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Amalgame


Au long des reliefs géographiques qui courent de Dunkerque au lac alpin de Wörthersee en Autriche, serpente une ligne de séparation bien réelle entre les Latins et les Germains. Des guerres au cours des siècles ont façonné ses contours. De part et d’autre deux cultures totalement différentes ont prospéré.
Durant la plus grande partie de son parcours, la frontière épouse des obstacles naturels, les Alpes, le Jura, les Vosges et l’Ardenne. Manque de chance, de Dunkerque à Maastricht, le relief disparaît pour laisser une immense plaine littorale jusqu’à la Mer du Nord. Le terrain idéal pour que du Haut Moyen-âge à nos jours, Latins et Germains s’étripent dans l’espoir d’agrandir leurs baronnies, puis leur pays.
C’est par Sedan que l’Allemagne d’Adolphe mit l’armée française en déroute.
Sans obstacle naturel, les populations se sont taillées des parts de cette plaine sans vraiment se fréquenter. La capitale de la Belgique est une de ces curiosités qu’aucun pays au monde ne peut comprendre. Même les autochtones ont peine à imaginer la philosophie, pour la raison qu’il n’y en a pas une, mais deux qui ne se mélangent pas, malgré les efforts des profiteurs économiques et politiques du système bicéphale. Sa structure est torturée par des frontières qui tiennent à la langue et aux mœurs dans des proximités qui feraient toucher Paris à Berlin par le boulevard de la Chapelle.
Drôle d’idée de l’Union Européenne d’avoir choisi Bruxelles comme capitale. Ce territoire est à la fois revendiqué par les Latins et les Germains, en principe réconciliés de traités en traités européens. En réalité à couteau tiré depuis la nuit des temps, les Flamands s’infiltrant au centre et les Latins s’aventurant à la périphérie.
L’agglomération de Bruxelles est un condensé d’une confrontation très ancienne. Le Centre est un îlot de latinité qui au fur et à mesure de sa dispersion dans les communes périphériques entre en contact avec un monde qui n’est pas le sien et dont elle n’entendra et ne dira jamais assez bien la langue pour que les deux cultures se confondent et s’associent.
Une économie commune des deux Nations n’a jamais réussi à faire disparaître les différences, mettant ainsi fin, là aussi, au songe creux des multiculturalistes qui se bercent encore de l’espoir d’amalgamer en d’autres lieux, du côté opposé à la Mer du Nord, dans ce Sud ensoleillé, le monde latin avec le monde arabe que n’arrête plus la Méditerranée.
L’UE a raté sa chance de rendre service aux Européens en croyant subtil d’appliquer les techniques économiques aux différences culturelles des deux peuples, afin qu’on n’en distinguât pas Germains et Latins. Comme s’il était possible de faire comprendre l’œuvre de Debussy aux amateurs de Richard Wagner.
La mondialisation économique est un four noir qui débouche sur le désastre actuel. Ceux qui prétendent encore remettre sur pied ce qu’il en reste après la crise, sont les mêmes intellectuels qui sont convaincus que l’amalgame des cultures est possible sans que celles-ci perdent de leur brillance et de leur capacité à forger l’âme des Nations.
Il n’y avait pas besoin d’un gâchis supplémentaire d’une Europe décidée à établir ses quartiers dans une pétaudière prête à exploser.

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Il est même possible que l’implantation du monde arabe dans certaines communes de l’agglomération bruxelloise soit le facteur éclairant qui manquait à l’impossibilité de comprendre l’échec de l’amalgame entre les cultures flamande et latine. Car l’avenir nous apprendra dans les mêmes conditions de nos affrontements anciens, qu’une civilisation encore plus différente puisque venue d’un autre continent, puisse se résoudre à devenir autre chose que le genre de culture qu’elle transporte dans son sang.
Ce qui gêne nos intellectuels de haut rang c’est cette erreur qu’ils ont commise de croire l’inverse et dont ils ne voudront jamais reconnaître l’erreur gravissime, dans l’espérance d’un amalgame culturel des peuples. Au point que les citoyens doutent aujourd’hui de leur intelligence.
Mieux, à cause d’eux, Bruxelles est aujourd’hui non seulement le terrain d’un affrontement séculaire entre Latin et Germain, mais est aussi en délicatesse avec un monde arabe qu’on a laissé s’implanter en pensant peut-être que le pluriculturel avait plus de chance de prendre à trois qu’à deux.
A nos malheurs, ces inconscients en ont ajouté un autre, dont on ne saurait dire comme dans la Fable du bon Lafontaine « Le chat, la belette et le petit lapin », si ce n’est pas la pire des solutions
« Aussitôt qu'à portée il (le chat) vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre. »
Mercredi 14 décembre France-Maroc en demi-finale du championnat du monde de foot, un haut moment de déconstruction culturelle.

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