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Quinze jours d’émeute.

Ce n’est pas au creux de la vague que les gens craquent et se révoltent contre le système, mais après, lorsqu’il y a un léger rebond et que les marquants se croient hors de danger.
Sauf, à manquer de tout y compris de pain, ce n’est pas la nécessité qui fait l’urgence, mais le souvenir d’hier et d’avant-hier quand tout allait moins mal et qu’on se trouve dans une situation identique, dont on a compris qu’elle ne débouchera à nouveau que sur le pire.
Le public est placide, bon enfant et se nourrit des couleuvres que des professionnels, plus publicistes que journalistes, lui font avaler. C’est la bonne parole, l’évangile du pouvoir.
Contrairement aux élucubrations de l’artiste de variétés que le MR s’est choisi comme président, les gens ont fini par se résigner à faire des tâches sans intérêt par peur d’être pris pour des parasites par les parasites qui les poussent à travailler.
Les plaisirs sont à l’échelle des circonstances, intenses, brefs et gratuits. Les fauteuils d’orchestre sont hors de portée des moyens du plus grand nombre, sauf pour les fans qui parlent d’idoles et non d’artistes et qui sont prêts aux grand sacrifices pour les approcher.
L’État est vu de loin comme un molosse inaccessible et impitoyable. Tous sont convaincus que ses crocs sont là pour nous dévorer. Il ne viendrait à l’esprit de personne que ce sont les électeurs qui l’ont placé dans sa niche, pour la bonne raison que presque tout le monde ne croit plus à la démocratie et à la faculté du choix.
Quand bien même le pouvoir s’attendrirait sur le sort qu’il réserve au peuple, l’Europe derrière serait là pour le reprendre.
À la vérité, tout le monde à conscience que la société est mal faite. La complexité dans tout, même dans la moindre petite chose, rend toute réforme impossible. Ce n’est pas demain qu’on mettra en place une autre économie, que les riches rendront l’argent qu’ils gagnent en spéculant sur le travail des autres et que les dirigeants auront des remords de conscience.
On ne croit plus aux spéculations pour un monde meilleur. Dans tous les Régimes démocratiques, dictatoriaux ou mixtes, le peuple souvent magnifié et porté aux nues, compte pour rien. Seuls les acteurs d’un rang supérieur règlent tout selon les lois du commerce et des intérêts particuliers. La plupart sont des produits de la bourgeoisie ou, plus rarement, sortis du peuple par le cursus et la mentalité.

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Quel que soit le point de vue dans lequel les gens du peuple se placent, ils savent bien qu’il n’y a qu’une manière de s’en sortir, c’est de faire table rase. Mais voilà, la prise de leurs droits par la force n’entre pas dans leurs mœurs. Ils n’ont pas le caractère assez ferme et déterminé pour en arriver à cette solution, car elle est extrême.
Il y a dans l’abandon de cet unique moyen, une sorte de bon sens aussi. Tous ces voyous des pouvoirs chassés, comment faire un gouvernement endéans les 24 heures ? Car il faut bien une autorité pour prendre des décisions. On pense au passé, Napoléon avalant la Première République, Lénine mettant à la hâte en place un système aux principes de liberté aussitôt contournés, Hitler digérant la république de Weimar, Mussolini jouant au poker sa pseudo marche sur Rome, Poutine revisitant l’expansion tsariste, tous tricheurs patents, faussement révolutionnaires, excitant les esprits échauffés par des promesses jamais tenues, sauf celles débouchant sur le sang des victimes expiatoires.
Le public, inconsciemment sait cela. Il a le plus souvent appris de la seule source officielle, l’Histoire pour écoliers modèles, devenant dans l’excès, bourgeois dans l’âme, communiste ou nazi, serviteur zélé du bal des élites.
Tout pouvoir construit selon les désirs d’une minorité agissante ou d’une majorité d’électeurs serait donc mauvais !
Il ne s’agirait rien moins que de choisir le moins mauvais. Sans pouvoir central, comment coordonner une règle commune à un pays ?
Le hic, est dans le choix. Comment déterminer qu’un pouvoir est moins mauvais qu’un autre ?
On a cru longtemps que ce pouvoir se définissait par la démocratie, ce moindre mal. Oui, mais quand la démocratie, d’abandon de contrôle en glissement par lassitude de la vigilance, devient un système mou, oligarchique sans le dire ?
Dans notre cas qui paraît désespéré, aucune issue possible, sauf à réduire les indemnités allouées aux personnels dirigeants et parlementaires à la paie d’un directeur d’une petit entreprise ou d’une gérance, soit 5000 euros brut par mois. Alors vous les verriez touchés au porte-monnaie, concussionnaires en se remplissant les poches autrement ou enragés à réduire les inégalités afin de rendre cette société plus juste.
Le problème, c’est que le public a perdu le contrôle des indemnités et autres revenus sortis des caisses de l’État. Dans ce cas de figure particulier, c’est notre employé, celui dont nous sommes en principe les patrons qui décide de ses émoluments par des votes entre complices !
C’est la seule réforme possible. Elle est inaccessible pour l’heure. Donc reprenons là, par la force. Cette réforme vaut bien quinze jours d’émeutes.

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