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… un instant, monsieur le bourreau !

Une réflexion dans Orwell « 1984 » dit tout de notre époque « Les films, le football, les bières et, surtout, le jeu, formaient tout leur horizon et comblaient leurs esprits. Les garder sous contrôle n’était pas difficile ».
Ce qu’Orwell n’eût pas osé écrire en conclusion à l’époque où ces lignes furent publiées, c’est qu’entre-temps, Big Brother n’avait même plus besoin de les garder sous contrôle, les gens se gardaient tout seuls !
C’est une observation que chacun aurait pu faire après les émeutes de Bruxelles et de Liège à la suite de la défaite de nos footballeurs qui vit l’équipe marocaine les battre 2-0.
Tout de suite au signal du Bourgmestre de Bruxelles, la foule désigna à la vindicte générale « des voyous », mêlant sans plus le ketje glandeur des Marolles, le chômeur sans nationalité embourbé dans la délinquance par conviction intime, quelques ivrognes et les fameux blacks Blogs à l’affût d’une castagne, sans oublier le fond du fond, la lie entre deux prises de crack, de ces épaves hallucinées comme on en croise régulièrement en rue.
Voilà la ligne de la « bienpensance » tracée, adoptée d’office et officialisée par les journaux, sur le clin d’œil du bourgmestre de Bruxelles. C’est donc bien à cette version officielle que s’est ralliée la population, dans son ensemble, bien heureuse de se débarrasser des quelques mauvaises pensées qui, un bref instant, l’assaillait.
Pas de soucis, la population s’était gardée toute seule !
Ne l’eût-elle pas fait, qu’eût-elle inventé comme détour pour éviter de buter sur des suppositions tout à fait contradictoires à la pensée unique ? Probablement des raisonnements « populistes », dont on ne sait jamais dans quelle direction, ils partent. C’eût été une alerte rouge pour Big Brother. Faut-il rappeler ce que les Autorités ne veulent pas qu’on sache : le populisme n’existe que par la grâce de l’élitisme, quand la démocratie représentative est en voie de liquidation par ceux d’en-haut !
Vous savez aussi pourquoi la population est sagement restée dans les limites du parcage autorisé ? C’est la glorification du travail. Voilà qui taraude les esprits et ramasse les mises. Le suprême argument de Big Brother : tout le monde aujourd’hui aspire au travail, n’importe quelle sorte de travail, si pénible ou si répugnant soit-il, pour chasser l’âpreté de la vie et bannir de l’esprit les pensées qui tuent. Y a-t-il aspiration plus forte que celle-là ? On n’est pas né de la dernière pluie dans la petite caste fermée des intellectuels gestionnaires de l’État. Cent mille fonctionnaires travaillent pour eux à cette idée, il en va de leurs emplois.

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Tous féroces attachés à ce qu’ils défendent sans même avoir reçu un ordre, par zèle et conviction personnelle, la plus épatante des valeurs après celle du travail : l’amour d’autrui, frère cosmopolite, à cause des hontes anciennes que les arrivants nous rappellent, sinon aux noms de leurs ancêtres, tout au moins selon ce que leur font dire leurs avocats. Ce fardeau supposé justifie ce que nous leur devons, aux yeux des âmes sensibles.
C’est ainsi que le jour de l’émeute nous sommes passés volontairement à côté d’un événement majeur. Le genre de choses qui reste longtemps dans l’inconscient, qui y mijote pour refaire surface dix ou vingt ans plus tard, métalepse du pugilat joyeux en fureur et saccage.
Le gros des casseurs était essentiellement de nationalité marocaine ou assimilé, même si certains, nés en Belgique n’avaient jamais foulé le sol de la patrie sublimée.
Ce fait non reconnu nulle part et avoué mezza voce est le seul et terrible moment de vérité que personne n’a voulu voir et qui cependant est comme un nez au milieu de la figure.
Je voudrais être cannibale non pas pour le plaisir de manger les lanceurs de la pensée unique, mais pour avoir le plaisir de les vomir !
La chose étant déjà vieille d’une semaine et quasiment effacée, on l’oubliera très vite dans le concept officiel et plus secrètement, comme une mauvaise pensée à ne pas révéler. Le match suivant aura droit à une autre fureur, moins cocardière. Si émeutes il y a, ce sera du pain béni pour les autorités qui pourront diluer dans la même marmite deux fureurs complètement différentes et sans aucune ressemblance de l’une à l’autre.
La politique d’accueil à tout qui l’entend des populations de toutes provenances est une monstruosité en elle-même dont la responsabilité entière s’échelonne sur cinquante ans d’erreurs.
Cette société disparaîtra parce qu’elle n’a rien compris de la nature humaine et qu’elle persistera jusqu’au bout dans une obstination criminelle, comme la foi du charbonnier, transfigurée ici en morale, douceur des mœurs et cultures panachées. Le monde occidental sera la risée générale de six milliards d’humains.
On verra comme le triomphe de la vertu peut finir à l’échafaud ! Des peuples qui s’emploient à se défaire de ce qu’ils sont dans une sorte de sublime imbécillité vertueuse, finissent par disparaître avec leurs symboles, leurs cultures et leur mœurs. À se vêtir de la manière des autres, de respecter des religions féroces et conquérantes, des gens de toute part, sachant cela, à l’affût des aubaines, accourent à la curée, sans vergogne, ni obligation, prenant ce qui est bon à prendre, aidés par nos lois, chouchoutés par nos bonnes œuvres. Vous verrez ce qu’il en adviendra. Tandis que nous, nous irons bravement à la mort, sans avoir rien compris, sans avoir rien appris.

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