« Macron, les yeux dans les yeux ? | Accueil | De l’arquebuse au drone tueur. »

Le cimetière des éléphants du PS.

On ne verra pas de sitôt, un président du PS belge invité en France à un Congrès du PS français. Le dernier à se trouver au premier rang à côté de François Hollande, premier secrétaire, et de Martine Aubry, cheffe de la puissante Fédération du Nord, fut Elio Di Rupo.
On dit qu’à fréquenter des gens qui ont la poisse, on l’attrape aussi.
Le chant du cygne, le dernier cri, du PS français fut poussé par Hollande frais élu président qui stipendiait les riches. Pour résoudre son problème avec la finance, il introduisit Macron à Bercy. La messe était dite.
En renonçant à se représenter en 2017, Hollande n’a pas poussé le PS au déclin, mais c’était plutôt le croquemort à la levée du corps à la suite d’un constat de mort cérébrale.
Un score à un chiffre en 2017 pour le PS, c'était le signe d'un déclin historique. Mais le score d’Anne Hidalgo fixé par les sondages à 2 % d’intentions de vote en 2022, c'est un avis de mort clinique. La pauvre, elle patauge en montrant ses limites et ses maladresses. Cette femme est pleine de mépris et de ressentiments pour Mélenchon et Eric Zemmour. Elle est allée jusqu’à traiter ce dernier de clown, c’est dire le niveau.
La maire de Paris ne porte pas seule la responsabilité de ce désastre annoncé. L'échec du quinquennat Hollande et les divisions qu'il a provoquées au sein du Parti socialiste avaient déjà miné la candidature de Benoît Hamon en 2017. La candidature Macron a achevé le processus de décomposition d'un parti qui n'avait plus d'autres ambitions que la survie électorale de certains élus locaux.
Benoît Hamon humilié par son propre parti, « Hidalgo a connu bien pire, elle a subi le supplice que certaines peuplades infligeaient aux membres des tribus vaincues; ils étaient réduits en esclavage et condamnés à porter un cadavre attaché sur leur dos. » Slate magazine.
Ce qui est terrible pour un parti au bord de la faillite serait de ne pas atteindre les 5 % de votants lors de l’élection. Ce qui ferait que le parti ne serait pas remboursé de ses frais de campagne !
Je pense profondément que la décomposition de la sociale démocratie en France obéit aux mêmes causes qu’en Belgique. Les mêmes effets se verront tôt ou tard en Wallonie et à Bruxelles. Ce n’est pas le PTB qui en est le détonateur. Ce parti recueille les électeurs déçus et ce n’est pas fini. Cette décomposition est survenue dès les premiers signes de la conversion des Partis socialistes au néolibéralisme à partir des années 90.
La gauche française abandonna son électorat populaire qui s’inscrivit en masse au Front National. La catastrophe fut évitée en Belgique faute de repreneur si ce n’est que ces dernières années le PTB a pris le relai, ce qui est une chance par l’occasion de rester à gauche et d’y revaloriser les valeurs perdues.
Aujourd’hui, le PS français est bel et bien mourant et son homologue belge, s’il n’est pas encore à l’agonie, n’est pas très heureux que les affaires judiciaires se soient portées à notre bon souvenir en condamnant Alain Mathot.

1ahidal1.jpg

Ces deux chutes conjuguées ne sont pas seulement électorales, ni politique, mais existentielles. On le voit bien comme le PS dans le gouvernement d’Alexander de Croo est traité par le MR, naturellement néolibéral. L'identité du PS est devenue aussi volatile qu'un gaz. Le parti se cherche un récit, depuis qu’il a laissé sa saga aux historiens. Mais il n’en trouve pas conforme à la modernité qu’il aimerait tant représenter. Le PS est sans voix. Il est aphone.
La gauche n’a pas senti la nature du piège du néolibéralisme, la « mondialisation », que deux ans de pandémie ont mis à mal. Quand elle s’en est aperçue, il était trop tard.
«Est-ce là tout ce que nous lègue cette magnifique histoire de deux cents ans inaugurée solennellement par la Révolution française ? Est-ce là l'héritage de Robespierre, de Danton, de Jaurès, de Rosa Luxembourg, de Lénine, de Gramsci, d'Aragon, de Che Guevara? La nudité. Le ventre nu. Les couilles nues. Les fesses nues?» (Kundera. La Fête de l’insignifiance).
On a déclaré le monde sans frontières, mais les murs de séparation se sont dressés partout dans le monde. Nous sommes libres de nos mouvements, de notre parole et enchaînés à nos connexions, guidés non plus par les haut-parleurs des régimes totalitaires mais mezzo voce par la musique des smartphones. Les applis nous relient mieux que les défilés collectifs et les injonctions de la mode ont remplacé les circulaires du parti… Le marketing fait la guerre et enchante la communication de crise. Les gens ont la tête ailleurs, mais ils ne savent pas où ! La misère, la guerre, les épidémies, la pollution sont plus belles au soleil des séries télévisées.
La politique a cédé son rôle à la fiction, elle ne vise à rien d'autre qu'à se mettre en scène. Triomphe du besoin de représentation sur le sentiment de l'impuissance à vivre. Quand on ne peut plus vivre les choses d'une manière authentique, il ne reste qu'à se représenter soi-même en train de les vivre. C'est ce spectacle de l'impuissance à vivre et à changer la vie que donne le PS dans cette élection.

Poster un commentaire