« Innocent comme Innocent III ! | Accueil | Quand Panzeri déballonne ! »

Voyage… voyage !..

On se souvient du tube des années 80 « Voyage, Voyage » de la chanteuse Desireless, à la coupe de cheveux au carré. La Belgique pourrait en faire un second hymne national, tant « la voyagite » est une maladie répandue dans la crème de la crème du pot parlementaire et ministériel, et pas seulement…
La dernière en date, celui de Marie Aréna, dans son désir de répandre l’idée de l’Europe jusqu’au Qatar, a fait resurgir des dizaines d’autres, toutes à nos frais, conservées dans nos mémoires. Quand c’est pour la bonne cause, on ne compte pas !
La voyagite de l’année dernière de Jean-Claude Marcourt et du greffier régional, mofette revenue dans l’actualité de cette année, lui fit perdre la présidence du Parlement wallon et celle du Bureau. On passe sur des projets de constructions pharaoniques au Grognon namurois à la hauteur de la gare de Mons, pour ne revenir que sur le Desireless de Jean-Claude.
Qu’ont-ils à aimer les voyages gratis à ce point, nos chers élus ? Ils conservent, bien précieusement dans un placard du bureau, le petit nécessaire du voyageur première classe : savon parfumé, slips de rechange, atlas de poche pour ne pas confondre la Zambie avec la Namibie, pochette de préservatifs, vaseline et rasoir triple-lames, le tout dans un placard en vue d’un départ immédiat, en sauveur de la patrie qui se sacrifie sur l’autel de la nécessité.
Porter le renom du Pays et des Régions au cœur des Républiques les plus exotiques ? Ramener des brassées de commandes à nos industries à bout de souffle ? Faire déguster nos fins produits culinaires, de la frite au fromage de Herve ? Quel grand biographe à découvrir parmi les thuriféraires à la hauteur de leur dévouement, ils en rêvent en Thalassa ou sous les alizés flanqués de leur Escort-girls !
Oui, c’est ce qu’ils disent dans un lyrisme exaltant la patrie, mais pas avec le matériel didactique et les albums touristiques magnifiant les grottes de Han et le Doudou d’Elio. Juste une valisette Vuitton et veston de ville quand ils partent en classe affaire à la chasse aux commandes ! Dans la Vuitton, un peigne et un maillot de bain, sans oublier le nécessaire du placard !
Le plus illustrissime des voyages fut celui aux Amériques des membres du Parlement Wallon sous la baguette du chef José Fouron-Happart, alors au poste que Marcourt vient de quitter sur la pointe des pieds. Voyage éminemment sérieux en guise de pot de départ de José, il fut organisé de main de maître à la Région qui fit dans le sérieux pour une fois.

1aadesire5.jpg

Avec obligation à la clé, quand même, d’un rapport promis de Monsieur José sur l’état de la balance du commerce extérieur de la Région avec les USA, pas moins ! Rapport qui fut attendu longtemps et qui fut rendu la veille du départ définitif de l’arène politique de notre grand José, écrit sur le verso d’une affichette de Disneyland, il disait à peu près ceci « Je m’ai bien instrui sur le pot tansiel pocible de la vante de nos produys à Wachingueton (escuse mon anglè) é ki va bien, mèresi ». Le temps de passer à la caisse pour les 550.000 € de bonus légalement attribué pour son ancienneté à la présidence, l’impétrant disparaissait de la scène publique ravi que l’action fouronnaise l’ait jadis propulsé aussi loin et aussi haut.
Ce scandale maîtrisé par le bagout de José ne fut pas trop énorme, les temps n’étaient pas encore mûrs pour un esclandre au Parlement et une démission massive des intrépides voyageurs.
La honte a toujours été un sentiment refoulé et rare, sinon tardif chez nos illustres.
En ces temps préhistoriques des voyages d’étude pour le grand renom de la Belgique, on admirait le courage de la princesse Astrid flanquée de son sigisbée attitré que fut un temps Didier Reynders. Appliquée aux serrements de mains, elle ramena presque toujours, à défaut de travail pour nos entreprises, les souvenirs impérissables d’un album de photos, vision printanière d’une princesse gracieuse aux baise-mains qu’ils soient d’un émir ou d’un président sud-américain élu de la veille, bardé des plus hautes distinctions dont il donnait généreusement une poignée aux alentours.
Cette dispersion des élites fut quand même l’utile déclic qui permit aux gens de les tenir à l’œil. Cette méfiance soudaine retint la sagacité des gazetiers qui, depuis, en parlent plus librement.
C’est le premier ministre Alexander De Croo qui donne le « la » sautant de cheval pour bondir dans un avion au couleur de la Belgique, afin de montrer notre drapeau devant les trois couleurs duquel tremblent Biden et Poutine.
Ces jours derniers, il y a regain de représentations en costumes pour deuil répétitif de Mathilde et Philippe. Benoît XVI d’abord dans la Rome éternelle, pape pensionné, mais pape quand même dans le décorum du Vatican La caméra a surpris notre couple royal en pleine dévotion, dans le carré des chefs d’État.
Puis, en plus soft, ce fut le tour de la descente en terre de la dépouille de Constantin II dernier roi de Grèce. Costumes moins sévères pour nos ambassadeurs royaux. Juste une simple question : en quoi la Belgique actuelle est-elle concernée par un particulier qui fut un temps roi de Grèce ? Les factures de déplacement seraient-elles aussi à soustraire de nos comptes plongeant ceux-ci dans le rouge ?
Ah ! fichue Desireless, elle nous fout un de ces spleens avec son Voyage, voyage !

Poster un commentaire