette. Cela fait quand même trois personnes de la même corporation, victimes du syndrome Pââtrickk.
Distillé avec les petits détails qui font tout : Bruel nu exigeant un extra, sous la menace d’une plainte à la direction à l’encontre de la récalcitrante, le tout multiplié par trois versions plausibles et à peu près identiques, le lecteur est ébranlé. La présomption d’innocence est celle dont plus personne ne croit. Voilà les juges coincés entre la relaxe faute de preuve et une peine minimale. En attendant le crooner français poursuit sa carrière avec ses habitués fanatiques, tandis que les goguenards font l’économie d’un fauteuil, pour suivre chez eux, dans le DSM, les addictions arrachant des orgasmes dans leur montage théâtralisé, la table de massage, l’essuie éponge, le tablier transparent de la masseuse, Bruel en érection, etc…

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Senior sémillant et portant beau, Patrick Poivre d’Arvor s’est présenté au tribunal sous les flashes et le brouhaha des vides-tinettes de l’actualité. L’enquête pour viols visant l’ancien présentateur vedette du journal télévisé de TF1, Patrick Poivre d’Arvor, a été classée sans suite pour « prescription » ou pour « insuffisance de preuves », en réponse à huit plaintes, a indiqué vendredi 25 juin le parquet de Nanterre.
Son ancienne Maison, TF1, n’a pas attendu le jugement, ni la présomption d’innocence, pour le portrait d’un présentateur-vedette assez lourdingue dans son butinage de la stagiaire. C’est bien le fait d’un Narcisse adorant son reflet, si sûr de sa beauté et de son influence, qui n’a jamais perçu la différence entre un consentement et la reddition à même la table de bureau.
Florence Porcel reproche au journaliste de 73 ans de lui avoir imposé un rapport sexuel non consenti en 2004 et une fellation en 2009, « ces faits (…) ne peuvent caractériser le crime de viol dans la mesure où aucun élément ne permet de confirmer les propos de l’un ou de l’autre concernant l’existence de cette scène », a écrit la procureure de Nanterre Catherine Denis dans un communiqué. Malgré ce qu’en dit la mère Denis, les anciens se souviennent à TF1 d’avoir conseillé aux jeunes imprudentes d’éviter l’ascenseur de PPDA.
L’absence de preuve, sous-entendant que la parole du notable est supérieure à celle de sa victime, devrait inciter les violeurs à passer notables avant de laisser libre cours à leur pulsion.
Restent les affaires plus lourdes ayant pour victimes des mineures. Olivier Duhamel, l’intellectuel flamboyant descendu en flammes dans un livre écrit par sa belle fille et la famille Berry divisée sur les faits incestueux, contestés par Richard Berry, sur sa fille Coline Hiégel-Berry.
J’avoue renoncer à l’ironie. Quelque chose me dit que certaines affaires réclament du sérieux et de la retenue, en attente des juges.

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