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La gidouille du père Ubu.

Ah ! le centre… cible idéale. La triplette Bouchez-Magnette-Prévot ne jure que par lui. À croire que tous les Belges sont des centristes et qu’ainsi par cette force centrale, le pays serait admirablement gouverné.
Quand on voit le résultat, le Centre n’est qu’une vaste mare dans laquelle croassent tous nos mâles dirigeants qui font beaucoup de bruit pour ne rien faire, tout en conduisant le pays vers des catastrophes inédites.
Veut-on être gouvernés au centre ? Difficile à savoir, tant le Belge, quand on lui parle franchement de politique, est comme une savonnette humide qui s’échappe quand on croit la saisir.
Toujours est-il que les classes moyennes sont les plus représentatives du Centre ! Tout en laissant à nos gros malins des trois partis, le soin de définir les contours exacts de cette masse informe.
Elle a beaucoup souffert, la bougresse, avec le néolibéralisme cher à Bouchez ! Sa partie inférieure a complètement disparu faisant du boutiquier heureux de jadis un paria social ou pire un gérant accablé des charges de l’entreprise mère.
S’y croisent des employés à prétention supérieure et des cadres embourgeoisés, des salariés modestes et des petits patrons, des travailleurs sociaux et des universitaires, leur seul point commun est l’horreur des extrêmes.
Cet ensemble hétéroclite, dans ses contradictions, agglomère un brouet distillant son suc de « moyennisation ». Cela donne un mélange étonnant dans un édifice social qui va du commerçant failli au nanti par le foot qui lance sa Ferrari à 200 à l’heure sur l’autoroute.
Les membres de cette classe sociale doivent constamment se définir par leur double rapport à ceux du dessus et à ceux du dessous. Dans la pratique, tous les partis s’y sont lassé prendre, le PS le premier qui a cru fin du siècle précédent que le prolétariat était mort et que le plus modeste ouvrier allait se moyenniser suite au « progrès ». Le MR y a vu une source féconde d’indépendance, alors que ses leaders poussaient à la mondialisation en écrasant les petits industriels et en ôtant le pain de la bouche des petits commerçants. Le PSC, alias le CDH pour finir en eau de boudin dans « Les Engagés » a cru rebondir en sortant des presbytères pour s’apercevoir que sa clientèle centriste s’était évaporée !
D’où l’équivoque et l’ambivalence de cette nébuleuse d’intérêts divergents.

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C’est au nom de ce magma informe que nos illustres nous cornaquent.
Les rapports de ce conglomérat avec la haute bourgeoisie relèvent du vaudeville. Les grands bourgeois fascinent littéralement les classes moyennes, qui rêvent d’en être un jour.
Faute de pouvoir s’élever, les petits-bourgeois se bovarysent et font leur Emma en passant par des coquetteries et des renoncements d’envieux. Souvent la relation à leur modèle, sur le mode bovarysant du dépit amoureux, tourne à la rancœur. Parfois le cynisme des grands bourgeois est tel et leur mépris si profond pour ces candidats au libéralisme chic, que les recalés se transforment en « ennemis » de ce qu’ils admirent et dénigrent à la fois, leur vie durant.
De ce « malaise dans la civilisation » du mitant d’un lit social freudien, émerge une ambivalence sur la répartition des biens matériels, tantôt dans l’âpreté et la mesquinerie d’un Bouchez dans son désir de séduire les grands bourgeois, tantôt poussant jusqu’aux véhémences d’un Raoul Hedebouw s’investissant dans la défense des crève-la-faim.
Les petits-bourgeois qui glandent à la porte de la grande bourgeoisie trébuchent sous les croche-pieds des partis censés les défendre secondés par les barons du système. Ils ignorent qu’une redistribution des capitaux à chaque génération est une utopie qui, quand bien même surviendrait-elle, ne leur serait pas nécessairement favorable. Leur sort serait plutôt lié à celui de César Biroteau, parfumeur, failli dans l’œuvre de Balzac, dont le seul tort était d’avoir été honnête jusqu’au bout.
Enfin et c’est le drame, il semble difficile d’imaginer que les classes moyennes, puissent se mobiliser, tel un syndicat ouvrier, pour une revendication collective. Quand la boutique s’insurge, cela donne un Poujade ou un Jean-Marie Le Pen, parfois même un Léon Degrelle, dans des ambiances de guerre. La contestation, en général, s’exprime rarement sous une forme violente. Elle est toujours une contestation à l’intérieur du système et non contre le système.
Les partis de pouvoir le savent si bien qu’ils peuvent compter sur les classes moyennes au service de l’État pour enrayer toute tentative de subversion. C’est chez elles qu’ils démarchent pour casser les grèves ou tout autre sédition, mettant en péril leur autorité.
Quoique déchues, perdues, déshonorées même, les classes moyennes ont toujours répondu aux appels de détresse du système. Elles en sont les piliers. Sans elles, il n’y aurait plus de consensus pour la Belgique européenne, respectueuse des traités, bien américanisée, bien libérale qui évolue sous nos yeux depuis toujours !

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