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Halloween.

Venue d’Irlande et de Grande-Bretagne, puis des États-Unis, la « fête sanglante » prospère en force en Belgique et dans d’autres pays de l’UE. Le monde anglo-saxon ne l’a pas initiée, comme on le croit généralement. À ses débuts, elle paraît au Moyen-Age dans l’Europe chrétienne. Puis elle disparaît, comme toutes les fêtes païennes, sous la pression du clergé, mais persiste en Irlande. Elle revient américanisée sur le Vieux Continent. Le commerce s’en empare. On connaît la suite. Le label made in USA, fait vendre.
Cette époque est d’autant plus dangereuse, avec de graves événements en augurant d’autres, pour qu’une partie de la population la prenne comme une respiration, une farce rigolote ! Cela a toujours été ainsi. Aux heures capitales, au bord de la guerre, voire d’une fin de civilisation, pour ne pas y croire, on se déguise et on organise des farandoles avec rubans et confettis. Ce n’est pas le mardi-gras. Ça y ressemble. On tente ainsi d’oublier les réalités, l’inflation, la guerre, la disparition d’une réelle démocratie, etc. On pense exorciser le malheur en l’inventant.
C’est sur le plan éducatifs qu’Halloween pose un problème.
Les enfants se déguisent avec des costumes effrayants à l'image des fantômes, des sorcières, des monstres ou des vampires. zombie, lycanthrope, créatures habitées d’effets paranormaux, joker schizophrène. Ainsi accoutrés, ils sonnent aux portes en demandant des friandises : « Trick or treat ! » qui signifie « des bonbons ou un sort ! ».
Bien sûr que c’est pour rire, mais quand les faits-divers regorgent de crimes et que ce n’est plus « pour rire », doit-on s’affubler de tenues rappelant la mort, mimer des meurtres avec force gestes adéquats ? Ne banalise-t-on pas en les moquant les horreurs réelles qui ainsi s’accréditent et se banalisent de la fiction à la réalité ?
La radicalité des manifestations faisant l’apologie du culte de la mort et de l’homicide violent, progresse d’année en année. Ce phénomène global fait des prosélytes dans la vie réelle. Les armes blanches de la grande faucheuse ou du clown psychotique, se sont avérées, après la fête, en vrai acier trempé dans nombre de villes, des villes où ce phénomène culturel totalement exogène s’est transformé en scène de crime avec déguisements, qui ne doivent rien au cinéma.
Les assassins qui sont entrés dans des école aux États-Unis pour y tuer le plus d’enfants possibles, pays où la transformation du contenu d’Halloween de fête païenne en carnaval gore s’est accomplie, ont été abreuvés de cette culture d’induction à la transgression psychotique.

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Est-ce l’effet de la puissance marchande défendant le business des masques en carton, des faucilles et des colt 45 en plastique qui cloue le bec à la psychanalyse, mais aucune étude sociologique, criminologique ou anthropologique ne s’intéresse à un folklore fondé sur des représentations apologétiques.
La différence entre Halloween fête masquée et les carnavals belges avec déguisements saute aux yeux. Binche, Malmédy, Stavelot célèbrent de bons géants, des démons pour rire et des coutumes supposées de peuples disparus. Les déguisés ne tenaillent les gens qu’avec des ciseaux postiches hautement improbables. Des canons en carton crachent des confettis. L’atmosphère en diurne rend encore le spectacle plus bénin. Le nocturne d’Halloween dit beaucoup, par son contraire, dans son déroulé comme dans un conte cruel d’Andersen.
Le seul paramètre solide d’Halloween repose sur les acquis en matière de psychologie et neuroscience sur la peur. La réponse de l’humain aux stimuli de la terreur est celle de la paralysie des fonctions cognitives. Soit, la fameuse “impossibilité de penser". Cette culture de la terreur ressemblerait donc à une sorte d’irresponsabilité par immaturité collective, ce qui est une autre façon de le dire, de l’espèce.
Dans cette fête de la nuit, les luminaires de citrouilles et de feux de Bengale, projettent des ombres comme dans des film d’épouvantes. Aux carrefours, on croirait voir surgir Jack l’éventreur d’un coin sombre d’une rue de Londres.
Mais il y a pire que la peur, c’est son absence. L’exposition à des scènes de terreur, dans le cadre desquels sont clairement représentées des scènes d’homicide, de viol ou d’accidents violents, conduit nécessairement à leur normalisation. La normalisation du mal, y compris au travers de dessins animés propres à la période d’Halloween, des méchants sont représentés en personnages positifs. Cela pose la question de la formation éthique des adultes de demain. Quelle sera leur conception du bien et du mal ? D’autant qu’il y a des précédents. Au Mexique, la culture de la Mort, soutenue par les narco-trafiquants rend populaires les criminels et génèrent de plus en plus de vocations pour le crime.
L’absence de peur a pour effet d’éteindre les alarmes de survie dans l’incapacité de traiter et d’analyser l’information. Les 153 morts à Séoul dans le cadre des festivités d’Halloween, une fête totalement étrangère à la culture locale, n'ont pas perçu les signes les plus évidents de l’engorgement du lieu, tout occupés qu’ils étaient à convoquer de manière festive la mort. Au point de la trouver.

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