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Un ensemble harmonieux ?

S’il y a bien un divorce entre le citoyen et les décideurs de l’État, c’est bien dans l’élection qui oblige l’électeur à choisir un programme d’un parti, dont il sait à l’avance que même si ce parti gagne les élections, ne sera pas ou peu appliqué.
Autrement dit, même gagnant, le parti qui vous proposait des choses à votre convenance, ne pourra pas vous satisfaire, à l’exception d’être majoritaire à lui tout seul, ce qui ne s’est jamais produit en Belgique depuis la Libération ; et quand bien même le serait-il en Région, il ne le sera pas au Fédéral, puisque les principaux partis des coalitions possibles se sont scindés en deux depuis la situation linguistique dans laquelle baigne ce pays.
Voilà qui est fâcheux et place l’électeur au bout de la chaîne des décisions, alors qu’en principe la démocratie le placerait en premier, si elle était appliquée correctement.
Cette impossibilité de traduire directement dans les faits une volonté majoritaire des électeurs paralyse tout effet de masse et laisse à l’appréciation de quelques-uns le soin de diriger le pays.
À cet état de fait, s’enjoint un autre tout aussi contraignant.
En étant intégrée à l’Europe, la Belgique a abandonné son pouvoir de décision concernant diverses dispositions économiques en faveur d’un système libéral d’échanges dont les codes ne peuvent être transgressés.
Déjà limité dans son pouvoir par une délégation de ses choix politiques, l’électeur l’est aussi dans une règle commune qui dispose que le libéralisme est une obligation qui ne peut être ni contournée, ni contredite.
Il ne resterait à l’Europe qu’un seul pas à franchir en déclarant les frontières inaltérables des 27, pour que soient interdits les partis réclamant la création d’une Flandre autonome. Ce faisant joignant cette interdiction à celle exigeant l’économie capitaliste pour les 27, nous pourrions avoir en Belgique l’exclusion de la N-VA, du Vlaams Belang et du PTB !
Le tout évidemment sous le régime actuel, vanté par tous les appareils comme étant l’émanation même de la démocratie !
Ne sont donc crédités de la citoyenneté légale que les électeurs unitaires et capitalistes.
Et quand bien même répondent-ils à ces critères belgicains, libéraux et européens, leurs revendications, même modestes, ne peuvent pas être prise en compte dans un système particratique de participation à plusieurs pour former un gouvernement. On voit bien comment se forment des majorités, en annulant les propositions plutôt qu’en les cumulant, si bien que chaque associé peut tirer prétexte des déficits permanents de l’État, pour expliquer à l’électeur que toute « avancée », qu’elle soit sociale ou d’économie à réaliser dans le fonctionnement même de l’État, est impossible !
C’est ainsi que l’électeur va se trouver dans une situation où il n’est ni l’arbitre, ni l’animateur de son pays, mais une sorte d’acteur inactif qui reste dans la distribution à seule fin de garantir son authenticité, par sa présence. Que serait, en effet, une démocratie sans les simulacres de la démocratie ?

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Cette position de faire valoir de l’électeur sans aucun profit pour lui est exaspérante parce qu’elle est niée par les porte-parole des partis.
La théorie veut que ces partis prennent scrupuleusement en considération les volontés pour autre chose, c’est-à-dire une manière de voir autrement une démocratie démuselée ; cependant, ils n’en font rien.
Ils s’en tiennent à la création du mythe de l’électeur unitaire et capitaliste pour en faire le témoin type majoritaire du pays.
C’est adroit, puisque la majorité étant ailleurs, celle-ci est en réalité « illégale » par toutes les lois possibles de l’État et de l’Europe.
La question est de savoir combien de temps ce mensonge permanent d’une démocratie réelle va-t-il encore tenir ?
Le peuple muselé, la bienpensance en pleine activité de propagande, tout semble convenir à ce que les temps ne soient jamais à la contestation active. Le Covid-19, la guerre en Ukraine et l’incertitude de l’avenir de l’Europe face à ce conflit, sont des événements dont le pouvoir s’est admirablement emparé pour qu’on ne parle plus des sujets qui fâchent.
On peut ainsi voir les commentaires des gazettes sur les difficultés rencontrées par Alexander de Croo pour rendre crédible cette alliance Vivaldi et rien que cela au niveau de la Belgique.
La démocratie en fonctionnement de simulacre n’est jamais évoquée.
Nous irons donc voter à la législature prochaine, avec le sentiment trouble que pour l’ensemble majoritaire de la population cela ne signifie plus grand-chose, tandis que les partis se féliciteront du bel ensemble harmonieux de l’économie libérale avec la démocratie.

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