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Soirée chic à Mons !

Aujourd’hui tous les partis investissent dans l’arsenal numérique. L’intérêt tient dans les mesures en continu de l’audience, les sondages d’opinion c’est du passé. Alors qu’en 2019, c’était encore Facebook et Twitter qui avaient la cote, depuis la Covid, Instagram et Tik’Tok ont pris une part de marché. Les gens marchent à l’émotion. L’audience est plus forte quand le candidat à la notoriété paie de sa personne et invite le public à pénétrer chez lui à l’aide du numérique. Les choses vont parfois très loin dans l’intime.
Reste que, surtout du côté francophone, l’ancienne méthode à la Guy Mathot tient encore la route. Elle consiste à inviter les rombières du parti dans des agapes filmées par des vidéastes professionnels. Le remuant Georges-Louis Bouchez a repris la formule de l’ancien bourgmestre de Seraing à son compte dans la bonne ville de Mons. Cette méthode nourrit ainsi à bon marché les réseaux avides de vécu. C’est d’autant nécessaire qu’à part les convaincus absolus de la pertinence de nos dirigeants « qui vont dans le bon sens », un doute sérieux pèse sur l’honnêteté du personnel politique. C’est ainsi qu’on a appris que si Di Rupo a dégraissé le mammouth financier de 5 %, les indemnités des représentants du peuple ont quand même augmenté de 10 % !
Les séquences vidéos circulent. Il y en a une actuellement sponsorisée par Bouchez sur Facebook. Les agapes se déroulent à Mons, on y voit une salle pleine de gens endimanchés autour de tables rondes recouvertes d’une nappe, afin qu’on ne reconnaisse pas le mobilier de jardin. Seuls les dossiers des chaises pliantes attestent des origines. Vu de loin, l’ensemble ressemble à un dîner chic d’un grand hôtel. Georges-Louis serre des mains, slalome entre les tables l’air complètement ravi. Tout à l’heure, il va monter sur l’estrade, impatient de prouver par le verbe qu’il a absolument raison sur tout. La caméra balaie la salle. Elle s’attarde sur les visages les plus extasiés.
Ces gens, par ailleurs braves commerçants ou employés modèles, c’est plus que la clientèle du MR, c’est partout la clientèle des partis de pouvoir.
Tout le drame de la Belgique en décors carton-pâte est devant nos yeux !
Que nous dit G-L B ?... que tout finit par s’arranger, qu’il ne faut rien changer de la grande ligne classique mondialiste de l’économie de marché. C’est tellement plus pratique de ne rien faire pour finir au même point que ce qu’on voulait faire. Les gens sont ravis. Il leur semblait aussi que ceux qui s’alarment et qui tentent de répandre dans le public la terreur du lendemain, sont des fauteurs de troubles, cause directe de ce pourquoi la conjoncture est mauvaise, mais que l’œil vigilant du président Bouchez a détecté. Grâce à lui, la chienlit ne passera pas. Mieux, elle sera plus surveillée que jamais et pour commencer, les largesses de l’État à leur égard relèvent du passé.
Et voilà la cause pointée du doigt : le chômeur, le parasite. Les gens sont aux anges. Le président vient de les soulager du poids de chercher des boucs émissaires. Ils n’avaient pas à le chercher loin. Certains sont persuadés qu’ils en ont dans leur propre rue.

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Bouchez finit par lâcher un scoop. Nos chômeurs sont tellement nuisibles qu’ils ont transmis leur poison jusque dans les rues de Washington où des Américains, jadis citoyens exemplaires, protestent aussi en n’essayant même plus de chercher du travail.
« Jusqu’en Amérique » disent les gens tétanisés par l’info.
La soirée se termine. Certains veulent que les chômeurs aient un chef et que ce chef, soit Di Rupo !
La charge de Bouchez sur le Montois dans un de ses propos « confidentiels » pour une table va trop loin. Elle est entendue par une moitié de la salle. Il n’a jamais dit cela, même s’il l’a pensé. Tout le monde s’esclaffe.
Les esprits s’échauffent au pétillant espagnol à 5 euros la bouteille.
Les écolos en prennent pour leur grade, comme si la planète avait besoin d’eux pour fournir aux entreprises tous les métaux et tous les fluides dont elles ont besoin. Les ressources sont infinies et ce n’est pas possible que nous soyons dans l’alternative de changer ou de disparaître.
La salle comblée s’écoule dans la rue par petit groupe. La caméra la suit. Elle disparaît dans la nuit profonde ;
Il fait froid, il fait moche. La réalité saute aux yeux.
Sans le mousseux espagnol et le plaisir d’être entouré de gens qui pensent comme vous, on refait la soirée en maugréant un peu, en cherchant sa voiture.
Des ombres sortent des ruelles. Mons est sale et mal éclairé. Les travaux de la gare ne sont pas terminés, loin s’en faut. Tout va de travers. En rentrant dans la boutique familiale, la chape de plomb des emmerdements retombe sur le dos du commerçant étranglé. On n’en est pas encore à l’image du président Bouchez, bien nourri aux frais des Belges. Mais il faudrait un rien pour y arriver, comme une facture impayée bien en vue sur le coin du bureau et dont on n’a pas les premiers sous.
C’est souvent à ce moment que les couples s’engueulent, jusqu’à dire que c’est l’autre qui vous a entraîné à ce dîner et qu’il vous a caché qu’il était payant ! Même si c’est minime, ce qu’on a bouffé l’était aussi.
Il faudra attendre le lendemain pour qu’on se remette à penser MR et à voter pour LUI !

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