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Le Premier de Mai 2022.

N’en étant plus à une provocation près, GL Bouchez fera son Premier mai à Ans !
Sans doute, fêteront-ils autre chose que le muguet du Bois de Chaville et la fête des Travailleurs voulu par les communards de 1871. Par exemple, le Premier mai d’Adolphe Thiers et des Versaillais, avec dépôt de gerbes au Père-Lachaise.
Qu’importe, c’est l’intention qui compte. Les Bleus jouent sur le symbole et le désintérêt des gens pour l’Histoire. Toussaint Maheu est mort avec Germinal, le livre de Zola qu’on ne lit plus.
Déjà sous tente à Jodoigne, les dirigeants historiques de la bande à Michel, s’étaient moqués des derniers socialistes à dire l’Histoire et les luttes ouvrières. GL Bouchez, avec son chouia de provocation en plus, ne pouvait que séduire les « Charlistes », anciens brigadistes de Chastel à Wilmès.
Les classes populaires demeurent majoritaires en Belgique, mais sont dramatiquement divisées. Encore que si elles s’étaient éparpillées dans une large gauche PTB – PS – Ecolo, on pouvait rêver à un grand rassemblement. Mais l’impensable s’est avéré une réalité, puisque des électeurs de conditions modestes, archi exploités par l’Etat et la bourgeoisie, votent régulièrement pour le MR, le CDH, les parti flamands nationalistes et même des listes éphémères d’extrême droite qui naissent et meurent à cadence régulière.
En Belgique, près d’un actif sur deux occupe un métier d’ouvrier ou d’employé. L’édifice profondément inégalitaire ne tire son épingle du jeu que par la frime du diplôme. Peu diplômée et donc mal payée, la majorité de ce pays a, depuis longtemps, abdiqué sa supériorité numérique, pour s’aller vendre au moins offrant. Alors qu’avec l’effondrement de la classe moyenne inférieure, la distance sociale se réduit avec le prolétariat et qu’ainsi cette majorité ne peut que se renforcer à l’avenir.
Les partis fondent leur stratégie électorale sur la dissémination de la majorité réelle et n’hésitent pas à troubler les esprits en pêchant des voix tout à fait inattendues. Le MR fête le Premier mai à Ans, la commune où le socialiste Stéphane Moreaux à dépasser Charles Michel dans une surenchère libérale.
Le PS se rallie au libéralisme mondialiste et ses dirigeants, Di Rupo et Magnette, sont des contributeurs à la grande œuvre néolibérale.

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D’un côté, le monde populaire en déclin, périurbain, réfractaire aux valeurs sociétales et écologiques, de l’autre côté, les populations urbaines diplômées. Passé contre avenir, périphérie contre centre, repli contre ouverture, ignorance contre savoir, enracinés contre nomades, identité contre diversité, peuple contre élite, populistes contre libéraux : que ces clivages génériques aient si facilement imposé leur apparente évidence tient dans la croyance qu’une moyennisation générale du « tous bourgeois » agglomérera l’ensemble, illusion qui se dissipe peu à peu dans la Belgique de 2022.
Le « tous bourgeois » ne s’est pas remis de la pandémie et ce n’est pas l’inflation actuelle qui va réanimer les petits comptoirs et les boulangeries de quartier.
La redistribution du jeu électoral bien faite pour que tout bouge sans que rien ne change, se fera à la fin du long processus néolibéral quand la majorité s’apercevra qu’elle a été trompée, que le failli et le chômeur avaient le plus grand tort de voter contre eux-mêmes dans des partis dits de « tradition », véritables nids conformistes du libéralisme à l’américaine.
Ne reste plus à la gauche qu’à attendre la corruption complète des ingrédients du pot-bouille en espérant des Premiers mai futurs denses et de combat, ramasser les miettes en espérant ranimer le spectre d’un nouveau front populaire regroupant ouvriers, employés et couches moyennes.
Le maintien du nombre des électeurs du MR et du PS à des niveaux élevés ont paru conforter la représentation dominante dans le champ politique et les médias, de classes populaires obsédées par l’immigration et hostiles au progrès. Il faut garder à l’esprit que ces niveaux élevés ont été possibles grâce à l’effondrement du CDH dont les voix se sont réparties sur les deux leaders.
La société à marée basse révélée par l’état d’urgence sanitaire a projeté en positif tout ce que le bloc bourgeois ignore ou pourfend ordinairement. Soudain, aux yeux des dirigeants, le pays ne reposait plus sur le jeune créateur d’entreprise, l’auditeur-conseil, le manageur, l’ingénieur spécialisé en intelligence artificielle, mais sur la caissière, l’aide-soignante, le chauffeur de poids lourd, l’auxiliaire de vie, la nettoyeuse. Ce choc a dévoilé le glissement des strates sociétaux intervenu à bas bruit au sein des classes populaires depuis plusieurs décennies.
Si le remplacement des ouvriers d’industrie par les forçats des plates-formes logistiques se devine dans le chamboulement d’un paysage où les entrepôts s’élèvent là où fumaient les usines, l’une des plus formidables transformations de la société belge reste ignorée : l’arrivée en masse des femmes dans tous les métiers et professions.
Dorénavant, les ténors du Premier mai ne devront plus s’adresser majoritairement à des ouvriers licenciés, tentés par le repli identitaire, mais à des travailleuses des services essentiels, qui forment la colonne vertébrale de la société. Si nul ne s’est jamais précipité à sa fenêtre pour applaudir les libéraux qui se sont fait filmer en sauveteurs lors des inondations de 2021, celles et ceux qui produisent l’infrastructure commune à l’école, à l’hôpital, dans les maisons de retraite ou à domicile l’ont été dans les mois dramatiques de 2020.

Commentaires

C'est une fake news, c'est à Herstal (sur l'ancien site des ACEC) que ça a lieu. C'est pire encore qu'à Ans.

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