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Comment peut-on !

On voit d’ici madame de Grignan écrire à sa mère la marquise de Sévigné.
« Ce tantôt » les affreux garnements de la ferme du château ont débusqué un nid de caille. Ils en ont aussitôt dérobé les œufs. Quoique nous eussions défendu depuis le château de toucher aux nids, ces petits sauvages n’écoutèrent personne. Notre bon fermier Basile voulut compenser d’un supplément notre dû en baillage. Nous l’en défendîmes. Qu’eussions nous fait d’œufs non couvés du marché ! Cela n’eût point rendu la vie des oisillons perdue à jamais à cause de ces petites brutes.
Mais comment peut-on ? ».
Notre civilisation correspond tout à fait à ce « comment peut-on ? » de madame de Grignan.
La société européenne, après le désastre de Kaboul, à la vue de ces Talibans à mobylette faisant fuir les tanks de l’armée de l’État mise sur pied à coups de milliards par les Américains, a quelque chose de fascinant.
En 2021, Marie-Thérèse Grignan épouse Pissouraille, viticultrice au Pic Saint-Loup, peut écrire, à son amie montée à Paris : « Nous avions beaucoup espéré de la démocratie qui nous promettait de grandes choses. Nos amis américains s’employaient en ce sens. Notre religion, notre culture, tout enfin ferait basculer l’impiété et la barbarie dans un univers rendu à la spiritualité non dépourvue de confort. Par l’exemple, ils ne pouvaient que nous imiter et monter dans le juste commerce et la libération de la femme en même temps. Las ! Il n’en est rien. Une poignée de sauvage, au nom d’une religion indigne en comparaison de la nôtre, pillent, violent, assassinent et font régner la terreur. Mais, comment peut-on ? ».
Tout est dit.
L’indignation de bon aloi va courir en bruit de fond dans la société occidentale. Une religion locale moribonde contre une autre, en plein essor, qui s’implante par ses fanatiques, la laïcité n’a pas fini de souffrir entre ces deux monstres.

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Nous allons recueillir ceux qui ont cru en nos salades. On attend en chorus leur « comment peut-on ? ». Cette indignation pourrait courir jusqu’à un autre « comment peut-on ? » qui pourrait nous toucher au premier chef.
Pendant ce temps, une barbarie nouvelle aura fait ses preuves dans une autre partie du monde et ainsi de suite. Puis un jour, fatalement, il y aura de la place pour un « comment peut-on ? » en Europe même. N’y en a-t-il déjà pas un à Marseille où Macron, en verve, y dit et applique des recettes vieilles de quarante ans et qui n’ont servi à rien, là où les dealers ont établi des check-points au bas des immeubles qu’ils contrôlent.
Alors, il y aura fatalement un jour des guerriers en mobylettes qui remonteront l’Avenue Louise. Le gouvernement, le roi et les partis auront depuis longtemps trouvé un point de chute confortable à Dubaï ou ailleurs. Les parents et amis des guerriers motocyclistes auront sorti les drapeaux victorieux. Avec certains inconditionnels de l’universel, ils applaudiront les vainqueurs.
Depuis les serres de Laeken, l’émir exigera plus de foi des croyants. Les infidèles finiront à la casserole.
Dans la foule clairsemée, il y aura une petite fille de madame Pissouraille qui aura pris soin de se vêtir d’un niqab et qui soupirera au passage de la charrette des condamnés « Mais, comment peut-on ? ».
N’est-ce pas la leçon de l’histoire : les civilisations naissent et meurent ?
N’a-t-on pas assez étudié la Grèce Antique, Rome et Byzance pour le savoir ?
Allez dire à un Turc qu’il n’est pas chez lui sur le Bosphore ? Alors qu’Erdogan voudrait « pacifier » la Grèce et s’essayer devant Vienne, pour savoir s’il n’a pas plus de chance que l’autre !

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