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Pour une réduction du temps de travail.

D’un côté les tenants du travailler plus (le retour à la semaine de 40 heures et la retraite à septante ans), opinion libérale très répandue, et de l’autre côté, réduction du temps de travail, avec pension à 60 ans, opinion plutôt écologiste de gauche.
Deux écoles qui ne sont pas prêtes à s’entendre. La première n’en démord pas, il faut de plus en plus produire pour faire tourner l’économie. La seconde, documents à l’appui, explique qu’il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % par rapport à 1990 d’ici à 2030, dans le respect de la justice sociale.
Des climatologues et des scientifiques suggèrent une réduction du temps de travail à vingt-huit heures semaine.
Les libéraux hurlent au scandale. Il s’agit pour eux de ne pas casser le moteur de leur système économique qui pousse à la performance individuelle et fait de chaque travailleur un champion de la compétition. Sans ce match perpétuel de l’un contre tout le monde, la productivité s’effondrerait pour les libéraux. La compétition n’est pas compatible avec l’union des travailleurs, donc est bonne pour le patronat.
Ne sont pas pris en compte les dangers nouveaux pour la planète que les excès du productivisme secrètent depuis un siècle. L’avenir ne compte pas. Seul le rendement présent est comptabilisé. En bref, la démocratie libérale qui nous pousse avec l’Europe au néolibéralisme, accélère la dégradation et l’appauvrissement de la planète.
Ils nous la baillent belle ! Cyniques et culottés, ils iront jusqu’au bout du concept productiviste, crédo de l’Europe libérale.
La question mérite une réflexion sérieuse. Un lien étroit existe entre notre temps de travail et notre empreinte écologique. En 2007, deux économistes américains établissaient que, si les États-Unis passaient aux 35 heures, ils économiseraient 18 % de leur consommation d’énergie. Des travaux suédois récents montrent qu’une réduction du temps de travail de 1 % conduit à une baisse de 0,80 % des émissions de gaz à effet de serre.
Ceux qui travaillent le moins et qui ont les revenus les plus modestes ont une plus faible empreinte carbone. Cela signifie-t-il qu’il faille un appauvrissement global ? « Si la population dispose de plus de temps, l’intensité environnementale de sa consommation sera plus faible. En produisant moins en échange, on augmente le temps libre, on recrée du bien-être autrement » (Univ. De Lille)
Il faudra bien qu’un jour les tenants du néolibéralisme admettent qu’un lien étroit existe entre le chaos climatique qui n’est qu’à ses débuts et la production de biens et de services, avec la consommation d’énergie qu’elle implique. Le remplacement des énergies d’origine fossile par notamment les batteries électriques ne réduiront pas suffisamment l’impact des économies industrielles sur l’environnement, et le découplage entre la croissance économique et les émissions de gaz à effet de serre reste de l’ordre du mythe. Le lien entre la croissance du bien-être et celle de la production n’est plus de mise. Il faut revoir d’urgence l’adage « produire plus rend plus heureux ».
Une société de postcroissance, dans laquelle les indicateurs ne seraient plus liés au volume de production, mais aux besoins sociaux satisfaits auraient dû faire l’objet d’une étude à l’Europe depuis longtemps. Comment voulez-vous avec Charles Michel, qu’on ait une autre vision que commerciale ?

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« Adopter d’autres indicateurs réencastrant la production dans des limites notamment environnementales permet de substituer à la dictature de la croissance la satisfaction des besoins sociaux dans le respect du patrimoine naturel et de la cohésion sociale » (Dominique Méda)
Quelles productions doivent diminuer, voire disparaître, et lesquelles s’agit-il de maintenir ? D’où l’importance capitale de l’implication de la population dans les choix. De ce point de vue, on n’est nulle part en Europe. Quant à la Belgique, n’en parlons pas, victime de l’entêtement de nos américanolâtres. !
La réduction du temps de travail s’inscrit dans l’histoire contemporaine comme l’un des plus grands progrès de l’humanité. Emblématique des luttes ouvrières, la reconquête politique et syndicale du temps libre s’est avérée viable et réaliste.
Aujourd’hui, la FGTB devrait défendre une nouvelle réduction du temps de travail en priorité.
Les libéraux de mèche avec le patronat organisent une réduction du temps de travail en réclamant toujours plus de souplesse, en particulier pour imposer le travail à temps partiel ou pour licencier les plus âgés. Ces gens bottent en touche, comme si leur réduction rejoignait une réduction massive et contrôlée du temps de travail.
La question du partage du travail revient en force pour surmonter la récession liée à la crise sanitaire, puis économique. Sommes-nous prêts à travailler, à produire et à consommer moins pour vivre plus équitablement ensemble ?
De tous côtés, la rengaine libérale du temps long au travail se diffuse dans leurs gazettes.
Ils nous verraient bien à soixante heures semaine !

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